Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mosquée (suite)

Tout en subissant l’influence indigène, les architectes musulmans de l’Inde* seront plus fidèles à l’Iran. Cette fidélité sera surtout remarquable il est vrai à l’époque moghole. La mosquée se dresse alors sur un soubassement élevé et sacrifie les dimensions de la salle de prières à celles de la cour. Les portiques légers qui l’entourent sont coupés au milieu des trois côtés pour laisser place à trois porches monumentaux (Buland Darwāza de Fatḥpūr-Sīkrī). L’oratoire est abrité par trois dômes très bulbeux, celui du centre, le plus haut, étant précédé du grand iwān usuel qu’encadrent de plus petits iwāns (mosquée du Vendredi de Delhi*, grandes mosquées d’Āgrā* et de Lahore).


Les minarets

Depuis l’époque omeyyade, les mosquées sont flanquées d’un ou de plusieurs minarets qui servent au muezzin pour faire l’appel à la prière. En Syrie, les minarets primitifs sont inspirés des clochers chrétiens et se présentent comme une tour à base carrée. À ce type, l’Occident restera fidèle jusqu’à la domination ottomane. Les minarets à noyau cylindrique et rampe à hélice, dont la masse diminue de la base au sommet (Malwiyya de Sāmarrā), imités des ziggourat mésopotamiennes, seront plus éphémères, mais influenceront l’Égypte ; on aura dans ce pays une prédilection pour les formes compliquées et changeantes : sur une base carrée s’élèvent un fût octogonal et un couronnement cylindrique. En Iran, le minaret est une haute tour circulaire, légèrement amincie vers le haut. À partir du xiiie s., il commence à s’engager dans la maçonnerie, surtout comme contrefort des porches monumentaux. Dans les régions orientales, les plans étoiles alternent avec les plans circulaires (minarets de Rhaznī, en Afghānistān*), principe dont on retrouve la trace dans les colonnes et les files alternées du Quṭb mīnār de Delhi. En Inde, le minaret affecte volontiers une forme plus ramassée et devient tronconique. Chez les Ottomans enfin, c’est une fine flèche couronnée en éteignoir, dont la minceur contraste avec la majesté imposante des édifices.


Le décor

Sauf exceptions insignes, les mosquées ne reçoivent jamais de décor figuratif. La géométrie, la flore et l’arabesque s’y déploient par contre librement. Si l’extérieur est souvent austère, l’intérieur reçoit une admirable parure.

J.-P. R.

➙ Islām.

 L. Golvin, la Mosquée (Institut d’études sup. islamiques, Alger, 1960) ; Essai sur l’architecture religieuse musulmane (Klincksieck, 1971 ; 2 vol.). / G. Wiet, les Mosquées du Caire (Hachette, 1966). / U. Vogt-Göknil, Mosquées (Éd. du Chêne, 1975).

Mossis

Ethnie de la Haute-Volta. Avec plus de deux millions d’individus, cette ethnie représente la moitié de la population voltaïque.


Elle est le résultat d’une fusion entre les populations riveraines du cours supérieur des deux Volta (Noire et Blanche) et les populations venues à cheval de l’est ou du nord-est (les environs du lac Tchad). Les Mossis habitent un plateau couvert de savane dont l’altitude varie entre 700 et 1 000 mètres. Cette région connaît deux saisons, l’une pluvieuse de mai à octobre, et l’autre sèche.

Les cultures de céréales sont dominantes (sorgho, mil) ; elles sont complétées par du maïs, de l’arachide, du riz et des patates douces ; le bétail est confié aux Peuls, qui en consomment le lait. L’artisanat, par ailleurs, est assez développé, et les Mossis connaissent la forge, la poterie, le travail du cuir, la vannerie et le tissage. Les villages sont constitués de segments de clans différents. Ce sont des clans patrilinéaires et exogames. Cette organisation clanique est dominée par un système politique formé de quatre royaumes aux dynasties apparentées : ce sont ceux de Ouagadougou, du Yatenga, de Tenkodogo et de Fada-N’Gourma. Ces royaumes sont très anciens et ont su résister à l’islamisation.

Chacun de ces États est constitué de provinces tributaires qui sont administrées par des parents du roi et auxquels celui-ci laisse une entière liberté d’administration, sauf évidemment le paiement du tribut annuel et la levée de contingents militaires en temps de guerre. Le morho-naba descend des premiers ancêtres. Il est considéré comme un demi-dieu et il est isolé de la population par une étiquette sévère. Cinq hauts dignitaires, également administrateurs de provinces, l’entourent ; ce sont les chefs des eunuques, de la cavalerie, des fantassins, des sépultures royales et le grand intendant du palais.

La religion mossi comprend un culte des ancêtres et un rituel consacré aux différentes formes de la divinité suprême, Wende. Ce dieu a créé le monde, qui est animé par sa force (nam-Wende) ; il est à la fois divinité chthonienne, dieu des plantes et dieu de la pluie. Ces incarnations marquent les phases successives de l’année agricole.

Chaque élément du rituel est célébré par des prêtres de la terre dont la charge est transmissible par héritage et qui appartiennent aux clans des populations autochtones.

Aujourd’hui, la faiblesse des ressources naturelles de la Haute-Volta et l’importance de la pression démographique expliquent partiellement l’immense migration des jeunes Mossis vers la Côte-d’Ivoire et le Ghana. Ils constituent une bonne partie des manœuvres non qualifiés qui travaillent sur les plantations, dans les mines et dans les villes.

J. C.

➙ Afrique noire / Haute-Volta.

 P. Ilboudo, Croyances et pratiques religieuses traditionnelles des Mossi (C. N. R. S., 1966). / G. V. Kaboré, Organisation politique traditionnelle et évolution politique des Mossi de Ouagadougou (C. N. R. S., 1967). / R. Deniel, De la savane à la ville ; essai sur la migration des Mossis vers Abidjan et sa région (Aubier, 1968). / J.-M. Kohler, Activités agricoles et changements sociaux dans l’Ouest-Mossi (O. R. S. T. O. M., 1971).