Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

national-socialisme (suite)

Tout au long de l’année 1933, on assiste à une réorganisation des administrations. Le gouvernement intervient dans la vie de la justice et donne à l’adjoint du Führer la possibilité de casser les jugements trop indulgents. Un tribunal du peuple est créé pour les crimes politiques. En mai 1933, on s’attaque à l’économie. Walter Darré devient ministre de l’Agriculture et Führer de la paysannerie du Reich. Hitler ordonne un programme de grands travaux sous la direction de Fritz Todt (1891-1942), en particulier d’autoroutes. On crée dans le parti une série d’organisations destinées à doubler et à contrôler les administrations. Mais surtout un essor considérable est donné à la propagande. La radio en est un élément essentiel, ainsi que le cinéma et les écrivains. Il ne faut pas oublier les cérémonies grandioses qui frappent les foules, comme le congrès de Nuremberg (1er-3 sept.), la fête de la moisson, les quêtes sur la voie publique. Toutes ces cérémonies sont autant de parades, comme des films à grand spectacle.

Une loi du 30 janvier 1934 unifie le Reich. Déjà le 31 mars 1933, une loi a dissous les parlements locaux et décidé qu’il n’y aurait plus de Landtage, mais que, dans chaque Land, les assemblées locales seraient constituées dans les mêmes proportions que pour les élections au Reichstag. En avril, à la tête de chaque Land sont placés des Statthalter. Enfin, en Prusse, le chancelier lui-même est Statthalter. Désormais, les Länder n’ont plus aucune autonomie. La loi du 30 janvier 1934 les supprime purement et simplement. Les Statthalter deviennent des hauts fonctionnaires sous l’autorité du ministre de l’Intérieur du Reich. Il n’y a plus de fédération des Länder allemands, mais un État allemand centralisé. Peu à peu, les divers services des Länder disparaissent à leur tour, et, comme il n’y a plus de Länder, le Reichsrat est également supprimé (14 février 1934).

Motivé par un pangermanisme et un nationalisme d’action, le national-socialisme pratique très vite une politique expansionniste. En 1935, la propagande hitlérienne détermine le choix des Sarrois, qui, par plébiscite, décident de la réunion de leur territoire au IIIe Reich. En 1936, Hitler, au mépris des traités, fait réoccuper militairement la zone rhénane. En 1938 c’est l’Anschluss (annexion de l’Autriche) et l’annexion des Sudètes ; en 1939, celle de la Bohême et de la Moravie, de Memel puis de Dantzig. L’occupation de cette dernière ville prélude à la Seconde Guerre mondiale, qui verra l’Allemagne nazie dominer une bonne partie de l’Europe.

F.-G. D.

➙ Allemagne / Antisémitisme / Concentration (camps de) / Guerre mondiale (Seconde) / Hindenburg / Hitler / Juifs / Ludendorff / Wehrmacht / Weimar.

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Natsume Sōseki

Écrivain japonais (Tōkyō 1867 - id. 1916).


Après les classiques chinois, le jeune Natsume Kinnosuke (qui adoptera plus tard le prénom-pseudonyme de Sōseki) étudie la littérature anglaise à l’université de Tōkyō. Diplômé, il commence par enseigner cette matière dans diverses écoles secondaires de la capitale et de province (séjour d’un an dans l’île de Shikoku, 1895-96) ; en 1900, il obtient une bourse de deux ans à Londres ; à son retour, il succède à Lafcadio Hearn (1850-1904) dans la chaire de littérature anglaise de l’université. Jusque-là, il avait certes publié, en dehors des travaux de sa spécialité, quelques poèmes chinois et quelques essais, mais il n’avait jamais songé à faire une carrière littéraire.

Sur les conseils de son ami, le poète Takahama Kyoshi, il écrit pour une revue un texte satirique qui deviendra le premier épisode d’une longue chronique publiée en feuilleton, Wagahai wa neko de aru (Je suis un chat, 1905) : le chat d’un professeur recueille les propos qu’échangent son maître et ses visiteurs, suite de réflexions de tous ordres, principalement littéraires, philosophiques, esthétiques. Le succès engage l’auteur à écrire des nouvelles, comme la Tour de Londres (Rondon-to, 1905) et bientôt un roman de mœurs, Botchan (l’Enfant gâté, 1906), qui relate les déboires d’un fils de famille obligé, à la suite de revers de fortune, d’accepter, à la sortie de l’université, un poste de professeur dans une bourgade de Shikoku. Le retentissement de l’œuvre est d’autant plus grand qu’il y manifeste une totale indifférence aux mouvements littéraires de l’heure, et singulièrement au naturalisme, à la mode depuis peu.