Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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monotype (suite)

Depuis 1950 environ sont apparus des monotypes destinés à la promenade ou à la pêche, à la croisière côtière, voire à la grande croisière. À l’origine, ce mode de fabrication concerne de petites unités, inspirées des bateaux de compétition en vogue à l’époque ; on augmente la stabilité de forme, on diminue la surface de voilure et on améliore le confort, le plus souvent en ajoutant, en avant du cockpit, un roof qui ménage une petite cabine, comportant éventuellement couchettes, table et armoires.

Le « Bélouga », monotype à dérive de 6,50 m de long, dessiné par E. Cornu en 1944, est en France l’ancêtre d’une longue lignée de bateaux de camping et de petite croisière. Rapide et sûr, il répond aux désirs d’un nombre toujours accru de yachtsmen. Comme les monotypes de même importance, il peut prendre place sur une remorque tractée par une voiture de tourisme. Il est alors facile de le déplacer si l’on souhaite changer d’horizon ou de climat. La série comprend près de 1 000 unités ; la coque est à présent généralement réalisée en plastique.

Mais, au fur et à mesure que leurs connaissances de la mer s’améliorent, les adeptes de ce type de navigation désirent aller plus loin. Aussi se tournent-ils vers des séries de bateaux plus importants. Pour satisfaire cette clientèle, les architectes et les constructeurs réalisent des monotypes de plus en plus grands. Partant de jauges données, ils offrent des bateaux qui peuvent atteindre jusqu’à 15 m de longueur.

Parmi les différentes séries de monotypes de promenade ou de croisière lancés sur le marché depuis une vingtaine d’années, celles qui ont apporté un style nouveau ou qui ont connu un succès particulier sont notamment :

• le « Corsaire », dessiné par J.-J. Herbulot en 1953, construit sur moule en contre-plaqué et mesurant 5,50 m de long, pour un poids de 550 kg ;

• le « Golif », de J.-P. Jouët, qui correspond au moment de son lancement au souci des amateurs de petite croisière d’acquérir un bateau plus fort, mieux à même de les conduire plus loin ;

• l’« Écume de Mer », de 7,90 m, en plastique, pesant 1 600 kg ;

• l’« Arpège », de M. Dufour, en plastique également, mesurant 9,25 m et pesant 3 500 kg, bateau qui se distingue dans des courses océaniques ;

• la « Brise de Mer », en aluminium, d’une longueur de 9,35 m pour un poids de 3 500 kg, etc.

Outre la promenade et la croisière, rien n’interdit aux propriétaires de monotypes de participer entre eux à des régates, voire au championnat national qui existe dans la plupart des séries, car la régate est un puissant pôle d’attraction s’ajoutant aux joies de la croisière.


Les monotypes de compétition

Si la construction monotype permet d’abaisser le coût de la construction, elle se fonde également et par définition sur la réalisation de bateaux aussi semblables que possible les uns par rapport aux autres. Il est donc normal, lorsqu’il s’agit de créer des bateaux de compétition appelés à participer aux mêmes épreuves, de les construire sur un même plan pour qu’ils présentent des qualités sensiblement identiques. À l’heure actuelle, il serait difficile de concevoir une régate qui ne mette pas aux prises des monotypes, chaque équipage ayant ainsi des chances égales, mis à part les questions de talent personnel, d’entraînement et d’état du matériel. Le départ est donné en même temps, et le classement est établi au fur et à mesure des arrivées, sans correction de temps.

Le développement remarquable du yachting léger de compétition a entraîné, au cours des vingt dernières années, une multiplication des séries de monotypes, tant en France qu’à l’étranger. Il en est résulté une amélioration à tous points de vue des bateaux, chaque série nouvelle bénéficiant de l’expérience acquise ; mais dans chaque série l’effectif des propriétaires diminue au fur et à mesure que le nombre de séries s’accroît, et les bateaux se démodent plus vite.


Les premiers monotypes

La construction en série de monotypes de compétition remonte à la période qui se situe entre les deux guerres.

• Le « M. M. M. », ou « Monotype Minimum de la Manche », le « Chat » et le « Snipe » prennent place parmi les plus anciens et parmi ceux qui ont été construits en un nombre d’exemplaires important pour l’époque. Il s’agit de monotypes à deux équipiers, gréés en sloop, dont la coque est en forme avec quille lestée pour les deux premiers, à bouchain vif et à dérive pour le troisième.

• Une place à part doit être faite au « Star », monotype à deux équipiers dont le plan d’origine, dû à l’architecte américain William Gardner, date de 1911. Série olympique de 1932 à 1972, il a été réalisé à près de 5 000 exemplaires dans le monde entier et a bénéficié de perfectionnements constants apportés notamment au gréement. La « Star Class » était, en matière de yachting, l’association internationale la plus puissante.

• Dans la catégorie des monotypes de compétition en solitaire, en France, figure un dériveur, le « Sharpie de 9 m2 », dessiné par Pierre Staempfli en 1938 à la demande du Cercle de la voile de Paris ; sa coque à bouchain vif, à tonture inversée, très pincée à l’avant, au large maître bau lui assurant une grande stabilité de forme, était apparue comme véritablement révolutionnaire. La voile (gréement en cat-boat) s’inspirait, avec ses cinq lattes dont les trois supérieures étaient des lattes forcées, des solutions en vigueur sur les plans d’eau intérieurs de l’Europe centrale. Les 1 400 « Sharpie de 9 m2 » qui ont été construits ont largement contribué en France au développement du yachting léger de 1938 à 1960, mais son mauvais comportement en mer a mis fin à sa carrière.

• Plus récemment, dans la catégorie des monotypes à deux équipiers, se place le « Vaurien », dessiné en 1952 par J.-J. Herbulot ; de construction très simple et peu coûteuse, il compte plus de 20 000 exemplaires en Europe et permet à de très nombreux débutants de s’initier au sport de la voile.