Nicola et Giovanni Pisano (suite)
Nicola Pisano rénove ensuite l’autel de San Iacopo dans la cathédrale de Pistoia, puis participe à la Fonte Maggiore de Pérouse, avec Giovanni, en 1277-78. S’il n’est pas complètement l’auteur de cet étonnant monument, sa dernière œuvre connue, le parti général lui revient : division en trois plans, forme polygonale des deux principales vasques, emploi de statues-colonnes qui marquent le rapport sculpture-architecture. Au bassin inférieur, l’artiste a représenté les mois avec les travaux qui s’y rapportent, les signes du zodiaque qui y président et les arts libéraux. On peut lire les suggestions de l’art français (celui des ivoires en particulier) dans les attitudes simplifiées et pleines d’énergie des personnages. Giotto* saura développer ce nouveau rapport de la figure avec l’espace.
Giovanni Pisano
(? v. 1248 - enterré à Sienne apr. 1314).
Formé auprès de son père Nicola, il est d’un tempérament différent : son œuvre dément et continue à la fois la leçon des grandes découvertes paternelles. Après sa collaboration à la Fonte Maggiore de Pérouse, il participe à la décoration extérieure du baptistère de Pise. Suit un long séjour à Sienne, dont il devient citoyen en 1285 ; sa présence en tant que capomaestro de la façade de la cathédrale est documentée jusqu’en 1296.
S’il est difficile de trancher entre les premières œuvres de Giovanni et celles de son père, la série de figures qui couvrent la façade de Sienne révèle son sentiment nouveau de la ligne. Deux personnages féminins, une sibylle et Marie, sœur de Moïse, adhèrent à l’expression gothique par la liberté de leurs mouvements, leurs visages qui se tournent. Après l’abandon subit du chantier de Sienne, Giovanni devient capomaestro à Pise.
Trois commandes importantes, à côté de statues diverses, marquent ensuite son parcours. Dans la chaire de l’église Sant’Andrea de Pistoia (1297-1301), il reprend le modèle donné à Pise par son père. Mais le programme iconographique du Massacre des Innocents, par exemple, est interprété avec une charge dramatique qu’exaltent les postures et le contraste des ombres et des lumières. Giovanni met aussi l’accent sur la réalité physiologique des sentiments. De 1302 à 1310, il sculpte la chaire de la cathédrale de Pise, et en 1312-13, à Gênes, le tombeau de Marguerite de Brabant (fragments au Palazzo Bianco). Dans une invention iconographique personnelle, il fait émerger la défunte d’un sarcophage. L’œuvre est traitée, cette fois, dans une tradition classique qui rejoint l’art de Nicola.
N. B.
G. Nicco Fasola, Nicola Pisano (Rome, 1941). / M. Ayrton, Giovanni Pisano (Braun, 1974).