Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

nerveux (système) (suite)

Pathologie du système nerveux

Les affections qui frappent le système nerveux sont multiples. Certaines ne sont que la localisation plus ou moins préférentielle de maladies générales, et d’autres sont propres au système nerveux, fonctions de sa structure particulière, telle la sclérose en plaques, dont les lésions restent, malgré une évolution qui s’étale sur de très nombreuses années, strictement localisées au système nerveux. Certaines sont acquises au cours de la vie, et d’autres sont congénitales ou héréditaires. Le handicap que représentent certains symptômes fait qu’en eux-mêmes ils font figure de véritables maladies : ainsi en est-il de l’épilepsie et de beaucoup de séquelles motrices ou sensorielles d’affections aiguës et transitoires (séquelles de poliomyélite, infirmité motrice cérébrale, hémiplégie, aphasie, etc.). Le traitement des maladies du système nerveux comporte un aspect symptomatique (barbituriques dans l’épilepsie par exemple) et quelquefois étiologique (action sur la cause). Une place particulière doit être accordée aux techniques de réhabilitation motrice ou sensorielle dans la compensation ou la récupération de déficit correspondant. Pour ce qui est des affections congénitales ou touchant le jeune enfant, plus que de rééducation, il s’agit d’éducation spécialisée, qui fait appel habituellement à de multiples compétences.


Pathologie du système nerveux périphérique

Les signes de souffrance au niveau de ce système nerveux se traduisent sur le plan moteur par un déficit avec hypotonie (faiblesse), tendance à l’amyotrophie (muscles amaigris), abolition des réflexes ostéo-tendineux, présence de crampes et de fasciculations (contractions successives de fibres musculaires). Des anomalies s’observent à l’électrodiagnostic neuro-musculaire ainsi qu’à la biopsie du muscle. Sur le plan sensitif, il existe des douleurs et des paresthésies (sensations anormales). Le déficit sensitif objectif (constaté par le médecin) peut être global, mais quelquefois aussi dissocié, portant de préférence sur certaines modalités de la sensibilité. Les troubles vaso-moteurs ne sont pas rares (rougeurs, pâleurs). Selon la façon dont se regroupent ces signes et notamment le territoire qu’ils concernent, on parlera de polynévrite (atteinte bilatérale et symétrique des extrémités des membres, le plus souvent sensitivo-motrice), de polyradiculonévrite (atteinte bilatérale et symétrique plus globale, intéressant en particulier la racine des membres avec existence d’anomalies au niveau du L. C. R.), de mononévrite, ou radiculite, c’est-à-dire d’atteinte limitée au territoire sensitif ou moteur d’un tronc ou d’une racine nerveuse, ou bien encore de multinévrite, c’est-à-dire de l’atteinte concomitante ou successive de plusieurs troncs nerveux. Il faut considérer comme atteinte du système nerveux périphérique celle de la corne antérieure de la moelle épinière (poliomyélite antérieure aiguë et affections chroniques).

Le substratum anatomique des troubles précités est variable : il peut s’agir de lésions intéressant primitivement le neurone (corps cellulaire ou axone) ou bien, au contraire, sa gaine de myéline. La lésion peut être, d’emblée, globale ou bien minime, voire non détectable au moyen d’investigations habituelles. Les possibilités de récupération dépendent largement de l’importance de la lésion ; une certaine régénération est possible à partir du corps cellulaire, qui se fait de façon très lente (de 2 à 3 mm par jour). Un autre mécanisme de récupération est la prise en charge des structures dénervées par des neurones voisins.

Les causes de ces neuropathies sont diverses. On peut, dans une assez large mesure, opposer les atteintes isolées mono- ou pauci-tronculaires (ou radiculaires) et les polynévrites.

L’atteinte isolée d’un tronc nerveux est quelquefois liée à la présence d’une tumeur. Les tumeurs proprement nerveuses (schwannomes ou neurofibromes) ne sont qu’exceptionnellement malignes, mais un tronc nerveux peut fort bien souffrir, à l’occasion, du développement d’une tumeur de voisinage maligne ou non. Parfois est en cause une affection vasculaire, qui perturbe la vascularisation des troncs nerveux (périartérite noueuse, diabète, etc.), mais ce ne sont là que des éventualités rares, étant donné la qualité des suppléances artérielles. Les traumatismes représentent en fait la cause majeure de ce type de neuropathies : il peut s’agir d’un traumatisme unique et important, au sens habituel du terme (par exemple lésion du nerf radial à l’occasion d’une fracture de l’humérus, étirement du plexus brachial dans une chute sur l’épaule, section nerveuse à l’occasion d’une plaie quelle qu’elle soit). Le pronostic sera fonction de la lésion nerveuse, laquelle peut, éventuellement, être réparée chirurgicalement. Un type de traumatisme plus particulier correspond à la répétition de microtraumatismes, et tout particulièrement de ceux qui s’exercent en des endroits où le tronc nerveux ou la racine passent dans un défilé ostéo-articulaire étroit. Il en est ainsi au niveau du canal carpien pour le nerf médian (ou poignet), de la gouttière épitrochléo-olécranienne pour le nerf cubital (ou coude), du col du péroné pour le sciatique poplité externe. La régression de la neuropathie passe par la suppression du geste offensant mille fois répété et, éventuellement, par un acte chirurgical libérant le nerf à l’étroit, voire, lorsque cela est impossible, le déplaçant. Un autre type de traumatisme correspond à des situations aiguës, au cours desquelles le tronc nerveux est comprimé sur un plan dur pendant un temps prolongé, ce qui implique, en fait, que l’intéressé soit dans un état de coma, d’anesthésie générale ou de sommeil pathologique (après ivresse par exemple). On peut admettre également le rôle favorisant de certaines maladies, qui rendent le nerf plus sensible à ce type de traumatisme. Les hernies discales représentent une autre cause de traumatisme s’exerçant sur une racine nerveuse, celle du nerf sciatique par exemple. Une réaction inflammatoire s’associe généralement à la compression, ce qui explique que, finalement, assez peu de sciatiques nécessitent le recours à l’exérèse chirurgicale du disque offensant.