Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

Nanterre (suite)

Nanterre, très vaste (1 220 ha), s’urbanisa d’abord au sud-est au contact de Puteaux et le long de la route de Saint-Germain-en-Laye, puis au nord, au contact de Colombes, avec l’hospice départemental de vieillards, construit de 1875 à 1883. Le centre de la commune fut longtemps rendu inutilisable par de vastes carrières de plâtre et de moellons (la Carrière aux Loups) couvrant plusieurs dizaines d’hectares. Les plus anciennes activités industrielles consistèrent dans la fabrication de diverses matières premières chimiques à partir des produits d’équarrissage ; l’élevage de porcs fut longtemps très important.

Des usines importantes se sont installées dès avant 1914, surtout à l’ouest et au nord-ouest, le long de la Seine, à la place d’anciennes sablières : usine à gaz, centrale thermique, entrepôts d’hydrocarbures, papeterie, entrepôt de tabac, mais aussi les automobiles Simca au sud-est, puis, pendant la Première Guerre mondiale, un important entrepôt de matériel aéronautique militaire. Il fut remplacé à partir de 1964 par les premières facultés de lettres et de droit, détachées de la Sorbonne, devenues en 1969 l’université de Paris X.

Nanterre est une commune très industrielle qui renferme quelques gros établissements : sept de plus de 500 salariés, dix-sept de 200 à 500 salariés, plus quelques dizaines de plus petits. Les branches les mieux représentées sont, par ordre décroissant : les accessoires et pièces détachées pour cycles et autos, les matériaux et fournitures pour le bâtiment et les travaux publics, l’électricité et l’électronique, la fonderie et grosse chaudronnerie, les industries alimentaires (margarine, pâtes, condiments), la papeterie, la parfumerie, les machines-outils et l’outillage mécanique.

La plus grande partie de la commune est située dans la zone B du secteur d’aménagement de la Défense. Elle a recueilli des entreprises industrielles chassées de Courbevoie et Puteaux. On y a construit l’importante préfecture du département des Hauts-de-Seine et une école d’architecture. Il est question d’y édifier un musée du xxe s. et le ministère de l’Éducation nationale. Nanterre est desservie par le R. E. R. (ligne Auber-Saint-Germain-en-Laye), avec la station Nanterre-Université (autrefois Nanterre-La Folie) et sera ainsi reliée directement au Châtelet, au centre de Paris. Elle sera traversée également par l’autoroute A 14 venue de la Défense, et qui rejoindra à Orgeval l’autoroute de Normandie.

J. B.

➙ Hauts-de-Seine.

Nantes et Saint-Nazaire

Villes et ports du départ. de Loire-Atlantique, dans la Région des Pays de la Loire.


Nantes, chef-lieu du département et capitale de la région, compte 263 689 habitants, son agglomération 462 134 (septième agglomération française). Saint-Nazaire, chef-lieu d’arrondissement, compte 69 769 habitants, son agglomération 120 252 (jusqu’au Croisic). Les deux villes ont été associées, en décembre 1964, dans une même reconnaissance de « métropole d’équilibre » de la France de l’Ouest ; leurs deux ports sont gérés par un même organisme autonome.


La situation

Nantes et Saint-Nazaire occupent, dans une disposition classique de doublet portuaire, les deux extrémités de la Loire maritime. Sur le fleuve lui-même, à 54 km de la mer et 16 de l’estuaire, Nantes jouit d’avantages de situation et de site tôt appréciés. En un point où la marée se fait encore sentir, une profonde mouille en Loire, la Fosse (le nom lui est resté dans son célèbre quai), fixe le terme de la navigation océanique, à sa jonction avec la batellerie et les routes de terre vers l’intérieur. La confluence en vis-à-vis de l’Erdre et de la Chézine, descendues du nord, ainsi que de la Sèvre Nantaise, débouchant de la Vendée et du Poitou, servait les relations transversales, aidées dans le franchissement du fleuve par la présence de grandes îles. La remontée du socle armoricain sur la rive droite, amorçant à la colline de l’Ermitage (belvédère Sainte-Anne) la cassure tectonique du Sillon de Bretagne, mettait la ville à l’abri des inondations et définissait, dans la dernière courbure de l’Erdre, un site propice à la défense. Ici est née la ville primitive, dès l’Antiquité. Saint-Nazaire, sur le front de mer, commande l’entrée de l’estuaire. Le bloc cristallin sur lequel il s’appuie, basculé au nord, lui fait au sud une côte rocheuse, l’isole au revers des marais de la Grande Brière. Saint-Nazaire est beaucoup plus récent que Nantes. Ce n’était en 1830 encore qu’un bourg de pêcheurs et de pilotes lamaneurs de 80 feux. Ses origines sont directement liées à l’histoire contemporaine du grand port nantais.

Y. B.


Nantes des origines à la fin du xviiie s.

Nantes est fondée par la tribu gauloise des Namnètes. Les Romains l’appelleront Condevicnum ou Condevincum ; elle se compose alors d’une bourgade au confluent de l’Erdre, d’un port et d’une autre bourgade sur la rive gauche, Ratiatum, l’actuelle Rezé, au confluent de la Sèvre Nantaise.

Le christianisme est prêché dans la région nantaise par saint Clair vers la fin du iiie s. Rogatien et Donatien, dits « les Enfants nantais », et l’évêque Similien y seront martyrisés (ive s.).

Ville de commerce et d’administration sous les Romains, Nantes est ravagée ensuite lors des invasions barbares par les Huns (453), les Saxons (480) et les Wisigoths (490). Clovis s’en empare en 497, puis les Bretons d’Armorique y établissent leur domination. Le roi Clotaire Ier en 560 reprend la ville et la fait administrer par l’évêque saint Félix, qui y entreprend d’importants travaux (568), entre autres un canal de jonction entre la Loire et l’Erdre.

Charlemagne au ixe s. soumet les Bretons ; ses successeurs donnent Nantes en fief au comte Lambert Ier (827). En 843, son fils, Lambert II, opposé à Charles le Chauve, livre par vengeance la ville aux Normands, qui la saccagent. Les Normands sont repoussés successivement par Alain Ier le Grand (888) et Alain Barbe-Torte (937).