Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

New York (suite)

Problèmes new-yorkais

Une croissance extraordinaire, et sans doute trop rapide, dont on n’entrevoit ni le terme dans le temps ni les limites dans l’espace, pose une série de problèmes.

Le premier est relatif à l’encombrement des voies de communication. Les plans d’eau, utilisés comme une immense aire de triage par les bacs chargés de rames de train et par les allèges de transbordement, sont encombrés, notamment l’Upper Bay entre Brooklyn et Manhattan, d’une part, et la rive du New Jersey, de l’autre, par des navettes incessantes entre piers et terminus ferroviaires, trafic qui porte sur 40 Mt ; le coût d’exploitation s’en trouve alourdi ; les surfaces d’eau, qui constituaient un avantage à l’origine, apparaissent maintenant comme un handicap.

L’encombrement à l’intérieur du tissu urbain n’est pas moindre. Il est impossible de stationner librement dans la plus grande partie de Manhattan ; les camions qui assurent la desserte des zones portuaires contribuent à obstruer la circulation. Les accès et sorties des voies rapides sont des goulots d’étranglement. Toute nouvelle artère de dégagement (l’écheveau d’autoroutes se complique d’année en année) attire immédiatement le trafic et ne tarde pas à être saturée à son tour. L’extension de la surface affectée au transport aérien ne suit pas le même rythme de progression que celui-ci. New York est victime au premier chef de national arteriosclerosis.

Après avoir fonctionné normalement pendant la plus grande partie du xixe s., le melting-pot new-yorkais s’est trouvé submergé, et le processus d’assimilation bloqué par l’entrée d’immigrants originaires d’Europe orientale et méditerranéenne à la fin du xixe s. et au début du xxe s., puis par l’arrivée de Noirs après la Première Guerre mondiale et de Portoricains après la Seconde. Les laissés pour compte de l’assimilation se groupent en îlots culturels et sociaux qui sont souvent des îlots de pauvreté. Chez les Italiens de la première et de la deuxième génération, la structure familiale retarde la promotion individuelle, principal facteur d’assimilation. Chez les Noirs, la barrière de couleur, la sous-éducation, le sous-emploi et la vie en ghetto se conjuguent avec la désagrégation de la famille pour créer une situation sans espoir, source de délinquance. Officiellement classés comme Blancs et citoyens américains, les Portoricains sont cependant linguistiquement des étrangers ; l’école les déracine plus souvent qu’elle ne les sort d’une situation comparable à celle des Noirs.

La disette d’eau, le déficit en courant électrique, l’entretien de milliers de kilomètres de voirie, l’évacuation des détritus, l’intégration scolaire, la pollution, la drogue et la criminalité, autant de problèmes qui rendent la cité ingouvernable. Aussi New York est-elle mentionnée dans la presse internationale sous des titres évocateurs : « Métropole en faillite », « A City Destroying Itself », « Tod einer Weltstadt ? ».

P. B.

 New York’s New Architecture (New York, 1964). / G. Tauber, The New York City Handbook (New York, 1960). / J. H. Thompson (sous la dir. de), Geography of New York State (Syracuse, N. Y., 1966). / L. M. Alexander, The Northeastern United States (Princeton, 1967). / J. Gottmann, Megalopolis, The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States (Cambridge, Mass., 1967). / N. Silver, Lost New York (Boston, 1967 ; nouv. éd., New York, 1971). / C. J. Schubert, The Geology of New York City and Environs (New York, 1968). / New York et ses environs (Hachette, 1969). / American Institute of Architects, AIA Guide to New York (New York, 1971). / D. Ashton, New York (Londres, 1972 ; trad. fr., A. Michel, 1972). / J. Heffer, New York (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1972). / Statistical Abstract of the United States (U. S. Dept. of Commerce, annuel depuis 1878).


L’architecture à New York

S’il reste peu de témoignages des siècles précédents, les bâtiments du xixe s. sont encore nombreux, particulièrement l’hôtel de ville (1811), le Federal Hall National Memorial (1842) ou l’ensemble de Colonnade Row (1836), ainsi que divers édifices néo-gothiques, comme la Trinity Church (1846) ou l’entrée du Greenwood Cemetery (1861). On doit noter l’importance de la construction en fonte, dont un quartier entier — le « Cast-Iron District » de Manhattan — reste le témoignage, regroupant des édifices aussi significatifs que les Laing Stores (1849), seul bâtiment de James Bogardus (v. fer) encore existant à New York, ou le Haughwout Building de John P. Gaynor, construit en fonte par Daniel Badger, le rival de Bogardus, et équipé dès l’origine (1857) du premier ascenseur des États-Unis, réalisé par Elisha Graves Otis.

La fin du xixe s. est riche en monuments inspirés par l’esprit « Beaux-Arts » français : New York Public Library (1898-1911), Grand Central Terminal (1903-1913) ainsi que les nombreuses œuvres de la firme Charles F. McKim, William R. Mead and Stanford White : Low Memorial Library de la Columbia University (1893-1897), Hall of Fame de l’université de New York (1896-1900), Washington Square Memorial Arch (1889-1892), enfin la très belle Pennsylvania Station (1906-1910), détruite en 1966 (et auj. souterraine).

À partir du début de ce siècle, les gratte-ciel* occupent une place de plus en plus importante dans l’architecture new-yorkaise : Bayard Building (L. H. Sullivan, 1898) et Flat-Iron Building (D. H. Burnham, 1902), qui sont des émanations de l’école de Chicago* ; puis des œuvres spécifiquement new-yorkaises, à tendances généralement néo-gothiques, telles que celles de Cass Gilbert (West Street Building, 1905 ; Woolworth Building, 1913), de McKim, Mead and White (Villard Houses, 1909), d’Ernest R. Graham, le successeur de Burnham (Equitable Building, 1915), de Helmle and Corbett (Bush Terminal Buildings, 1918), de Raymond Hood (American Radiator Building, 1924) ou d’Arthur L. Harmon (Shelton Towers Hotel, 1924). Avec l’Empire State Building (Shreve, Lamb and Harmon, 1930-1932) et le Rockefeller Center (1931-1940) culmine cette première période de l’histoire du gratte-ciel new-yorkais, en même temps que se manifeste le rejet de l’esthétique néo-gothique (Daily News Building, par John Mead Howells et R. Hood, 1930).