Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Némathelminthes (suite)

Nématodes libres

La vie active des Nématodes exige une humidité suffisante ; mais comme beaucoup d’entre eux peuvent survivre longtemps en anhydrobiose et que, d’autre part, leurs besoins respiratoires sont minimes et qu’ils résistent souvent à une privation temporaire d’oxygène, ils ont pu s’implanter dans des milieux extrêmement variés. Seuls les endroits très arides et la haute mer semblent dépourvus de Nématodes. Les recherches actuelles permettent de découvrir continuellement de nouvelles espèces ; dans leur grande majorité, il s’agit de formes de petite taille, ne dépassant pas quelques millimètres de long.

Les Nématodes marins abondent dans le sable et la vase, aussi bien près du littoral, où ils arrivent à former 95 p. 100 du peuplement, qu’à plusieurs milliers de mètres de profondeur. On en rencontre également à marée basse, sous les Algues.

Les eaux douces renferment de nombreuses espèces, surtout au bord des lacs. Certains Nématodes vivent dans les mousses et subissent, comme elles, des phases d’anhydrobiose et de reviviscence. D’autres ont été rencontrés dans les eaux thermales chaudes. L’Anguillule du vinaigre (Turbatrix aceti) se développe dans ce liquide, pourtant considérée comme peu favorable à la vie.

Dans le sol, les Nématodes ne représentent qu’une faible part du peuplement animal, par rapport aux Annélides et aux Arthropodes. Leur activité cesse si le sol est trop sec ou s’il est trop imprégné d’eau, car ces vers ne peuvent se déplacer que le long des interfaces air-eau.

La plupart des Nématodes libres se nourrissent de matières organiques ; on a pu en élever certains en laboratoire sur des milieux synthétiques. Quelques espèces sont prédatrices et ingèrent des animaux microscopiques.


Nématodes parasites

Ce sont les formes les mieux connues, à la fois à cause de leur taille souvent grande (l’Ascaris du Cheval atteint 30 cm de long ; la Filaire de Médine et le Dioctophyme du rein du Chien atteignent ou dépassent un mètre) et à cause des dégâts ou des troubles pathologiques qu’ils provoquent.

Quelques espèces attaquent les plantes et causent de sérieux dommages aux cultures. Les larves d’Anguina tritici se développent à la place des grains du Blé (maladie de la nielle) ; elles ont une résistance considérable au froid, à la chaleur et à la sécheresse. Diverses espèces d’Heterodera se développent dans les racines, qu’elles épuisent et déforment.

Les Nématodes parasites d’animaux sont les plus nombreux et les plus caractéristiques. Certains vivent aux dépens d’Invertébrés, comme les larves de Mermis chez les Insectes ; mais la plupart se rencontrent dans les diverses classes de Vertébrés ; on a pu dire que chaque espèce peut héberger au moins une espèce de Nématodes : l’Homme lui-même peut être atteint par une douzaine de vers différents (v. Nématodes pathogènes).

La variété des modes de développement des Nématodes zooparasites doit être soulignée ; on peut les classer ainsi :
1o Cycle comportant un seul hôte
aLarves parasites ; adulte libre. Cas des Mermis, parasites d’Orthoptères et d’autres Insectes.
bPremiers stades larvaires libres, derniers stades et adultes parasites. Cas des Ankylostomes (ou Ancylostomes) [Ancylostoma, Necator], parasites de l’Homme.
cAucun stade libre. Cas des Oxyures (Enterobius), des Trichocéphales (Trichuris) de l’Homme ; des Ascaris de l’Homme, du Cheval, du Bœuf.
dCycle avec alternance de générations parthénogénétiques et sexuées. Cas du Strongle de l’Homme (Strongyloides stercoralis).
2o Cycle comportant deux hôtes
a) L’hôte définitif s’infeste en ingérant l’hôte intermédiaire. Cas de la Trichine (Trichinella), parasite de divers Mammifères (Porc, Homme, Rongeurs) ; de la Filaire de Médine (Dracunculus medinensis), parasite du Cyclope, Crustacé d’eau douce, puis de l’Homme.
b) L’hôte intermédiaire dépose les larves infestantes sur l’hôte définitif. Cas de l’Habronème (Habronema muscae) : la Mouche transporte les larves sur les lèvres du Cheval, qui les avale ; de la Filaire de Bancroft (Wuchereria Bancrofti) : un Moustique laisse tomber les larves sur la peau de l’Homme, hôte définitif.
3o Cycle comportant trois hôtes
Cas de Gnathostoma, qui passe par un Cyclope, puis par un Poisson, avant d’achever son développement chez le Chien.

Les Nématodes offrent donc un contraste surprenant entre la richesse des modalités de leur développement et la constante de leur structure, qui n’est pratiquement pas modifiée par le parasitisme.

Larva migrans

La plupart des Nématodes témoignent d’une spécificité parasitaire très stricte et n’achèvent leur développement que chez un hôte bien déterminé ; ils peuvent parfois subsister plus ou moins longtemps chez un hôte différent. On appelle « larva migrans » les troubles résultant, chez l’Homme, de la présence de larves infestantes de parasites d’animaux ; se trouvant dans une « impasse biologique », ces larves errent à la recherche d’une niche écologique introuvable.

L’Ascaris du Chien provoque une larva migrans viscérale chez l’Homme, surtout l’enfant, en contact avec des Chiens infestés et ayant avalé accidentellement des œufs ; on constate des troubles hépatiques (hypertrophie, lésions d’ordre allergique autour des parasites) associés à une hyperéosinophilie. On connaît une larva migrans cutanée due à une infestation par des larves de l’Ankylostome du Chien et de divers Strongyloides.


Les Nématomorphes (ou Gordiens)

Ces Vers longs et fins (ils peuvent dépasser un mètre de long dans le genre Gordius) vivent dans l’eau douce, souvent en pelotons enchevêtrés (nœuds gordiens) ; ils se distinguent des Nématodes par la dégénérescence de leur tube digestif et le fait qu’ils ne se nourrissent pas à l’état adulte. La larve se développe en parasitant un Insecte, souvent un Orthoptère ou un Coléoptère.

M. D.

Nématodes pathogènes

Les Nématodes comprennent de nombreux parasites tels que les Ascarides, les Oxyures, les Ankylostomes, les Strongles, les Filaires, etc. Ces parasites déterminent des maladies (helminthiases) pour la plupart intestinales, parfois cutanées ou sous-cutanées, musculaires, voire sanguines ou lymphatiques.