Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mycologie

Branche des sciences naturelles qui traite des Champignons.


Depuis des centaines d’années, les Champignons supérieurs sont utilisés dans l’alimentation humaine et connus empiriquement des anciens auteurs pour leur valeur gustative, leurs vertus curatives ou leurs propriétés maléfiques. Ce n’est que depuis le début du xviiie s. qu’ils sont un objet d’étude, méthodiquement observés et classés. La connaissance scientifique des Champignons débute avec Pier Antonio Micheli (Nova plantarum genera, 1729), qui propose un arrangement systématique, avec des clés pour les genres et les espèces ; Micheli utilise le microscope pour observer les lamelles des Agarics et, le premier, expérimente la culture des Moisissures en les transportant sur des fragments de fruits sains. En France, le principal fondateur de la mycologie est Pierre Bulliard, qui a légué de remarquables illustrations des Champignons supérieurs (Histoire des Champignons de la France, 1791-92). À la même époque, l’Allemand H. J. Tode (Fungi Mecklenburgenses selecti) fixe la dénomination de nombreux genres de Micromycètes. Le véritable créateur de la taxinomie des Champignons est Christiaan Hendrik Persoon, Hollandais fixé à Paris. Ses Observationes mycologicae (1795-1799) et la Synopsis methodica fungorum (1801) sont les fondations sur lesquelles Elias Fries, « le Linné de la mycologie » (Systema mycologicum, 1821-1832), et les systématiciens à venir ont fondé leurs classifications ; l’herbier de Persoon (à Leyde) demeure une référence inestimable pour la définition de nombreuses espèces.

Le xixe s. connaît encore de remarquables descripteurs, tels Joseph Berkeley (British Fungi, 1836) ; mais, progressivement, le domaine de la mycologie se diversifie, de la morphologie à l’histologie, à la biologie et à la cytologie. Aux recherches histologiques est attaché le nom de Joseph Henri Léveillé, qui découvre la baside (Recherches sur l’hyménium des Champignons, 1837). En décrivant le polymorphisme des Champignons, Louis René et Charles Tulasne (Selecta fungorum carpologia, 1857-1865) créent la mycologie ontogénique, à laquelle l’Allemand O. Brefeld, qui s’appuie sur la méthode des cultures pures inspirée de l’école de Pasteur, apporte une notable contribution. La phytopathologie moderne naît à cette époque, avec les observations sur le cycle des Rouilles et les travaux de Camille Montagne et d’Heinrich Anton de Bary (Vergleichende Morphologie und Biologie der Pilze, 1884), dont l’enseignement et les publications ont largement contribué à l’essor de la mycologie moderne. Au tournant du siècle apparaissent les travaux de cytologie, où s’illustre, entre autres, Alexandre Guilliermond, travaillant sur les Levures ; ils conduisent à l’étude du cycle sexuel des Ascomycètes* (Pierre Dangeard, Robert Almer Harper, P. Claussen), des Basidiomycètes* (René Maire), des Mucorinées et introduisent aux recherches les plus actuelles de mycologie ultrastructurale. Les cinquante dernières années ont vu appliquer à la connaissance des Champignons toutes les techniques modernes d’investigation ; la mycologie progresse dans de multiples disciplines : cytologie, génétique, organogenèse, morphologie ultrastructurale, spécialisation physiologique, biochimie. Parallèlement, la mycologie fondamentale et la systématique bénéficient de ces nouvelles acquisitions, ainsi que d’une connaissance plus précise des flores mycologiques tropicales. Émile Boudier (Histoire et classification des Discomycètes d’Europe, 1907) rénove la systématique des Discomycètes, tandis que Lucien Quélet et surtout Narcisse Patouillard (Essai taxonomique, 1900) s’attachent aux Basidiomycètes supérieurs. L’intérêt porté aux formes de reproduction imparfaites est plus récent, mais non moins fécond. La flore mycologique continue ainsi à s’enrichir de nouvelles entités : plus de 45 000 espèces sont actuellement connues ; leur recensement, entrepris par Pier Andrea Saccardo (Sylloge fungorum, 25 vol., 1882-1931), poursuivi par F. Petrak, est tenu à jour dans les Index de Kew.

Les développements de la mycologie dans de multiples domaines touchant à l’activité humaine ont créé des disciplines spécialisées, qui ont leur méthodologie et leur littérature propres : phytopathologie, mycologie médicale et vétérinaire, mycologie industrielle. L’intérêt croissant porté aux applications de la mycologie est un des aspects les plus notables de l’évolution de cette science, à l’avancement de laquelle ont d’ailleurs toujours contribué de façon notable des millions de simples amateurs, parfois fort éclairés, dans le monde entier.

J. N.

➙ Botanique / Champignons.

mycorhize

Association d’un Champignon filamenteux et de racines de plantes supérieures.


Le Champignon forme un feutrage plus ou moins dense à l’extérieur ; il pénètre entre les cellules des couches externes de la racine, qui reste alors assez peu développée (mycorhizes ectotrophes), ou il envahit le cytoplasme d’un certain nombre de cellules (mycorhizes endotrophes), en provoquant alors un épaississement local et une hypertrophie des cellules qui contiennent le mycélium.


Hôtes végétaux

On peut trouver des mycorhizes chez de très nombreux végétaux appartenant à des groupes non vasculaires, tels que les Hépatiques (Jungermaniacées). Chez les Ptéridophytes, les racines du sporophyte sont souvent remplies de Champignons (Polystichum aculeatum) ; il en est de même pour les prothalles des Sélaginelles, des Lycopodes et des Ophioglosses. Les racines de nombre de Gymnospermes, celles des Pins notamment, sont fréquemment associées à des Champignons ectotrophes (Abiétacées), endotrophes (Taxus) ou les deux (Juniperus). Chez les Angiospermes, beaucoup d’arbres forestiers possèdent de telles formations radiculaires. On en observe spécialement chez le Châtaignier, le Coudrier, le Marronnier, le Hêtre et les Chênes, chez des arbustes — les Callunes — et aussi sur des végétaux herbacés vivaces — Liliacées, Colchicacées, Iridacées et surtout Gentianacées et Orchidacées ; les Pommes de terre sauvages en portent plus facilement que celles qui sont cultivées. Enfin, des plantes non chlorophylliennes, tel le Monotrope, subsistent grâce à un Champignon qui réalise une mycorhize typique avec ses racines.