Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nid (suite)

Autres animaux

Chez les Mammifères, on trouve peu de nids vraiment élaborés, sauf chez quelques-uns comme les Muscardins. Mais les nids de branchages des grands Singes, les huttes de Castors, les terriers que beaucoup d’espèces creusent et les abris aménagés dans des cavités naturelles en ont la fonction et sont utilisés comme gîte ou pour la mise bas.

Peu de Poissons construisent de véritables nids, les œufs pondus en eau libre ou sur des frayères appropriées étant abandonnés à leur sort après fécondation. Mais certaines espèces sédentaires bâtissent des merveilles d’architecture dont la finesse n’a rien à envier à celle des nids d’Oiseaux. Chez les Labridés, par exemple, le mâle et la femelle d’une espèce collaborent pour garnir une crevasse de rocher avec des morceaux d’Algues enchevêtrés sur lesquels pond la femelle. Le mâle monte ensuite la garde près du nid et en interdit l’accès aux prédateurs. Chez l’Épinochette, qui bâtit un nid tissé suspendu dans une touffe de plantes aquatiques, seul le mâle prend part à la construction, qui est faite de matières végétales entrelacées dont la cohésion et la souplesse sont assurées par une sécrétion rénale gluante. Les œufs une fois pondus, le mâle les féconde, puis les surveille et les ventile. On connaît même des nids qui flottent grâce à des bulles d’air insufflées par le Poisson (Macropode). Dans ces nids bien oxygénés se trouve une quantité d’Infusoires qui servent de nourriture au jeune alevin.

À la différence des Vertébrés, qui n’utilisent leur nid que le temps d’élever leurs jeunes, beaucoup d’Insectes font des constructions permanentes et y vivent en sociétés organisées (Termites*, Fourmis*, Guêpes*). Les Termites ne vivent pas à l’air libre, mais dans des lieux obscurs et confinés, réalisant un microclimat dans des constructions creusées dans le bois ou édifiées en terre, et qui peuvent atteindre des dimensions phénoménales et peser plusieurs tonnes. Beaucoup d’Hyménoptères construisent des nids en maçonnerie ou en « papier de bois ». L’Insecte arrache des fibres ligneuses à l’aide de ses mandibules, les ramollit avec sa salive et les emporte sous forme de boulettes qui seront travaillées sur place pour former le couvain. Quant aux Abeilles, on sait qu’elles sécrètent elles-mêmes la matière première de leurs nids, la cire.

J. B.

Nielsen (Carl)

Compositeur danois (Nørre Lyndelse, près d’Odense, 1865 - Copenhague 1931).


Après Buxtehude, Carl Nielsen est le deuxième compositeur de génie que le Danemark ait donné au monde, mais il appartient, lui, tout entier à sa terre natale. Fils d’ouvrier d’un petit bourg de Fionie (l’île qui avait vu naître une génération plus tôt Hans Christian Andersen*), il incarne à la perfection les traits dominants du tempérament national, que l’on retrouve à travers sa musique : simplicité, franchise, vigueur, fraîcheur, enthousiasme, spontanéité sans apprêts. La nature est loin d’être absente de l’œuvre de Nielsen, mais elle prend la forme de la paisible campagne danoise, cadre d’une vie humaine laborieuse et sereine. Nielsen, type de l’humaniste laïque, libéral, homme ouvert, cordial, rayonnant de sympathie, se passionne pour la psychologie et le progrès social. Dès l’âge de six ans, il apprend le violon, dont il joue bientôt dans les bals villageois, avant d’entrer comme trompettiste, à quatorze ans, dans une harmonie militaire. Lorsqu’il étudie au Conservatoire de Copenhague (1884-1886), il compose déjà de la musique de chambre. De 1889 à 1905, il est second violon dans l’orchestre de la chapelle royale. Au cours d’un voyage à Paris (1890-91), il rencontre Anna Maria Brodersen, jeune femme sculpteur qu’il épouse sur-le-champ. De 1908 à 1914, il succède à Johan Svendsen comme chef d’orchestre au Théâtre royal de Copenhague, puis, de 1915 à 1927, il dirige les concerts de la Société de musique (M sikföreningen) de cette ville. En mai 1922, il est victime d’une crise d’angine de poitrine, dont il ne se remettra jamais complètement.

Sa production, forte de plus d’une centaine d’œuvres, échelonnée de 1888 à 1931, nous mène de Brahms ou de Dvořák à la polytonalité et même au chromatisme atonal de ses dernières œuvres. Nielsen est avant tout un symphoniste, et ses six symphonies jalonnent sa carrière à intervalles réguliers. Dès la première, il adopte, le tout premier, le principe de la « tonalité évolutive », renonçant à l’unité tonale des classiques. La Sinfonia espansiva de 1910-11, rayonnante et euphorique, est un hymne d’une joie solaire à la terre amie de l’homme. Mais les deux symphonies suivantes (nos 4 et 5), grandes fresques unanimistes où des collectivités entières s’affrontent en de titanesques conflits, constituent certainement le sommet du message de Nielsen, que résume le credo de la quatrième : « La musique, comme la vie, est inextinguible. » Ce sommet est suivi d’une crise : atteint dans sa santé, le compositeur cède au scepticisme amer des années d’après guerre. Il reçoit alors la visite d’un Bartók en pleine crise, lui aussi, qui lui demande avec angoisse : « Ma musique vous paraît-elle assez moderne ? » C’est de semblables préoccupations que semble née la sixième symphonie, dont le titre (Sinfonia semplice) révèle plus l’intention première que la réalisation : c’est en fait la plus complexe et la plus problématique. À défaut d’une septième symphonie, que la mort l’empêcha d’écrire, Nielsen a pu retrouver pleinement son équilibre et surmonter tous ses problèmes esthétiques et humains dans l’impressionnante Commotio pour orgue, son testament musical. Mais il est également l’auteur de trois remarquables concertos, de poèmes symphoniques, d’importantes œuvres de musique de chambre et de piano, de cantates et de motets, enfin de deux opéras, entrés au répertoire permanent des théâtres de son pays. Cependant, le peuple danois le connaît surtout par une infinité de chansons de caractère populaire, qui ont trouvé très vite le chemin du cœur des gens simples, auxquels elles sont destinées.