Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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motonautisme (suite)

En motonautisme comme en navigation à voile, les coques sont « en forme » ou « à bouchain ». En France, on préfère les coques en forme, qui passent mieux dans la lame, mais l’influence américaine, favorable aux coques à bouchain, finit par l’emporter. Ces coques présentent des avantages de plus grande économie de construction quand elles sont exécutées en bois. Mais elles ont tendance à « taper » dans la vague, et l’on doit en perfectionner le dessin. Actuellement, on distingue trois principaux types de coques.

Le catamaran s’inspire étroitement du voilier à deux coques. Cette technique est utilisée dans le dessin des racers dits « trois points », parce que leur coque ne porte sur l’eau qu’en trois points : les deux flotteurs latéraux et l’extrémité arrière, à hauteur de l’hélice.

La forme trimaran — ou en W inversé — reprend les données des catamarans, avec adjonction d’une coque médiane. Elle comporte trois coques ménageant entre elles deux coussins d’air. Le passage dans une eau agitée s’en trouve amélioré.

La technique Ray Hunt offre une coque présentant en coupe la forme d’un V profond, dont les branches comportent des décrochements en marches d’escalier. Lorsque la vitesse croît, la coque s’appuie sur ces marches, depuis celles qui sont le plus près de la ligne de flottaison jusqu’à celles qui sont le plus proche de la quille. Le bateau déjauge, et la surface mouillée se réduit progressivement, au bénéfice de la vitesse.


La situation actuelle du motonautisme

De toutes les activités maritimes mettant en œuvre des moyens mécaniques (transport, pêche professionnelle, etc.), la plaisance est sans doute celle qui utilise des embarcations dont l’aspect extérieur se rapproche le plus de celui des automobiles. En effet les créateurs de canots à moteur ont toujours eu tendance à copier les voitures automobiles. Sur une coque qui s’est peu à peu modelée pour prendre sa forme propre, on a prévu à l’avant un pontage qui rappelle le capot des voitures ; un pare-brise protégeant les passagers des embruns, un tableau de bord portant les cadrans de contrôle et un volant de direction ont accru la ressemblance aux yeux des passagers. Enfin, les sièges, face au déplacement, ont été copiés sur les modèles que présentent habituellement les automobiles. Cette parenté d’aspect existe encore à l’heure actuelle et atteint une sorte de perfection dans certaines fabrications : Cris-Craft en Amérique et Riva en Italie par exemple.

Mais le développement du motonautisme a pour effet de relancer de façon inattendue un type d’embarcation, généralement à moteur hors-bord, qui, s’écartant du style canot automobile, se rapproche de celui de la barque traditionnelle : disparition des pontages, du tableau de bord, du pare-brise et remplacement des sièges confortables par de simples banquettes. Très étudiées, les œuvres vives répondent au dernier mot de la technique et offrent un parfait passage dans l’eau, même à grande vitesse en mer agitée. Cette sorte d’engins, que la marque Boston Wahler illustre particulièrement, sert pour la pêche, le ski nautique et les liaisons de toutes sortes. Elle offre, en outre, le moyen parfait d’assurer la sécurité des régates à voile, car l’absence de pontage et la grande stabilité permettent de secourir dans les meilleures conditions les équipages victimes de chavirages. Cette même catégorie groupe également les hors-bord pneumatiques. (Le mot hors-bord, réservé à l’origine au moteur amovible lui-même, s’applique dans la pratique à l’embarcation tout entière, quelle que soit la conception de la coque.) Les coques pneumatiques sont constituées d’une enveloppe que l’on gonfle à l’air ambiant. D’abord moyens de sauvetage, ces engins sont devenus des bateaux de sport, de promenade et de pêche de plus en plus appréciés. Leur vitesse sur l’eau est élevée dès lors qu’ils utilisent des moteurs puissants.


Les méthodes de construction

En motonautisme comme en matière de navigation à voile, la construction en série a fait son apparition lorsque la clientèle s’est assez développée pour justifier l’utilisation de moyens industriels. Les plastiques sont utilisés dans cette fabrication, plus encore que dans celle des bateaux à voile.

Les constructeurs sortent en série des bateaux à moteur de sport, mais également des bateaux habitables comportant une ou plusieurs cabines et dotés d’un confort suffisant pour des croisières plus ou moins prolongées. Les premiers sont généralement équipés de moteurs hors-bord, et les seconds de moteurs in-bord ; si l’on aborde la croisière, il est prudent de prévoir deux moteurs, qu’ils soient in-bord ou hors-bord.


Motonautisme et navigation à voile

Le succès actuel du motonautisme se fonde sur le désir de toute personne en vacances au bord de la mer de s’évader un moment des côtes encombrées pour faire quelques milles sur l’eau, au gré de sa fantaisie. La pêche, le ski nautique ou simplement le bain de soleil sont les éléments déterminants de ce nouveau mode de vie en plein air, et qui est facilité par la simplicité d’utilisation des embarcations à moteur. Si la navigation à voile nécessite un long apprentissage, la navigation à moteur s’apprend beaucoup plus vite et ne suppose pas le même sens marin. Cependant, un permis de conduire est nécessaire pour les embarcations munies d’un moteur de plus de 10 ch. D’autre part, en matière de motonautisme, la compétition n’a pas une place aussi importante qu’en matière de voile. Alors que la plupart des amateurs de voile ne conçoivent pas ce sport autrement qu’en participant à des compétitions, régates en monotypes légers ou courses-croisières à bord d’unités plus importantes, rares sont les yachtsmen qui prennent part à des épreuves motonautiques, réservées à une petite élite de champions ou de professionnels.

L. D.

➙ Catamaran / Course-croisière / Croisière.