negro spiritual (suite)
De l’amour de Dieu à l’amour profane
Innombrables sont les groupes et les solistes qui s’expriment dans l’idiome du gospel song puisque chaque église, chaque communauté noire possède ses hérauts. Deux noms dominent néanmoins : celui des Staple Singers pour les groupes et celui de Mahalia Jackson pour les solistes. Parmi les autres, citons pour les groupes : Angelic Gospel Singers, Bells of Joy, Caravans, Clouds of Joy, Davis Sisters, Dixie Humming Birds (soliste Ira Tucker), Drinkard Singers, Edwin Hawkins Singers, Five Blind Boys (soliste Archie Brownlee), Golden Gate Quartet, Jordanaires, Pilgrim Travellers, Robert Patterson Singers, Sensational Nightingales, Soul Stirrers (solistes Sam Cooke, puis Robert Harris), Spirit of Memphis, Stars of Faith, Swan Silverstones, Clara Ward Singers ; pour les solistes : Inez Andrew, Katie Bell Nubin, Shirley Caesar, Evelyn Freeman, Bessie Griffin, Marie Knight, Dorothy Love Coates, Sallie Martin, Georgia Peach, Rosetta Tharpe, Marion Williams (pour les femmes), Alex Bradford, Julius Cheeks, James Cleveland, J. H. Gates, Claude Jeters, Samuel Kelsey, Cleophus Robinson (pour les hommes).
Contrairement au jazz ou à la chanson populaire, l’art du gospel song n’a guère évolué depuis Thomas A. Dorsey, à part un certain rajeunissement instrumental (électrification de l’orgue et de la guitare). En revanche, jazzmen et chanteurs « pop » ont souvent puisé dans ce réservoir des thèmes et des procédés expressifs pour créer des formules neuves. Il en fut ainsi durant les années 60 avec le style de jazz gospélisant de Ray Charles, Horace Silver, Les McCann et Ray Bryant et plus encore dans la pop music sous l’influence d’anciens solistes d’église tels que Dinah Washington, Sam Cooke, Wilson Pickett, Little Richard, Aretha Franklin..., devenus vedettes de la chanson profane et même « sexuelle », le sacré et le profane se rejoignant dans la recherche d’une transe révélée dans la communion musicale et surtout le paroxysme rythmique.
F. T.
T. Heilbut, The Gospel Sound : Good News and Bad Times (New York, 1971).
Mahalia Jackson et les Staple Singers
Mahalia Jackson
(La Nouvelle-Orléans 1911 - Chicago 1972). De religion baptiste et née dans une famille pauvre, influencée par Bessie Smith, elle chante dans les églises de Chicago en 1927, puis gagne sa vie comme domestique. Les premiers disques (1937) ne se vendent pas. En 1946, elle signe un contrat avec Apollo Records et Move on up a little higher devient un best-seller. C’est le départ d’une carrière brillante où la pureté originelle est parfois « commercialisée », mais qui rend justice à des dons exceptionnels, à un timbre d’une richesse étonnante et à une émotion mystique non feinte.
Des tournées en Europe (1952 et 1961) et sa participation au festival de Newport (1958) la consacrent comme la plus grande chanteuse de gospel et l’une des grandes voix de ce siècle.
Enregistrements : In the upper Room (1952), Didn’t it rain (1958), Black, brown and beige (avec Duke Ellington, 1958), Elijah rock (1961).
Autobiographie : Movin’ on up (New York, 1966).
Staple Singers,
groupe familial qui devint professionnel durant les années 50. Son originalité réside dans l’accompagnement de Roebuck Staple (le directeur-fondateur), qui joue de la guitare dans la tradition du blues du Mississippi, mêlée à des harmonies « hillbilly ». Le quartette est constitué par ses filles Cleotha et Mavis et son fils Pervis (Yvonne et Cinthia, autres filles, y ont également participé).
Enregistrements : Uncloudy Day (1956), Freedom Highway (1965).