Murcie (suite)
Le climat, chaud et franchement aride dans les plaines méridionales qui reçoivent moins de 300 mm de pluies par an, reste marqué par une rigoureuse sécheresse dans l’intérieur, où les reliefs sont cependant davantage arrosés et où l’amplitude thermique croissante apporte une teinte continentale qui fait transition au climat mésétain. L’aridité s’exprime dans les paysages par la considérable extension des steppes, dont l’homme n’est que partiellement responsable.
Prenant leur source dans des montagnes plus occidentales mieux arrosées, le Segura et le Guadalentín, grossis par des affluents qu’alimentent les eaux emmagasinées dans les massifs calcaires de l’intérieur, permettent, grâce à une série de barrages-réservoirs, d’irriguer de riches huertas dont les plus étendues sont celles de Murcie et de Lorca. Les cultures fruitières, agrumes principalement, abricotiers et pêchers secondairement, l’emportent largement sur les cultures de légumes (piments). En ajoutant les petits périmètres irrigués à partir de puits dans les plaines littorales en bordure du golfe de Mazarrón, qui se sont spécialisés dans la culture de la tomate, la surface irriguée ne couvre cependant que 12 p. 100 des terres cultivées de la province de Murcie. Or, la culture de secano est particulièrement aléatoire sous un climat aussi sec, surtout dans les plaines méridionales. La céréaliculture ne procure que des rendements dérisoires le plus souvent. Elle est généralement associée à l’arboriculture, qui résiste mieux à la sécheresse : oliviers, amandiers et caroubiers. Partout, la surface cultivée en secano régresse, les hommes désertant ces campagnes trop pauvres. Seule, la région de Jumilla reste bien vivante : épargnée par la crise du phylloxéra, elle a développé son vignoble, dont elle tire des vins de bonne qualité.
Pour enrayer l’exode rural, on envisage de dévier des eaux du Júcar, voire du Tage, vers la région de Murcie afin d’y étendre les surfaces irriguées ; mais ce ne sont encore que des projets âprement discutés. Une très forte émigration se dirige donc vers Barcelone et Madrid, les possibilités d’emploi dans la région étant trop limitées. Plusieurs des mines de plomb, zinc et fer situées dans les montagnes de Carthagène et de Mazarrón, après avoir connu au début du siècle une active exploitation, sont aujourd’hui fermées, faute de rentabilité, et la ville minière de La Unión compte moins de 12 000 habitants après en avoir eu plus de 30 000. Les seules industries notables sont installées à Carthagène (128 000 hab.). Fondation carthaginoise, la ville est construite au fond d’une ample baie offrant au port des conditions naturelles excellentes. L’installation, à la fin du xviiie s., d’un grand arsenal lui permit de devenir le principal port militaire de la côte méditerranéenne espagnole. Mais c’est aujourd’hui l’un des premiers ports de la Péninsule grâce à son port pétrolier doté d’une puissante raffinerie établie à Escombreras. Doublée par une grande centrale thermo-électrique, elle a permis la mise en place d’un complexe industriel important : chimie lourde, métallurgie du plomb, fabrication de verre, industries alimentaires, etc.
Murcie (280 000 hab.), création musulmane à la croisée de la route Alicante-Almería et de l’axe de la vallée du río Segura, était mieux placée pour devenir la capitale de la région ; mais elle reste avant tout le centre d’une riche huerta dont elle commercialise ou traite (dans des conserveries) les produits. Albacete, le second chef-lieu de province, situé dans l’intérieur, compte encore moins de 100 000 habitants.
R. L.