Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Névroptéroïdes (suite)

Biologie des larves

Les larves de Sialis vivent au fond des étangs et des rivières calmes, et se nourrissent de Vers de vase et de Tubifex ; les huit paires d’appendices plumeux que porte l’abdomen jouent le rôle de branchies. Les Sisyra ont également des larves aquatiques, qui restent inféodées à des Éponges d’eau douce dont elles se nourrissent.

Les larves de Raphidioptères vivent, comme les adultes, sur les écorces des arbres et se déplacent agilement à la recherche d’Insectes. Presque toutes celles des Planipennes sont terrestres ; elles se trouvent soit sur les feuilles (Hemerobius, Chrysopa), soit sur le sol (Ascalaphus), soit enterrées (Fourmis-Lions) ; beaucoup affectionnent les sols sablonneux secs (garrigues, plages, etc.) ; la plupart sont agiles et circulent en quête de proies ; seuls les Fourmis-Lions des genres Myrmeleon et Euroleon chassent à l’affût, au fond d’un piège en entonnoir creusé avec une étonnante régularité dans le sable sec et où peuvent tomber Fourmis et autres menus Insectes. Chez tous les Planipennes, les pièces buccales sont conformées pour la succion : mandibule et maxille, souvent très allongées, s’appliquent l’une contre l’autre, en ménageant entre elles un conduit par lequel sont injectés les sucs digestifs, puis absorbés les liquides nutritifs. Les Chrysopes et quelques autres genres se nourrissent de Pucerons et contribuent ainsi à limiter la pullulation de ces Hémiptères souvent nuisibles ; les larves de Chrysopa ont la curieuse habitude de se recouvrir des dépouilles de leurs proies. Quant aux larves de Mantispes, elles se développent à l’intérieur de cocons d’Araignées, aux dépens des œufs.

Après la vie larvaire, qui, chez les grandes espèces, dure deux ans, survient la nymphose ; elle se produit ordinairement dans le sol, même pour les formes aquatiques, qui sortent de l’eau au préalable. Seuls les Planipennes s’entourent d’un cocon de soie : certains tubes de Malpighi acquièrent un rôle séricigène, et la soie est émise par l’anus.

M. D.

 L. Berland, Atlas des Névroptères de France, Belgique, Suisse (Boubée, 1962).

névrose

Maladie neuropsychique fréquente, caractérisée par l’absence de toute lésion décelable du système nerveux.



Introduction

Les névroses se traduisent par des symptômes variés à l’infini, soit mentaux (anxiété, hyperémotivité, inhibitions, obsessions, phobies, tendances dépressives, troubles du caractère), soit physiques de type fonctionnel (douleurs diverses, spasmes, dysfonctionnements, sensations anormales, contractures, vertiges, asthénie, troubles sexuels, etc.).

Les états névrotiques se caractérisent encore :
— par leur gravité moindre relativement aux psychoses, qui font vivre le malade dans un monde délirant ; (le névrosé garde toujours intact son système de réalité) ;
— par la conscience qu’a le malade du caractère morbide de ses troubles, ce qui le pousse à consulter le médecin ;
— par l’importance, dans la genèse de l’affection, de conflits psychologiques conscients ou inconscients, sources de malaise et d’angoisse (ces conflits, selon la théorie psychanalytique, seraient essentiellement inconscients et remonteraient à la petite enfance ; les symptômes névrotiques auraient ainsi une signification symbolique dans l’inconscient du malade) ;
— par l’importance discutée et encore inconnue des facteurs biologiques ou neurophysiologiques (terrain nerveux), qu’ils soient héréditaires, congénitaux ou acquis (les progrès génétiques et biochimiques à venir préciseront ce point) ;
— par une évolution et un âge d’apparition des symptômes des plus variables.

Les névrosés se distinguent des psychopathes, ou déséquilibrés psychiques, appelés encore sociopathes, instables, impulsifs au sens fort, délinquants ou non, pervers polymorphes, vivant en marge de la société en parasites, plus ou moins toxicomanes, soit inaffectifs, rétifs, malins inamendables avec une tension agressive mal contrôlable, soit inconsistants, nonchalants, incapables de profiter des expériences acquises, caractérisés tous par un comportement antisocial.


Historique

Le terme de névrose servait à désigner au xixe s. les maladies nerveuses dont on ne pouvait démontrer la lésion causale, comme la neurasthénie, l’hystérie, mais aussi l’épilepsie, la chorée, la maladie de Parkinson et bien d’autres affections similaires, dont, pourtant, la nature organique ne fait plus de doute aujourd’hui : le vieux cadre des névroses — au sens primitif — a donc été progressivement démembré, et de nombreuses maladies nerveuses que l’on croyait « névrotiques » ont reçu leur explication organique, soit anatomique, soit neurophysiologique. Reste aujourd’hui un groupe d’affections mentales (ou dites telles) dont Pierre Janet* a donné jadis une remarquable description sous le nom de névroses. Il les a définies comme des troubles fonctionnels traduisant un arrêt dans l’évolution des fonctions psychiques, arrêt responsable d’un remplacement des activités intellectuelles supérieures par des activités mentales désordonnées de bas niveau et par des phénomènes comme l’hyperémotivité, l’anxiété, les inhibitions, etc. Il a expliqué les névroses par un trouble subtil de la conscience et de la volonté ; soit un rétrécissement du champ de la conscience, soit un défaut de « tension psychique », cette sorte d’énergie qui maintient à un haut niveau de fonctionnement l’organisation hiérarchisée des structures neuropsychiques. Si les descriptions de Janet demeurent valables, les tentatives d’explication des mécanismes n’ont jamais reçu de preuve formelle. S. Freud*, qui avait suivi l’enseignement de J. M. Charcot à la Salpêtrière, montrait, à l’aube du xxe s., que les symptômes névrotiques avaient une valeur en eux-mêmes, une signification profonde. Il mettait l’accent sur l’inconscient* et les conflits qui s’y trouvent enfouis depuis la plus lointaine enfance, conflits inextricables et non résolus entre désirs et craintes, tous générateurs d’angoisse et donc de mécanismes de défense plus ou moins défectueux ou archaïques avec irruption secondaire de symptômes morbides.