Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
N

naïf (art) (suite)

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tandis que s’en distinguait l’étude bien spécifique de l’art brut*, puis celle du kitsch — le mauvais goût qui fait plaisir, avec son cortège de productions fantasques, libérées de l’uniformité industrielle —, l’art naïf s’est développé dans de nombreux pays. De véritables « écoles » fleurissent aux États-Unis — suite de la tradition des « primitifs » des xviiie et xixe s. —, à Haïti, en Afrique (Nigeria), dans certaines républiques d’U. R. S. S., en Europe centrale et en Yougoslavie, où se distinguent des œuvres aussi captivantes que celles du peintre-paysan Ivan Generalić (né en 1914), d’Ivan Rabuzin (né en 1919), de Matija Skurjeni (né en 1898)… Une certaine inflation règne : l’avenir procédera sans doute à un tri raisonnable.

Le musée d’Art naïf de Laval

Le musée Henri-Rousseau, dit aussi musée d’Art naïf, a été inauguré en 1967 à Laval (Mayenne), ville natale du peintre. Installé dans le Vieux-Château, il fait partie du musée municipal. Lors de son ouverture au public, il groupait des œuvres prêtées ainsi que, notamment, des peintures offertes par l’artiste lavallois Jules Lefranc (1887-1972), provenant de son atelier personnel ou qu’il avait collectionnées. Depuis 1973, le musée possède un premier tableau d’Henri Rousseau (la Moisson au château), autour duquel sont disposées cent cinquante peintures dont les auteurs résument l’état de l’art naïf en France surtout, mais aussi en Angleterre, en Italie, en Israël, en Espagne, en Pologne, en Yougoslavie, au Brésil. Des expositions temporaires y sont présentées, parmi lesquelles une des plus importantes fut celle des Naïfs anciens, organisée en 1969 avec la collaboration du musée du Mans, prêteur d’une intéressante réunion de portraits et de tableaux de genre datant des xviie, xviiie et xixe s.

M. G.

 W. Uhde, Fünf primitive Meister (Zurich, 1947 ; trad. fr. Cinq Maîtres primitifs : Rousseau, Vivin, Bombois, Bouchant, Séraphine, P. Dandy, 1949). / A. Jakovsky, Lexique des peintres naïfs du monde entier (Basilius Presse, Bâle, 1967). / A. Pohribný et S. Tkáč, l’Art naïf en Tchécoslovaquie (trad. du tchèque, Prague, 1967). / B. Kelemen, Die naive Malerei Jugoslawiens (Zagreb, 1969). / O. Bihalji-Merin, les Maîtres de l’art naïf (Éd. de la Connaissance, Bruxelles, 1971).
CATALOGUE D’EXPOSITION. Les Maîtres populaires de la Réalité, texte de M. Gauthier (Galerie royale, Paris, 1937).

Nairobi

Capit. du Kenya* ; env. 600 000 hab.


Située à 1 600-1 700 m d’altitude, sur les hautes terres orientales du Kenya, Nairobi a été choisie en 1896 pour servir de dépôt lors de la construction du chemin de fer de l’Ouganda. Le site peu accidenté (Athi plains), permettant un approvisionnement en eau douce, se prêtait bien à la création d’une ville. Nairobi est restée longtemps un « bazar » où venaient s’approvisionner les colons des « White Highlands », avant de connaître une croissance rapide récemment (118 976 hab. en 1948).

À 110 km au sud de l’équateur, Nairobi a un climat équatorial d’altitude très supportable pour les Européens : moyenne annuelle de température de 17 °C avec une amplitude moyenne annuelle de 3,5 °C ; la pluviosité moyenne annuelle est de 750 mm. Parmi les autres facteurs favorables, il faut signaler la position centrale dans l’ancienne Afrique orientale anglaise, la situation à proximité de la principale zone de mise en valeur agricole par les Blancs (thé, café, blé, élevage) et sur le principal axe ferroviaire, enfin la proximité de l’importante masse de main-d’œuvre que constituent l’ethnie kikuyu*, au nord, et l’ethnie kamba, à l’est et au sud-est.

La ville s’ordonne autour d’un centre commercial et des affaires, à plan en partie en damier : rues commerçantes à centaines de boutiques tenues par des Indiens, mais aussi imposants immeubles des grandes sociétés et des banques. Le quartier industriel s’étend au sud-est, sur les terrains plats d’Athi plains, le long de la route qui va à l’aéroport international et de la voie ferrée de Mombasa. Au nord-est s’étirent, le long de la route de Thika, les quartiers habités par les Africains, tandis que les Asiatiques résident surtout au nord le long de la route de Nakuru. Enfin, à l’ouest, sur le plateau Kikuyu s’étendent les quartiers de résidence aisés, aux villas noyées au milieu des arbres et des jardins.

Les trois fonctions, administrative, industrielle et commerciale, sont à peu près d’égale importance, employant chacune 20 000 à 25 000 personnes. Longtemps capitale administrative de l’ensemble de l’Afrique orientale anglaise, Nairobi n’est plus que la capitale du Kenya (depuis la proclamation de l’indépendance en 1963). Mais sur le plan commercial et bancaire, la plupart des firmes ont maintenu à Nairobi leur siège central, et la ville demeure la principale place commerciale et des affaires de l’Afrique orientale (marché central du café et du thé, par exemple). En plus de ce rôle, Nairobi joue celui de capitale régionale des hautes terres qui concentrent la plus grande partie de la population et de l’activité économique du pays.

Avec son annexe Thika, à 35 km au nord-est, Nairobi est le principal centre industriel du Kenya, et même de l’ensemble de l’Afrique orientale avec environ 40 p. 100 du total des salariés industriels du pays : plusieurs savonneries, des huileries, minoteries, usines de conditionnement du café et du tabac, des brasseries, tanneries, fabriques de meubles, confection de vêtements, verrerie, etc. Il faut signaler aussi les ateliers mécaniques liés au chemin de fer. Une partie importante de l’énergie électrique est importée d’Ouganda (Owen Falls).

Nairobi est aussi un centre culturel, avec son université (1 300 étudiants), ses théâtres et cinémas et un centre touristique majeur. C’est d’ici que partent les nombreux visiteurs étrangers faisant des circuits à travers les réserves d’animaux du Kenya et du nord de la Tanzanie.

Nairobi est enfin un important centre de communication ferroviaire, sur l’axe Mombasa-Ouganda (bretelle vers Nyeri), et routier. L’aéroport international, à 10 km à l’est du centre-ville sur l’Athi plains, est une plaque tournante vers la Grande-Bretagne, l’Inde, Madagascar, l’Afrique australe et le Zaïre.

R. B.