Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Moselle. 57

Départ. de la Région Lorraine ; 6 213 km2 ; 1 006 373 hab. Ch.-l. Metz*. Arrond. Boulay-Moselle, Château-Salins, Forbach, Metz-Campagne, Metz-Ville, Sarrebourg, Sarreguemines, Thionville-Est et Thionville-Ouest.


Le département est légèrement plus petit que celui de la Meuse. Il est pourtant presque cinq fois plus peuplé. Il concentre plus des deux cinquièmes de la population régionale. Des quatre départements lorrains, c’est aussi le plus industrialisé : près de 55 p. 100 des actifs sont employés dans le secteur secondaire.

Les limites actuelles découlent du traité de Francfort (1871). Auparavant, l’arrondissement de Briey (auj. en Meurthe-et-Moselle) était rattaché à la Moselle, ceux de Sarrebourg et Château-Salins à la Meurthe. Sur le plan physique, la Moselle se partage en plusieurs régions. À l’est, les Vosges gréseuses (cantons de Bitche et Fénétrange) sont interrompues par l’enclave alsacienne de l’Alsace bossue. Les forêts de sapin dominent. On pourrait presque y ajouter la « boutonnière » du Warndt, un des éléments essentiels du bassin houiller. Celui-ci est composé par une masse de grès vosgien pouvant atteindre 300 m d’épaisseur. Sa forme allongée (direction S.-O. - N.-E.) est due à l’anticlinal de Sarrebruck, qui a soulevé l’ensemble des couches carbonifères. Le pays du calcaire coquillier succède au pays du grès vers l’ouest. Les reliefs tabulaires faiblement entaillés dominent. Le paysage rural est quasi exclusif. Le pays des marnes et argiles occupe une bande assez large. Les surfaces ondulées barrent l’horizon. Le drainage est indécis, l’eau s’accumule dans de nombreux étangs, dont tous, cependant, ne sont pas d’origine naturelle. Les canaux des Houillères et de la Marne au Rhin s’y ravitaillent partiellement en eau. Les couches triasiques qui constituent le soubassement contiennent du sel, mais en moindre quantité que dans la région correspondante de Meurthe-et-Moselle. À l’approche de la vallée de la Moselle, les calcaires liasiques forment de nouveau des éléments de plateaux se terminant en cuestas (avant-côte au sud-est de Metz). Grande culture et viticulture exploitaient les terroirs variés. La Moselle coule au pied de la Côte de Moselle, vivifiant la principale dépression du département. Des différentes terrasses, il ne reste que des lambeaux. La Côte de Moselle proprement dite domine souvent de 200 m la vallée. Constituée à sa base par les marnes et marno-calcaires du Charmouthien et du Toarcien, elle est couronnée par l’Aalénien ferrugineux et surtout le calcaire bajocien qui fait corniche. Le mélange des roches sur les versants a donné naissance à d’excellents terroirs, jadis occupés par un vignoble prospère (en 1800, plus de 3 700 ha de vignes ; aujourd’hui env. 300 ha).

Le sillon mosellan a été, tout au long de l’Histoire, l’axe privilégié de la Lorraine. La Moselle a été intensément utilisée dès l’époque romaine. Vins et sel empruntaient le cours d’eau, Metz jouant le rôle d’entrepôt. Au xixe s., le chemin de fer valorisa le couloir mosellan. La canalisation de la Moselle à partir de 1963 ne fit qu’accentuer les avantages de cette voie de passage.

Sur le plan économique, la Moselle présente au moins quatre types de régions. Le bassin houiller vivant quasi exclusivement de l’extraction du charbon et de sa transformation en produits chimiques (complexe chimique de Carling) est en crise depuis la fin des années 1950. La production charbonnière est tombée au-dessous de 11 Mt (contre plus de 15). Les Houillères du bassin de Lorraine (H. B. L.) emploient moins de 20 000 travailleurs (plus de 40 000 vers 1954). Le bassin sidérurgique occupe tout le nord-ouest du département. La sidérurgie, qui employait plus de 50 000 salariés en 1954, n’en occupe plus qu’un peu plus de 35 000. Il existe ici un véritable problème de l’emploi ; la reconversion est à peine amorcée. Entre les deux régions industrielles monolithiques s’étend la Moselle rurale. Au nord, céréales et cultures sarclées sont orientées vers l’élevage, alors que dans le sud la même finalité est fondée sur l’extension des herbages. Au sud-ouest, l’agglomération messine joue le rôle de catalyseur pour l’ensemble des régions.

La population du département est passée de 480 000 habitants en 1875 à plus de un million en 1975, malgré les pertes de 1871 et 1918. Ce sont les arrondissements industriels qui ont le plus augmenté. La prospérité reposait sur deux piliers : la sidérurgie et les houillères. La sidérurgie voit sa production stagner (8 Mt d’acier) et se concentrer de plus en plus dans la vallée de la Moselle. L’aciérie de Gandrange, au nord de Metz, reçoit la fonte liquide des hauts fourneaux implantés dans les vallées (Orne et Fentsch) et, avec une capacité de 8 Mt, sera à l’avenir la seule grande unité productrice dans le nord de la Lorraine, Sidelor et Usinor préférant Dunkerque et Fos-sur-Mer. Aussi n’est-il pas étonnant que la Moselle ne soit plus une terre très prospère. Dans la région houillère, plus de 13 500 travailleurs franchissent chaque jour la frontière pour travailler en R. F. A. L’agglomération messine est actuellement la seule région prospère. Pourtant, grâce aux autoroutes Thionville-Metz-Nancy et Paris-Metz (reliée aussi à Sarrebruck), une nouvelle phase de prospérité peut être amorcée.

F. R.

➙ Lorraine / Metz.

mosquée

Édifice consacré au culte musulman, centre de la vie culturelle, sociale, voire politique de l’islām. (Le mot masdjid, sans doute d’origine araméenne, signifie, en arabe, « lieu où l’on se jette à terre »).



Fonctions

La mosquée est avant tout un monument où l’on se réunit pour célébrer l’office de la prière et écouter les prédicateurs. L’assemblée collective du vendredi a lieu en principe dans la « grande mosquée » du quartier ou de la ville, souvent nommée mosquée du vendredi. Mais il existe des mosquées de toutes tailles, parfois de très petits oratoires. Les animaux ne sont pas sacrifiés à la mosquée et en conséquence il n’y a pas d’autel. Les mariages n’y sont pas célébrés. Il n’est pas interdit d’y faire entrer les cadavres, mais les obsèques se déroulent généralement non dans le sanctuaire, mais dans la cour attenante. Pour l’office, les fidèles doivent se grouper en longues files parallèles, derrière le guide de la communauté, l’imām, et regarder en direction de La Mecque (qibla). Cette direction est donnée par une ou plusieurs niches vides (miḥrāb) creusées dans le mur principal. À la gauche du miḥrāb prend place une chaire à prêcher, le minbar — à l’origine toujours en bois, plus tard en bois ou en pierre —, d’où parle le khaṭīb, le prédicateur, primitivement une autorité spirituelle ou politique. On peut y accéder par une haute porte, parfois omise, qui s’ouvre sur des degrés conduisant à la plate-forme supérieure, surmontée ou non d’un baldaquin. Une estrade, le dakka, sert aux chantres. Bien que peu conforme à l’idéal communautaire et égalitaire de l’islām, la maqṣūra, grille en bois placée devant le miḥrāb et délimitant une loge réservée au prince, s’est largement répandue. Parfois, elle forme un enclos pour les femmes, peu nombreuses à la mosquée. Les corans sont posés sur des pupitres (rahle). Les prosternations répétées ont sans doute favorisé l’introduction des tapis qui couvrent le sol. Des lampes en métal ajouré ou en verre souvent émaillé éclairent la salle. Deux chandeliers en bronze, situés de part et d’autre du miḥrāb, supportent d’énormes cierges. Des fontaines ou des bassins (qu’accompagnent des latrines) permettent aux fidèles d’accomplir les ablutions rituelles.