Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Nantes et Saint-Nazaire (suite)

L’industrie

L’évolution qui, en un siècle, a fait d’une industrie au service du port un port au service de l’industrie a profondément marqué l’économie de la basse Loire. L’industrie représente à Nantes, où elle concentre les trois quarts de ses effectifs, 41 p. 100 des emplois de l’agglomération (66 000 sur 160 000), à Saint-Nazaire 56 p. 100 (26 000 sur 46 000) : au total, 73 p. 100 des emplois industriels du département de Loire-Atlantique. Héritière de traditions maritimes et coloniales, soutenue par les ressources et les besoins d’une région densément peuplée, enrichie d’apports de repli au cours des deux dernières guerres et de décentralisation depuis 1954, elle possède, dans un éventail de fabrications très diverses, deux secteurs originaux : les métaux et l’alimentation. Les industries métallurgiques, mécaniques, électriques, électroniques absorbent 46 p. 100 des emplois industriels (42 000). La construction* navale, associée à une large activité sous-traitante de fonderie, de chaudronnerie, de tôlerie, de tréfilerie, en est de loin, avec 10 000 emplois, l’activité maîtresse. Elle livre la moitié des tonnages français (500 000 tonneaux de jauge brute). Ancienne, elle a réussi au xixe s. la délicate conversion du bois au fer. Si, à Nantes, le tirant d’eau du port la limite à des unités de moyen tonnage (cargos, navires-usines pour la pêche, dragues, sous-marins), Saint-Nazaire possède, avec les chantiers de Penhoët (Chantiers de l’Atlantique), un ensemble capable de rivaliser avec les plus grands chantiers mondiaux. Les installations, étendues sur 1 800 m entre le fleuve et les bassins du port, couvrent 54 ha (forme-écluse Louis-Joubert, 1932, 350 m × 50 m ; formes Jean-Bart, 1938, 320 m × 45 m ; 1969, 415 m × 70 m). De Saint-Nazaire sont sorties les plus belles unités de la flotte française, paquebots (Normandie, France), cuirassés (Strasbourg, Jean-Bart), porte-avions (Foch). Les Chantiers de l’Atlantique, qui ont lancé en 1968 le premier superpétrolier du monde de plus de 200 000 t (Magdala, 213 000 t), ont pris commande en 1972 d’un pétrolier géant de 530 000 t. Ils construisent des minéraliers, des méthaniers, des cargos réfrigérés, des porte-conteneurs. Indret (commune d’Indre) a un arsenal de la Marine et a mis au point les premiers équipements français de propulsion nucléaire sur mer.

Parmi les autres secteurs métallurgiques, il faut citer le traitement des métaux non ferreux, vieille industrie nantaise également : fer-blanc à Basse-Indre (1846, la plus grande usine de France, 200 000 t annuellement), cuivre, plomb, étain et, plus récemment, aluminium à Couëron. Nantes fabrique aussi des appareils et chambres frigorifiques, du matériel de forage pétrolier et de raffinerie, des emballages métalliques, des armements ; Saint-Nazaire, des turbines à vapeur, des compresseurs, des machines-outils ; les deux villes, du matériel ferroviaire (locomotives et moteurs Diesel, treuils) et aéronautique (fuseaux-réacteurs, voilures de « Caravelle ») ; Paimbœuf, des hangars métalliques.

Les industries alimentaires comptent 7 500 actifs, 8 p. 100 des emplois industriels. Tenues par leurs origines, elles sont pour 90 p. 100 d’entre elles localisées à Nantes. Parmi les principales, on notera le raffinage du sucre (un millier d’emplois), la chocolaterie, la semoulerie de tapioca, la rizerie, la minoterie, la féculerie, les huileries, la laiterie, la fromagerie, les crèmes glacées ; la conserverie et la biscuiterie surtout. De Nantes, dont l’un des industriels exploitait un brevet pris par Appert en 1809 sur la « confiserie » (la conserverie), sortaient en 1824 les premières boîtes métalliques de sardines, alors soudées. Saint-Nazaire, Le Croisic et La Turballe ont des conserveries de sardines et de thon. À la conserverie de poissons se sont ajoutées celles des viandes et surtout des légumes. La basse Loire produit 20 millions de boîtes de conserves de 1 kg par an (2 200 salariés). La biscuiterie nantaise, rendue célèbre par ses grandes maisons (deux à Nantes, une à Saint-Michel-Chef-Chef), livre 20 p. 100 de la production française de gâteaux et biscuits (2 000 salariés). Nantes a aussi une importante brasserie.

Le secteur chimique est plus restreint : 5 000 emplois, 5 p. 100 du secteur secondaire. Nantes fabrique des briquettes et agglomérés de charbon, des engrais, des savons, des vernis, des peintures, des pièces de caoutchouc pour chaussures et automobiles, des encres, du papier carbone, des stencils ; Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, des engrais ; Paimbœuf, des produits de synthèse. À Donges, une raffinerie de pétrole du groupe Antar, construite en 1932, a une capacité de production annuelle de 8 Mt (s’y est adjoint un complexe pétroléochimique) et approvisionne en brut la raffinerie de Vern-sur-Seiche près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Les industries textiles, beaucoup plus mal partagées (3 000 emplois), se limitent à la confection et à quelques entreprises de bonneterie et, nouvelles venues, de bas sans couture à Nantes et Saint-Nazaire. Nantes a enfin une manufacture de tabacs, une papeterie-cartonnerie, des imprimeries, des verreries, des tanneries, des fabriques de pantoufles, de chaussures, de meubles ; Saint-Nazaire, une grosse usine de trituration de soja pour l’alimentation du bétail.

Le palmarès est imposant : au total, 80 établissements de plus de 200 salariés, dont 10 de plus de 1 000 ; une production qui place la basse Loire au premier rang en France pour la construction navale, le fer-blanc, le tapioca, les conserves de thon, les vernis et peintures pour boîtes métalliques et tubes plastiques, le papier carbone, les encres d’héliogravure, les dumpers, les sacs en papier pour l’alimentation du bétail, au deuxième pour les conserves de sardines, les encres d’aniline, au troisième pour les réfrigérateurs ménagers ; au premier rang dans le monde pour les navires méthaniers, transportant du gaz naturel liquéfié.


Le secteur tertiaire