Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

moulage (suite)

Soufflage, thermoformage sous vide

Ces techniques sont appliquées au moulage de feuilles thermoplastiques par pression d’un fluide gazeux ou sous l’effet du vide.

J. D.

➙ Enduction / Expansé (matériau) / Formage / Stratifiés et renforcés (matériaux) / Thermodurcissables (résines).

Moule

Mollusque bivalve comestible très commun, dont l’élevage est la mytiliculture.


La Moule existe en grande abondance sur la majeure partie de nos côtes. Deux formes, considérées assez empiriquement comme deux espèces différentes, vivent sur notre littoral : Mytilus edulis, nordique, très commune dans la Manche ainsi que sur la côte atlantique, et M. gallo-provincialis, localisée en Méditerranée, mais que l’on retrouve en fait jusque sur la côte nord de la Bretagne.

La coquille, assez mince, noirâtre ou violacée, anguleuse dans sa partie antérieure, est reliée au corps de l’animal par deux muscles adducteurs, l’un antérieur, l’autre postérieur, dont la contraction assure la fermeture des valves. Le corps, enclos dans un manteau de couleur orange, rosé ou blanchâtre (couleur qui ne dépend pas du sexe comme on l’a souvent prétendu), présente ventralement un pied linguiforme en avant de la « bosse de Polichinelle ». La base du pied contient l’appareil byssogène, à partir duquel sont produits les nombreux filaments très résistants du byssus, qui, cimentés aux roches, assurent la fixation des individus. L. Vidal (1871) estime que le byssus d’une Moule de bonne taille résiste à une traction de 15 kg. La bosse de Polichinelle contient la gonade. Celle-ci atteint chez les femelles un tel développement à l’époque de la reproduction qu’elle envahit une grande partie du manteau. Les branchies forment entre les deux pans du manteau des lames molles constituées d’un grand nombre de filaments dotés d’une puissante ciliature. C’est cette ciliature qui provoque l’entrée de l’eau ambiante dans la cavité palléale, sa filtration et la conduction vers la bouche des proies contenues dans le plancton : Diatomées, Péridiniens et autres microorganismes. La vase et les organismes indésirables, enrobés dans du mucus, sont entraînés à l’extérieur par certaines catégories de cils. Ces mécanismes ciliaires sont si efficaces que des Moules placées dans un aquarium en clarifient rapidement l’eau. Selon P. Lubet (1966), le débit moyen d’une Mytilus edulis de 63 à 66 mm de long est d’environ 70 ml/h/g de poids vif.

Les œufs, fécondés dans la cavité palléale des femelles par les spermatozoïdes introduits par le courant inhalant, deviennent vite de petites larves nageuses à vélum cilié, qui se fixent sur des supports variés. On a constaté que 12 millions d’ovules sont émis en quinze minutes. Dans la Manche, en neuf ou dix mois, la coquille atteint ou dépasse 50 mm de long.

L’époque de la ponte varie selon les régions. En Méditerranée, c’est en juillet-août que sont tendues les cordes sur lesquelles le naissain se fixe en septembre. Les Moules sont euryhalines. Dans l’estuaire de la Rance, on a vu qu’elles supportaient des salinités comprises entre 6,4 et environ 34 g de sel par litre. Leur qualité dépend essentiellement de la composition du plancton et de celle de l’eau. Leurs branchies absorbent par pinocytose des matières organiques dissoutes. La production annuelle de Moules en France est de l’ordre de 20 000 t.

Les Moules hébergent souvent des Pinnothères, petits Crabes qui ne leur infligent pas de dommages sérieux. En certaines régions, un Copépode parasite, le « Cop rouge » (Mytilicola intestinalis), hôte de leur intestin, provoque parfois leur mort. Les Moules ont aussi de nombreux ennemis : les Astéries, qui détruisent surtout le naissain, les Poissons, en particulier la Pastenague et les Oiseaux. Les Huîtriers, ou Pies de mer, les Macreuses et les Oies de Sibérie en font une grande consommation.

Périodiquement, les Moules envahissent les parcs à Huîtres, portant un grave préjudice à celles-ci.

La mytiliculture

La mytiliculture traditionnelle consiste à recueillir des Moules encore petites dans les milieux de reproduction naturelle, puis à les placer dans des conditions où elles peuvent être surveillées et protégées, et où leur croissance et leur engraissement sont obtenus de façon satisfaisante.

Les installations d’élevage varient considérablement selon les régions. Elles présentent toutes ce point commun qu’elles tendent à replacer le Mollusque dans ses conditions naturelles de vie (vie sessile avec fixation par le byssus en grappes ou en amas plus ou moins abondants), mais les modalités du parcage ont dû s’adapter aux divers caractères des zones propices. Ainsi, pour répondre aux exigences particulières du milieu, trois types d’installations peuvent se rencontrer. Ils permettent de distinguer : les élevages « à plat » (c’est-à-dire sur le sol), les élevages sur pieux (sur « bouchots ») et les élevages en suspension.

Dans l’élevage à plat, les Moules sont tout simplement transférées et déposées, à une densité convenable, sur le sol, en des zones permettant la surveillance et les divers travaux favorables à la survie et à un heureux développement. Ce mode d’élevage n’est possible que là où les fonds sont durs ; il se pratique soit en « eau profonde » (c’est-à-dire sur sol ne découvrant pas à la marée), soit sur parcs émergents. Ce type d’élevage est surtout pratiqué aux Pays-Bas ; en France, la mytiliculture à plat n’existe que dans quelques secteurs des côtes de Bretagne, notamment dans la région du Croisic.

L’élevage sur bouchots est adapté aux zones à marées assez amples, ayant des fonds trop vaseux pour que les Moules puissent y être déposées ; le système serait né au xiiie s., en baie de l’Aiguillon, près de La Rochelle, à partir de la banale observation de la fixation spontanée de naissains sur des piquets et du bon développement ultérieur de ces naissains. C’est dans cette même baie que ce mode de culture s’est perfectionné et développé au cours des temps ; actuellement, cette zone est occupée par une véritable forêt de pieux enrobés de Moules. Un bouchot type mesure 50 m de long ; il est fait de deux rangs de pieux séparés de 1 m pour laisser le passage d’une barque ; une distance de 25 m sépare les bouchots entre eux. En baie de l’Aiguillon, la longueur totale des bouchots dépasserait 600 km. D’autres plantations moindres occupent certains secteurs des côtes bretonnes.