Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montpellier

Ch.-l. du départ. de l’Hérault et capit. de la Région Languedoc-Roussillon ; 195 603 hab. (Montpelliérains) [plus de 210 000 dans l’agglomération].


La ville s’est établie au contact de la garrigue et de la plaine littorale sur des buttes de sable entre deux petits fleuves côtiers, le Lez et la Mosson, n’entrant dans l’histoire que très tard après ses voisines, Nîmes, Béziers et Narbonne. Son nom est mentionné pour la première fois dans une charte de 985. Aujourd’hui, bénéficiant d’un essor démographique important, Montpellier affirme son rôle de capitale universitaire et administrative du Languedoc-Roussillon.


Les fonctions urbaines

Vieille ville universitaire, Montpellier compte près de 30 000 étudiants, répartis entre les anciennes facultés, les instituts et écoles diverses. Près de 200 000 m2 sont couverts par les établissements implantés sur le campus, au nord, dont plus de la moitié pour la seule faculté des sciences. Droit et médecine n’ont pas encore quitté l’ancien centre, mais l’essentiel du complexe hospitalo-universitaire, les cités et les restaurants les plus importants se regroupent au pied des collines de Chênes-Colombières et du plan des Quatre-Seigneurs, zone anciennement livrée à la garrigue et rapidement gagnée par les lotissements. Si les cafés de la place de la Comédie et les librairies de la vieille ville ont conservé leur clientèle, les petites boutiques du faubourg Boutonnet, auprès duquel se trouvaient déjà implantées les écoles normales, se sont agrandies et embellies.

À Montpellier se rassemblent les organes de commandement de la Région (préfecture régionale, Mission interministérielle du littoral, maison de l’Agriculture). Ils se sont ajoutés aux services administratifs traditionnels : Finances, Postes, évêché, état-major (celui-ci expliquant la présence de l’École d’application de l’infanterie et de l’École militaire d’administration).

Le quart de la population active est employé dans l’industrie, représentée surtout par de petits établissements de type artisanal dans l’ancienne tradition des industries alimentaires : café, textiles (sous-vêtements) mi mécaniques (Mécasud). Mais cette promotion, toute récente, est due à l’implantation de la firme américaine I. B. M., qui, pour le montage des ordinateurs, emploie plus de 2 000 personnes et justifie la présence de plusieurs sous-traitants. Quatre zones industrielles ont été aménagées en ville à la périphérie ; seule la première est totalement occupée, en partie grâce au transfert d’établissements et d’entrepôts qui encombraient le vieux tissu urbain.

Montpellier est également une place commerciale. Un minimum de rues dans le centre regroupent les boutiques spécialisées : luxe (grand-rue Jean-Moulin, rue de la Loge), meubles et électroménager (boulevard du Jeu-de-Paume), établissements plus variés des rues Saint-Guilhem, de l’Argenterie, de l’Aiguillerie, de Verdun. La rue de l’Ancien-Courrier, heureusement rénovée, regroupe vieux hôtels et boutiques modernes, alliant la pierre et le métal. Les grandes surfaces se sont établies sur la route du littoral, au sud, afin de capter la double clientèle des estivants et des citadins.


Les quartiers urbains

Une périphérie en mutation rapide contraste avec le centre ancien, qui concentre l’essentiel des activités et des équipements. Autour de « l’Œuf » (sur la place de la Comédie) se regroupent le théâtre municipal, les grands magasins, l’ancienne promenade de l’Esplanade, où voisinent désormais bosquets et parcs de stationnement tout près du musée Fabre. À l’ouest, l’entrée de la vieille ville est marquée par l’arc de triomphe dédié à Louis XIV, avec, au-delà de la ceinture des boulevards, la promenade du Peyrou, prolongée par l’aqueduc Saint-Clément et le jardin des Plantes dû à un édit d’Henri IV. Sur l’ancien terrain militaire du Polygone, la nouvelle mairie constitue l’amorce d’un nouveau centre directionnel, auprès du lycée Joffre, au-delà de l’ancienne gare de Palavas, rasée en 1972, à cinq minutes du dédale des rues du centre historique, où se juxtaposent hôtels rénovés et immeubles insalubres, professions libérales et prolétariat urbain.

Les quartiers de résidence aisée se répartissent sur les collines qui entourent la ville : la Chamberte à l’ouest, l’Aiguelongue et Chênes-Colombières à la limite du campus. Les anciens faubourgs perdent peu à peu leur ancienne personnalité, gagnés par les grands ensembles comme Figuerolles ou les établissements universitaires comme Boutonnet. « Tours » et « rideaux » des collectifs émaillent l’agglomération : Cévennes et Petit-Bard à l’ouest, les Aubes à l’est, Cité-Mion au sud, Croix-d’Argent en bordure de l’avenue de Toulouse. Au-delà de l’ancien bourg rural de Celleneuve, désormais cerné par les copropriétés, la Z. U. P. de la Paillade, qui juxtapose grands ensembles et pavillons individuels, évolue vers un satellite de 30 000 habitants.


L’essor urbain

Après une première poussée de population enregistrée au xviiie s., la ville poursuit sa progression, mais sa voisine Nîmes, qui a déjà franchi le cap des 50 000 habitants dans la première moitié du xixe s., en compte 65 000 contre 56 000 pour Montpellier en 1881. Restée à l’écart du phénomène d’industrialisation, mais devenue la ville du vignoble, la ville draine vers elle des contingents importants de « Gavauds », du Gévaudan, mais également du Rouergue et de la Cévenne : durs au travail, souvent âpres au gain, ceux-ci participent activement au monde des affaires et perpétuent encore de nos jours grâce à des associations multiples les traditions des hauts cantons du Massif central.

La première moitié du xxe s. marque une stagnation : 75 950 habitants en 1901, 80 230 en 1911, 81 548 en 1921, 86 924 en 1931 ; les 90 000 habitants sont atteints à la veille de la dernière guerre, mais le cap des 100 000 n’est pas encore franchi en 1954. Brusquement, Montpellier passe en une quinzaine d’années de 97 501 à 167 211 habitants (soit une progression annuelle de 4 p. 100) ; elle gagne plus de 25 000 unités entre 1954 et 1962, près de 45 000 entre 1962 et 1968, près de 30 000 entre 1968 et 1975, et possède le record national de croissance depuis 1962. Cette explosion est due au solde migratoire, dont plus de la moitié repose sur l’arrivée massive de rapatriés d’Algérie. L’espace péri-urbain n’est pas resté à l’écart de cette croissance accélérée ; les communes de la proche banlieue, comme Castelnau-le-Lez, Saint-Jean-de-Védas, se trouvent désormais reliées à Montpellier sans solution de continuité. De même, les villages de la garrigue proche, jouissant d’un cadre agréable, sont systématiquement gagnés par les lotissements ; sur un vieux fonds rural de communautés villageoises longtemps figées se projette l’omniprésence montpelliéraine.