Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

navigation (suite)

• Les Instructions nautiques, qui sont en quelque sorte les légendes très détaillées des cartes, donnent la description des côtes, définissent les points de reconnaissance et fournissent des indications sur les dangers ; elles renseignent sur le balisage, les marées, les courants, le pilotage, les mouillages ainsi que sur les ports et les villes maritimes, dont elles énumèrent les ressources au point de vue du ravitaillement, de l’outillage, des réparations, des communications, etc. La collection d’Instructions nautiques comprend quarante-quatre volumes, dont deux sont relatifs aux côtes de France. Il existe dans le commerce, à l’usage des plaisanciers, des « portulans » publiés par fascicules sous le patronage du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques et qui constituent des guides des ports et abris des côtes de France, rassemblant sous une forme très commode tous les renseignements se trouvant dans les cartes et les Instructions nautiques pour une région déterminée.

• Les Livres des phares et des feux donnent tous les renseignements sur l’éclairage des côtes et les signaux de brume.

• L’Annuaire des marées, publié chaque année en deux tomes, donne les heures et hauteurs des pleines et basses mers des principaux ports de France et de certains ports d’outre-mer. Il est complété par des tables de marées et par un ouvrage sur les courants de marée dans la Manche et sur les côtes françaises de l’Atlantique.

• Le Code international des signaux, qui est l’aboutissement d’une longue coopération internationale, a été adopté en septembre 1965 par l’Organisation intergouvernementale consultative de la navigation maritime. Les signaux sont transmis par signes flottants (pavillons et flammes), par moyens lumineux en morse (projecteur), par moyens sonores (porte-voix), par radio ou enfin à bras.

• Les Éphémérides nautiques, publiées par le Bureau des longitudes, ont pour objet de fournir les éléments nécessaires aux calculs usuels de la navigation astronomique et, avant tout, ceux qui permettent le calcul de la droite de hauteur, c’est-à-dire les coordonnées horaires des astres observables au sextant : angle horaire à Greenwich et déclinaison pour le Soleil, la Lune, les planètes Vénus, Mars, Jupiter et Saturne ainsi que pour les étoiles. Les heures de passage au méridien supérieur de Greenwich sont fournies chaque jour pour chaque astre.

• Les Tables pour le calcul du point astronomique et tables d’azimut complètent les Éphémérides nautiques en facilitant les calculs. Il existe aussi des abaques permettant de trouver rapidement l’azimut d’un astre.

La plupart de ces documents nautiques sont sujets à des corrections fréquentes. Pour permettre leur tenue à jour, le Service hydrographique et océanographique de la marine (S. H. O. M.) publie les Avis aux navigateurs et les Fascicules de corrections d’ouvrages.


Ouvrages sur les radiosignaux

Il existe un ouvrage sur les radiosignaux à l’usage des navigateurs en deux volumes, dont le premier contient la liste et les caractéristiques des radiogoniomètres, des radiophares et des stations radars terrestres, et dont l’autre renseigne sur les stations Consol et les systèmes hyperboliques en fonction ; un autre ouvrage, en deux volumes également, donne tous renseignements sur les radiosignaux météorologiques.

Tous ces documents se complètent, et il est bon, pour la navigation envisagée, d’en consulter à la fois plusieurs qui doivent être bien à jour.

E. G.

navigation fluviale

Mode de transport utilisant les fleuves et canaux.


La navigation fluviale a joué un rôle essentiel dans le développement de la vie de relation sur les continents : les fleuves ont constitué l’armature des voies de communication dans la plus grande partie du monde tempéré et du monde tropical humide jusqu’à la révolution des transports continentaux, au siècle passé. Il n’est qu’à lire les récits de voyage de l’époque classique, ceux de la marquise de Sévigné par exemple, pour se convaincre du rôle des coches d’eau ; l’influence des corporations de nautes dans l’Europe romaine, médiévale ou moderne fait saisir combien le destin des peuples a été modelé par cette géographie fondamentale. En Europe orientale, on a souligné depuis longtemps que les grands axes de navigation intérieure ont aidé à la formation des États médiévaux et à la mise en place d’organisations territoriales durables.


Les cours d’eau et leurs premiers aménagements

L’importance de la voie navigable, dans le monde traditionnel, tenait davantage à l’indigence des transports par route qu’aux possibilités mêmes des cours d’eau : sans aménagement, la plupart des fleuves ne peuvent porter que des embarcations modestes ; l’irrégularité des régimes rend souvent aléatoire la navigation, quand elle ne crée pas des dangers redoutables. Bien souvent, il n’était possible d’emprunter la voie d’eau qu’à la descente, étant donné la violence du courant : on y flottait du bois, on y lançait des radeaux, on y utilisait des embarcations sommaires, qu’on vendait comme planches ou comme bois à brûler, arrivés à destination.

La révolution des transports continentaux a été précédée par une lente amélioration de la navigation fluviale. On a appris à domestiquer les fleuves, à limiter leurs divagations en les enserrant entre des digues (comme la Loire), à faciliter la remontée en créant des barrages (ainsi, sur le Lot, dès le xiiie s.) ; le progrès décisif tient à l’utilisation des écluses : il est alors possible de régulariser les cours d’eau en les coupant en biefs, entre lesquels on passe sans mal par des escaliers d’écluse. On peut également construire des canaux qui doublent les cours d’eau trop indociles ou unissent les bassins fluviaux. À la fin du xviiie s. et au début du xixe, les progrès de l’équipement étaient si marqués qu’on a pu soutenir que la mise en place du réseau des voies ferrées était inutile pour assurer la révolution industrielle. Il y aurait eu là plutôt un exemple de gaspillage qu’un cas d’innovation décisive en matière de transport.