Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nickel (suite)

• Les alliages nickel-chrome-fer ont de nombreuses compositions avec 30 à 80 p. 100 de nickel, 10 à 20 p. 100 de chrome, 5 à 50 p. 100 de fer et des additions d’aluminium, de tungstène, de titane, de cobalt, de manganèse, de molybdène ; ils sont utilisés soit pour leurs propriétés réfractaires en construction aéronautique et thermique (alliages type Hastelloy, Nimonic), soit pour leur excellente tenue aux agents chimiques (Inconel), soit encore pour leur module d’élasticité invariable avec les variations de température, en horlogerie (Elinvar).

• Les cupro-alliages au nickel ont des applications variées : de 20 à 30 p. 100 en nickel, les cupronickels présentent une bonne malléabilité, une bonne conductivité thermique et résistent à la corrosion, particulièrement en milieu marin, d’où leur emploi pour ustensiles culinaires, monnaies et surtout tubes de condenseurs et pièces de construction navale ; à 50 p. 100 de nickel, l’alliage Constantan, malléable mais de faible conductivité électrique, est utilisé sous forme de fils pour fabriquer des résistances électriques.

Élaborés directement par traitement des minerais canadiens, les alliages de type Monel à 67 p. 100 de nickel, 30 p. 100 de cuivre, 3 p. 100 de fer et des additions de silicium possèdent une excellente tenue à la corrosion marine, à la vapeur surchauffée et à l’attaque de certains acides, d’où leur emploi en construction navale et en chaudronnerie d’industrie chimique (pompes, hélices, soupapes, condenseurs, éléments de cuves et robinetterie).

Dérivés des cupronickels, avec addition de zinc pour abaisser leur prix, les alliages de type Maillechort ont des compositions très étendues suivant leur destination : de 10 à 30 p. 100 de nickel, 55 à 65 p. 100 de cuivre et 15 à 30 p. 100 de zinc. Malléables, ce qui facilite leur mise en forme, résistants aux corrosions atmosphériques et marines, susceptibles de recevoir un bon poli, ces alliages ont des applications dans les pièces de mécanique fine, objets décoratifs, vaisselle et ustensiles culinaires (alliages Ruolz, Platinoïde, Argentan).

Additionné aux cupro-alliages à des teneurs inférieures à 10 p. 100, le nickel augmente leurs caractéristiques mécaniques et leur tenue à la corrosion (laitons et cupro-aluminiums spéciaux).

• Les alliages nickel-molybdène de type Chlorimet à 60 p. 100 de nickel, 20 à 30 p. 100 de molybdène et des additions de chrome, de fer, de silicium, de manganèse possèdent une excellente résistance aux acides ainsi qu’aux produits chlorés (acide chlorhydrique, chlore humide, chlorure de sodium).

• Les alliages d’aluminium voient leurs structures affinées et leurs caractéristiques améliorées par l’addition de 0,5 à 2 p. 100 de nickel.

R. Le R.

➙ Acier / Alliage / Chrome / Cuivre / Fonte / Métallurgie / Revêtement de surface / Traitement thermique.

 J. Dhavernas, Histoire du nickel. Le nickel dans l’industrie (Centre d’information du nickel, 1938). / G. Cohen, le Cuivre et le nickel (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 2e éd., 1962). / L. Colombier et J. Hochmann, Aciers inoxydables, aciers réfractaires (Dunod, 1955 ; nouv. éd., 1965). / M. Rey, « Introduction à la métallurgie extractive » dans Métallurgie, t. III (Techniques de l’Ingénieur, 1956). / J. R. Boldt Jr. et P. Queneau, The Winning of Nickel (Toronto, 1967). / J. Grilliat, « Propriétés des alliages de nickel résistant à la corrosion » dans Métallurgie, t. I (Techniques de l’Ingénieur, 1970). / J. Dennis et T. Such, Nickel and Chromium Plating (New York, 1972).

Nicola et Giovanni Pisano

Sculpteurs italiens dont l’activité se situe dans la seconde moitié du xiie s. et au début du xiiie.



Nicola Pisano

(dans les Pouilles v. 1220 - ? entre 1278 et 1284).

Dans les Vite, Giorgio Vasari insiste sur son activité d’architecte, qui prête actuellement à discussion. Il le considère en outre comme le novateur qui avait libéré la sculpture de la vieille et « grossière » manière grecque ; il serait donc, sur ce plan, l’équivalent de Cimabue* et d’Arnolfo* pour la peinture et pour l’architecture. Aujourd’hui, on ne considère plus Nicola Pisano comme le premier sculpteur qui rompt en Italie avec la tradition byzantine, mais son art demeure novateur. Sa formation se fait sur les chantiers impériaux dans le sud de l’Italie ; un voyage à Rome et un autre en France lui permettent de connaître les antiques ainsi que les cathédrales françaises (Reims, Strasbourg). En 1255 peuvent se situer son arrivée à Pise et le commencement des travaux de la chaire du baptistère, signée et datée de 1260.

Sans précédent dans la tradition italienne, cette chaire est isolée et non plus adossée contre un mur ; son rôle spatial est renforcé par son plan hexagonal et par la « vibration » des panneaux de la balustrade ; elle est soutenue par des arcs portant eux-mêmes sur des colonnes de pierre et de marbres de différentes couleurs. La disposition énergique des trois registres, balustrade, arcs, colonnes, s’organise autour des figures de saints personnages des angles, à la jointure des arcs. Nicola Pisano crée ainsi un prototype de chaire gothique, dans une liaison nouvelle entre architecture et sculpture. Sur la balustrade, cinq hauts-reliefs dans la tradition toscane : l’Annonciation et la Nativité, l’Adoration des Mages, la Présentation au Temple, la Crucifixion, le Jugement dernier.

Après quelques travaux à Lucques et à Bologne (qui se prolongeront jusqu’en 1267), Nicola reçoit le 25 septembre 1265 la commande de la chaire de la cathédrale de Sienne. À ce travail, qui sera terminé en 1268, collaborent son fils Giovanni et Arnolfo di Cambio. La présence de ces artistes n’est sans doute pas étrangère à la physionomie de l’œuvre, création originale qui va au-delà de l’expérience de Pise. Une nouvelle plasticité naît de la forme de la chaire octogonale ; les reliefs de la balustrade ne sont plus séparés par des faisceaux de colonnettes comme à Pise, mais par des groupes sculptés et des statues-colonnes. Une narration articulée et continue anime les épisodes de la balustrade (les mêmes qu’à Pise, plus un Massacre des Innocents). Le sculpteur multiplie les personnages en réduisant l’échelle générale ; des indications spatiales plus complexes, des trouvailles d’expressions, des gestes fluides montrent l’abandon des principes classiques et l’épanouissement d’une culture gothique. Significative d’un renouveau humaniste est la présence des arts libéraux à la base des colonnes centrales.