mosquée (suite)
Tout en subissant l’influence indigène, les architectes musulmans de l’Inde* seront plus fidèles à l’Iran. Cette fidélité sera surtout remarquable il est vrai à l’époque moghole. La mosquée se dresse alors sur un soubassement élevé et sacrifie les dimensions de la salle de prières à celles de la cour. Les portiques légers qui l’entourent sont coupés au milieu des trois côtés pour laisser place à trois porches monumentaux (Buland Darwāza de Fatḥpūr-Sīkrī). L’oratoire est abrité par trois dômes très bulbeux, celui du centre, le plus haut, étant précédé du grand iwān usuel qu’encadrent de plus petits iwāns (mosquée du Vendredi de Delhi*, grandes mosquées d’Āgrā* et de Lahore).
Les minarets
Depuis l’époque omeyyade, les mosquées sont flanquées d’un ou de plusieurs minarets qui servent au muezzin pour faire l’appel à la prière. En Syrie, les minarets primitifs sont inspirés des clochers chrétiens et se présentent comme une tour à base carrée. À ce type, l’Occident restera fidèle jusqu’à la domination ottomane. Les minarets à noyau cylindrique et rampe à hélice, dont la masse diminue de la base au sommet (Malwiyya de Sāmarrā), imités des ziggourat mésopotamiennes, seront plus éphémères, mais influenceront l’Égypte ; on aura dans ce pays une prédilection pour les formes compliquées et changeantes : sur une base carrée s’élèvent un fût octogonal et un couronnement cylindrique. En Iran, le minaret est une haute tour circulaire, légèrement amincie vers le haut. À partir du xiiie s., il commence à s’engager dans la maçonnerie, surtout comme contrefort des porches monumentaux. Dans les régions orientales, les plans étoiles alternent avec les plans circulaires (minarets de Rhaznī, en Afghānistān*), principe dont on retrouve la trace dans les colonnes et les files alternées du Quṭb mīnār de Delhi. En Inde, le minaret affecte volontiers une forme plus ramassée et devient tronconique. Chez les Ottomans enfin, c’est une fine flèche couronnée en éteignoir, dont la minceur contraste avec la majesté imposante des édifices.
Le décor
Sauf exceptions insignes, les mosquées ne reçoivent jamais de décor figuratif. La géométrie, la flore et l’arabesque s’y déploient par contre librement. Si l’extérieur est souvent austère, l’intérieur reçoit une admirable parure.
J.-P. R.
➙ Islām.
L. Golvin, la Mosquée (Institut d’études sup. islamiques, Alger, 1960) ; Essai sur l’architecture religieuse musulmane (Klincksieck, 1971 ; 2 vol.). / G. Wiet, les Mosquées du Caire (Hachette, 1966). / U. Vogt-Göknil, Mosquées (Éd. du Chêne, 1975).