noëls musicaux (suite)
Nicolas Gigault, Nicolas Lebègue, Pierre et Jean-François d’Andrieu, Louis Claude d’Aquin, Michel Corrette comptent parmi les plus célèbres artisans du noël d’orgue, qui atteint son apogée vers 1840 avec Alexandre Pierre François Boëly, dont l’œuvre reprend en grande partie les noëls publiés au Mans et à Paris (1553) par N. Denisot sous l’anagramme du comte d’Alsinois. La paraphrase et la variation sont à la base de ces œuvres d’orgue, qui ont pris un nouvel essor avec le style symphonique des organistes contemporains, après avoir sombré dans une décadence passagère due à l’excessive fantaisie d’instrumentistes comme Claude Balbastre.
Les arrangements de noëls populaires furent en grande faveur aux xviie et xviiie s. Sous le titre de « symphonie », qui désignait alors toute musique instrumentale, les compositeurs en écrivent un grand nombre : ceux de M. A. Charpentier et de M. R. Delalande sont parmi les plus beaux, mais M. Brenet rappelle opportunément qu’« à la chapelle du roi la musique exécutait des noëls pendant la première et la troisième messe de la nuit de Noël », et qu’en 1738 « ce furent Guignon et Guillemain qui les jouèrent ensemble à deux violons ». L’école italienne s’inspira largement de la Nativité ; les « concerto grosso » pour la « nuit de Noël » et les compositions « in forma di pastorale per il santissimo natale » sont assez nombreux dans la période classique, où brillent les noms d’A. Corelli, de F. M. Manfredini, de G. Torelli et de P. A. Locatelli. Bien que relevant d’autres genres musicaux, certains fragments d’oratorios, telles « la Pastorale » du Messie de Händel ou « l’Adoration des bergers » de l’Enfance du Christ de Berlioz, peuvent être considérés comme de véritables noëls enchâssés en des œuvres plus vastes illustrant le mystère de la Nativité.
Cette source d’inspiration, loin d’être tarie, suscite encore l’intérêt des compositeurs modernes, puisque nous devons à Olivier Messiaen les Vingt Regards sur l’Enfant Jésus (piano) et la Nativité du Seigneur (orgue) ; mais ce sont là moins des noëls proprement dits qu’une suite de méditations sur un thème dont l’âme populaire s’est emparée de tout temps et en tout pays pour forger ces chants, tour à tour naïfs, tendres et joyeux, qui évoquent l’aube lumineuse de la nuit rédemptrice.
G. F.