Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Montañés ou Martínez Montañés (Juan) (suite)

Les retables sont parfois des compositions modestes, qui constituent un cadre pour la niche où est placée la statue du titulaire. On aura de bons exemples de cette formule avec les quatre retables latéraux (1625-1630) de l’église conventuelle de Santa Clara de Séville, dédiés à l’Immaculée Conception, à saint François, à saint Jean l’Évangéliste et à saint Jean-Baptiste. Lorsque le retable est destiné au maître-autel, il forme un ensemble monumental, qui combine, en plusieurs registres et en plusieurs corps, des sculptures en ronde bosse dans des niches, des bas-reliefs et même des peintures. L’exemple le plus représentatif est celui de San Isidoro del Campo de Santiponce (1609-1613), avec les statues des deux saints Jean et quatre bas-reliefs, dont l’élément le plus impressionnant demeure un saint Jérôme agenouillé, vu de profil sur le bas-relief du fond. On citera également les retables majeurs de l’église paroissiale de San Miguel à Jerez de la Frontera (1617), du couvent de Santa Clara, déjà cité (1621-1626), et de l’église paroissiale sévillane de San Lorenzo (1632).

Ce sont les statues — statues de retables et statues isolées — qui offrent le témoignage le plus fidèle du génie de Martínez Montañés. Parti du maniérisme, le sculpteur aboutit au baroque, mais, par ailleurs, il posséda une si parfaite connaissance du corps humain qu’on a pu qualifier son art de réaliste. Cette richesse d’expression stylistique trouva son unité dans un tempérament d’artiste exceptionnellement puissant, qui sut équilibrer les diverses tendances. Son réalisme fut tempéré par la noblesse classique et l’élégance maniériste ; une dignité naturelle lui fit éviter les outrances auxquelles conduisait fréquemment un art aussi populaire que le sien. À l’Espagne* du temps, qui vivait intensément la réforme religieuse du concile de Trente, il offrit une sculpture de dévotion riche de vie, mais en même temps pleine de retenue et de concentration intérieure.

Le rayonnement de Martínez Montañés fut immense. Les peintres autant que les sculpteurs (tels Juan de Mesa et A. Cano*) admirèrent et imitèrent ses créations iconographiques, tour à tour poignantes (Christ de la Clémence, 1603-1606), ingénues et charmantes (Enfant-Jésus tendant les bras, 1607), graves et belles (Immaculée Conception, 1628-1631). Ces trois œuvres appartiennent à la cathédrale de Séville. Nul mieux que Montañés ne mérita le nom de dios de la madera (dieu du bois) que lui donnèrent ses contemporains.

M. D.

 M. E. Gómez Moreno, Juan Martínez Montañés (Barcelone, 1942). / J. Hernández Díaz, Juan Martínez Montañés (Madrid, 1949) ; El Maestro imaginero Juan Martínez Montañés a los cuatrocientos años (Santander, 1968).

Montauban

Ch.-l. du départ. de Tarn-et-Garonne ; 50 240 hab. (Montalbanais).


Au contact du bas Quercy et de l’extrémité occidentale du Languedoc, la ville de Montauban est bâtie sur les rives du Tarn, là où les collines mollassiques s’effacent devant la basse plaine construite par la rivière et la Garonne. Ville de plaine, elle offre cependant un site dissymétrique : le cœur de la cité est sur la rive droite, plus élevée, alors que les faubourgs méridionaux (Villebourbon) sont bâtis sur la basse plaine inondable. Ville du Quercy méridional, Montauban est déjà, par ses constructions en briques rouges, une cité du haut Languedoc.

La vieille ville, bastide fondée en 1144, s’ordonne autour de la place Nationale, œuvre de l’urbanisme des xviie et xviiie s. Elle est construite sur un éperon mollassique, parallélogramme limité par le Tescou et le Tarn au sud, le ruisseau de Lagarrigue, affluent du Tarn, au nord. Cet éperon s’ouvre largement en direction des campagnes quercynoises vers l’est. L’ensemble dresse fièrement au-dessus du Tarn et du Pont-Vieux l’altière silhouette du palais épiscopal, construit vers 1660 et abritant le musée Ingres. Un réseau orthogonal de voies étroites quadrille ce cœur de la cité, très peu adapté aux conditions de la circulation moderne.

Une ample rocade, aménagée à l’emplacement des anciennes fortifications édifiées par les Protestants de 1520 à 1629 et détruites peu après sur l’ordre de Richelieu, ceinture la vieille ville. Elle est jalonnée par une série d’édifices qui soulignent le rayonnement intellectuel, le rôle économique et la place de choix que la cité occupa dans la vie méridionale, notamment aux xviie et xviiie s. : théâtre au nord, halle aux grains au nord-est, préfecture et cathédrale Notre-Dame (symbole de la reprise en main catholique à la fin du xviie s.) au sud-est. Cet ensemble aboutit dans le sud-est de l’agglomération, à de larges espaces verts au voisinage du Tescou (jardin des Plantes). Au-delà s’étendent des faubourgs, construits à la fin du xviiie s. et dans le courant du xixe : Ville-Nouvelle au nord, dont les rues convergent vers la place de la Libération, point de départ de la route de Paris ; l’industrieux et ouvrier Sapiac entre le Tescou et le Tarn, Villebourbon, où immeubles bas, entrepôts divers et bâtiments industriels se mêlent entre le Tarn et la voie ferrée Bordeaux-Toulouse au sud.

L’ample courbe de celle-ci, en remblai, par ailleurs, au-dessus de la plaine alluviale inondable, a stoppé l’extension de la ville au sud du Tarn. Au nord et à l’ouest, la place était limitée par la présence de bâtiments officiels encore proches du centre (hôpital, casernes, prison), par celle de grands espaces verts (où a été construit par Bourdelle* le monument aux morts) en bordure du Tarn et par celle d’un vaste cimetière. Les habitations s’étirent le long des grandes routes dans ce quartier, où, en bordure de la voie ferrée de Paris, a été édifié le marché d’intérêt national. C’est vers l’est, souvent aux dépens des cultures spécialisées, que la croissance urbaine se manifeste avec le plus de vigueur de part et d’autre des routes vers Cahors et Albi.