Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

naturelle (histoire) (suite)

Les programmes de l’enseignement secondaire s’alignent sur cette nouvelle orientation ; l’expression sciences naturelles est remplacée par biologie ou, plus tardivement, par sciences de la vie. Maint biologiste manifeste un complexe de supériorité vis-à-vis du naturaliste, dont le portrait partial tend au ridicule ; cet homme des champs et des prés porte une boîte verte, une musette avec quelques flacons et un filet à papillons.

Il faut bien reconnaître qu’actuellement l’observation du vivant dans la Nature s’avère de plus en plus difficile en raison de la disparition des biotopes devant l’envahissement des constructions. Que de mares, de ruisseaux, de tourbières, de marécages, de prairies, de coteaux au peuplement végétal et animal xérophile sont à jamais disparus ! La science expérimentale pratiquée dans un laboratoire sur des animaux d’élevage présente un certain confort que n’apporte pas toujours la quête dans la Nature.

Et surtout, certains, en souriant de la vieille histoire naturelle, estiment que zoologie et botanique n’offrent plus grand intérêt ; seuls quelques progrès de détail sont à attendre.


Une réhabilitation opportune

Ces conceptions trop courantes depuis plusieurs décennies sont erronées. La faune s’est considérablement enrichie, et, sans vouloir donner un tableau exhaustif des découvertes parfois importantes (embranchement des Pogonophores créé en 1944 pour des animaux rares et mal connus jusqu’à cette époque), on citera deux exemples significatifs. Un inventaire récent (Ch. Bocquet, 1971) mentionne la découverte, dans la région de Roscoff, de 1945 à 1970, de 334 espèces, sous-espèces ou variétés, dont 34 pour le règne végétal et 300 pour le règne animal. Pour la faune, 44 genres, 4 familles, 1 sous-ordre et 1 ordre nouveau ont été décrits, bien que la zone de Roscoff ait été particulièrement bien fouillée antérieurement à 1945, en raison même de la présence du laboratoire maritime, fréquenté par de nombreux chercheurs.

Le second exemple se rapporte à la faune interstitielle des eaux littorales et souterraines ; le peuplement de ce biotope fort particulier est encore en cours d’étude ; une faunule originale, riche en Protozoaires, en Turbellariés, en Archiannélides et en Crustacés, y a été découverte ; sa description, sa taxinomie, les modifications du cycle des diverses espèces sont observées et analysées.

Les vieilles sciences fondamentales sont indispensables à la biologie expérimentale ; elles en sont le support obligatoire. Et peut-être atteignons-nous un point critique : l’engouement actuel pour l’écologie oriente vers un retour à la Nature. Animal et plante ne sont plus considérés isolément ; l’individu cède le pas à l’écosystème, c’est-à-dire aux êtres vivants qui fréquentent un biotope déterminé. Une étude scientifique des rapports des êtres vivants avec leurs milieux nécessite une identification des espèces, de leur fréquence, de celle des individus ; le milieu prospecté doit être analysé ; il faut connaître sa structure, sa composition, son degré d’homogénéité. Ces indications renseignent sur les moyens les plus adaptés à la récolte de la faune et permettent la réalisation de plans d’échantillonnages. Le naturaliste-écologiste équipé d’un appareillage spécialisé fréquentera de nouveau le terrain pour observer et comprendre les documents qu’il obtiendra.

A. T.

➙ Botanique / Buffon / Cuvier / Géologie / Lamarck / Minéralogie / Zoologie.

Navarre

En esp. Navarra, province de l’Espagne septentrionale ; 10 421 km2 ; 440 600 hab.



La géographie

Située à l’extrémité occidentale des Pyrénées et du bassin de l’Èbre, la Navarre est une région de transition entre le Pays basque et l’Aragon* : elle offre une gamme de paysages infiniment nuancée depuis le nord-ouest, baigné d’influences atlantiques, jusqu’au sud-est, marqué d’une forte aridité. L’incidence de vents pluvieux à dominante N.-O., avec un relief dont les lignes directrices sont orientées de l’O.-N.-O. à l’E.-S.-E., explique cette diversité.

Les contreforts occidentaux de la chaîne pyrénéenne, exposés de plein fouet aux vents humides, reçoivent plus de 2 m d’eau par an malgré un relief modeste (de 1 000 à 1 500 m). De beaux boisements de hêtres et de chênes rouvres en tapissent les versants. Vers l’est, ces hêtraies se limitent de plus en plus étroitement aux parties culminantes d’altitude croissante, alors que le versant méridional, plus sec et bien ensoleillé, est peuplé de pins sylvestres. Ces forêts sont activement exploitées : d’innombrables scieries s’échelonnent le long des vallées, et une importante industrie de la cellulose a été récemment installée à Sangüesa. Mais l’activité essentielle reste l’élevage, qui dispose de beaux alpages ; malgré le développement des cultures fourragères et des prairies de fauche dans les vallées, une partie des troupeaux doit transhumer en hiver dans les plaines sèches du bassin de l’Èbre (Bardenas Reales).

Au pied des Pyrénées, la gouttière synclinale, dont Pampelune occupe le centre, reçoit encore plus de 700 mm de précipitations. Grâce à l’apport d’engrais, la culture mécanisée du blé (associé en assolement triennal aux cultures fourragères et à la betterave, à la pomme de terre ou au maïs) permet d’atteindre des rendements de l’ordre de 20 à 25 quintaux à l’hectare.

L’avant-pli pyrénéen de la sierra de Alaiz, que l’érosion a partiellement dégagé des sédiments qui l’avaient fossilisé, et, plus à l’ouest, les escarpements des sierras d’Urbasa et d’Andía séparent cette dépression sous-pyrénéenne de la vallée de l’Èbre. Les rivières issues des Pyrénées y ont façonné un relief de piémont à plateaux faiblement inclinés vers le sud et entaillés de vallées à terrasses étagées. À l’ouest du río Arga, la Tierra de Estella est encore sous l’influence atlantique : traditionnellement vouée à une polyculture de type méditerranéen, elle se spécialise de plus en plus dans la culture du blé, associé à la pomme de terre ou au maïs, sans pour autant négliger l’élevage, qui dispose des pâturages de la sierra d’Urbasa, copieusement arrosée. À l’est du río Arga, le climat, plus sec, a davantage favorisé la viticulture, qui supplante l’ancienne polyculture : le vignoble, aux mains de petits viticulteurs groupés en coopératives, couvre déjà des surfaces importantes autour d’Olite et de Tafalla. Plus au sud encore, dans les Bardenas, le climat, franchement sec, n’a guère permis d’améliorer la culture extensive du blé, que la politique de soutien de l’État a contribué à développer sur des terres marginales. Les jachères, qui alternent un an sur deux avec le blé, et les friches sont livrées aux moutons.