Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Neumann (Johann Balthasar) (suite)

L’architecture « rococo » passait naguère encore pour ornementale, voire décadente en regard de ses sources classiques. Il n’est plus possible d’en rester à la virtuosité du décor ; il faut reconnaître la valeur exemplaire des recherches structurales faites par les baroques dans la voie que leurs maîtres gothiques avaient tracée. Dans ce domaine, l’Europe centrale ne le cède en rien à l’Italie, et l’œuvre de Neumann suffirait à le prouver.

H. P.

 M. H. von Freeden, Balthasar Neumann (Munich, 1953). / H. H. P. Reuther, Die Kirchenbauten Balthasar Neumanns (Berlin, 1960).

neurologie

Discipline médicale qui a pour objet les affections du système nerveux.


Le champ de la psychiatrie*, centré sur les psychoses* et les névroses*, est assez différent, ce qui n’exclut pas de nombreux points communs entre ces deux disciplines (d’où la double appartenance, longtemps réglementée administrativement, des spécialistes en neuropsychiatrie). Les progrès dans la connaissance et les possibilités d’études des affections du système nerveux dans la seule perspective neurologique ont amené la différenciation d’une chirurgie spécialisée, la neurochirurgie, et, plus récemment même, d’une radiologie spécialisée, la neuroradiologie. La physiologie du système nerveux (neurophysiologie) n’est pas uniquement du domaine médical, mais comporte un certain nombre d’applications biologiques : ainsi en est-il de l’électro-encéphalographie.

L’individualisation de spécialistes neurologues (ou neurologistes) parmi l’ensemble des médecins est ancienne ; elle est liée au fait que cette discipline, à laquelle s’appliquait parfaitement la méthode anatomoclinique, était arrivée dès la fin du siècle dernier à un développement suffisant pour impliquer une spécialisation de ceux qui voulaient bien connaître cette pathologie. Lorsqu’en France ont été réglementées les spécialités médicales, a été créée une spécialité de neuropsychiatrie, maintenant dissociée en psychiatrie et en neurologie. Une part importante de l’exercice neurologique est hospitalière, et ce en raison des troubles auxquels elle s’adresse et des méthodes d’investigations paracliniques dont elle a besoin (v. nerveux [système]).

La neurologie, comme la médecine* en général, a connu un développement considérable au xixe s. Dans la mesure où cette évolution de la médecine est très intimement liée à l’avènement de la méthode anatomoclinique, il est normal que la neurologie ait pris très vite un essor considérable, atteignant un certain achèvement dès la fin du xixe s. : la sémiologie clinique et beaucoup des entités auxquelles elle se réfère actuellement étaient dès cette époque inventoriées. Parmi les noms qui ont le mieux illustré cette discipline, il convient de citer : C. Bell (1774-1842), qui, dès 1812, attacha son nom à la paralysie faciale ; J. Parkinson (1755-1824), qui, en 1817, décrivit la paralysie agitante ; A. Bayle (1799-1858) [paralysie générale, 1822] ; C. P. Ollivier (1796-1845) [syringomyélie] ; J. von Heine (1800-1879) [poliomyélite antérieure aiguë] ; J. Landry (1826-1865). Au milieu du xixe s., l’œuvre de G. Duchenne de Boulogne (1806-1875) représente une étape importante. La contribution de l’école allemande (W. H. Erb [1840-1921], N. Friedreich [1825-1882], C. Wernicke [1848-1905], H. Oppenheim [1858-1919]) sera considérable. Les noms de S. S. Korsakov (1854-1900), de V. M. Kernig (1840-1917), en Russie, sont encore à citer, tout comme ceux, en Angleterre, de C. S. Sherrington (1857-1952), de W. R. Gowers (1845-1915), de H. Head (1861-1940) et celui de C. E. Brown-Séquard (1817-1894), né à l’île Maurice, qui travailla en France, en Angleterre et aux États-Unis.

En France, vers 1880, J. M. Charcot (1825-1893) fit de la Salpêtrière, à Paris, l’un des hauts lieux de la neurologie mondiale. Vers 1900, d’autres noms illustrent en France la neurologie : J. Babinski (1857-1932), qui décrit en 1896 le signe qui porte son nom, J. Déjerine (1849-1917) et P. Marie (1853-1940) [v. aphasie]. Au début de ce siècle, dominé par H. W. Cushing (1869-1939), va naître aux États-Unis la neurochirurgie, qu’introduiront en France C. Vincent (1879-1947) et T. de Martel (1876-1940). Dans le domaine des investigations paracliniques, H. Quincke (1842-1922) introduit la ponction lombaire en 1891, E. Moniz (1874-1955) réalise dès 1927 les premières artériographies cérébrales, tandis que J. Sicard (1873-1929) propose l’injection de lipiodol dans le liquide céphalo-rachidien et que H. Berger (1873-1941) introduit en 1931 l’électro-encéphalographie. À ces quelques noms, un historique précis devrait en ajouter bien d’autres, sans parler même de celui de tous les auteurs qui, au-delà du premier tiers du xxe s., ont dans des directions diverses fait progresser la clinique et la thérapeutique des affections du système nerveux. Cependant, si l’on se souvient, avec Claude Bernard*, que, « au fur et à mesure que la médecine avance, elle devient plus impersonnelle », mieux vaut peut-être souligner que l’heure n’est plus à la seule confrontation des données cliniques et anatomiques, même si la microscopie électronique et l’histoenzymologie l’enrichissent. Des voies de progrès sont nées de la maîtrise d’autres technologies. La neurologie doit chaque jour davantage à la neurophysiologie, à la biochimie, à la biophysique appuyée sur l’électronique, à la pharmacologie.

Plusieurs prix Nobel de médecine attribués pour des travaux de neurologie depuis la Seconde Guerre mondiale attestent de l’importance des résultats obtenus dans cette discipline. En 1949, c’est le Portugais E. Moniz qui est lauréat pour sa découverte de l’artériographie cérébrale et pour ses travaux plus récents sur la neurochirurgie du cerveau (leucotomie [section de substance blanche du cerveau] préfrontale pour troubles mentaux), le prix étant partagé avec le neurochirurgien suisse W. R. Hess (1881-1973). En 1963, trois neurophysiologistes se partagent le prix Nobel : l’Australien J. C. Eccles (né en 1903) pour son étude de la transmission synaptique au niveau du système nerveux central, l’Anglais A. L. Hodgkin (né en 1914) pour la mesure directe des potentiels électriques au niveau des cellules nerveuses et l’Anglais A. F. Huxley (né en 1917) pour ses études sur les phénomènes impliqués dans la conduction nerveuse. En 1967, la distinction est attribuée aux Américains G. Wald (né en 1906) et H. K. Hartline (né en 1903) pour leurs travaux sur l’électrophysiologie des cellules sensorielles de la rétine, sur les réactions photochimiques de cet organe et sur la traduction en influx nerveux des phénomènes lumineux, alors que le Suédois R. Granit (né en 1900) partage le prix avec les précédents pour ses études sur les mécanismes d’excitation et de frénation des cellules sensorielles ainsi que sur les réactions observées suivant les différentes longueurs d’onde du spectre lumineux. Enfin, en 1970, ce sont les travaux de l’Américain J. Axelrod (né en 1912), de l’Anglais B. Katz (né en 1911) et du Suédois U. von Euler (né en 1905), portant sur la physiologie nerveuse, qui sont récompensés. Ces travaux concernent le rôle des médiateurs chimiques (noradrénaline, acétylcholine, etc.) dans la transmission de l’influx nerveux au niveau des synapses et de la jonction entre nerfs et organes effecteurs.