Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

monnaie (suite)

swap, opération par laquelle un opérateur se couvre contre le risque d’une opération de change. Si un opérateur a besoin d’une quantité de devises donnée, il va se faire prêter par un autre opérateur cette quantité contre promesse d’effectuer l’opération inverse à une échéance fixée d’avance. Le premier opérateur va prêter en échange le montant équivalent dans une autre devise, qui lui sera rendu au moment de l’échéance.

taux du report , différence entre le taux de change au comptant et le taux de change à terme d’une monnaie A par rapport à une monnaie B prenant naissance théoriquement dans les différences de taux d’intérêt entre les places A et B. On assiste ainsi à un report de A par rapport à B, si le taux d’intérêt pratiqué sur A est inférieur au taux d’intérêt pratiqué sur B. Une monnaie A est par contre traitée avec un « déport » par rapport à B quand on est dans la situation inverse.

A. B.


L’équilibre monétaire international

L’équilibre monétaire international est la résultante des mouvements qui tendent à assurer les équilibres nationaux : cet équilibre international ne s’obtient qu’au moyen de tensions qui remettent constamment en question les équilibres nationaux.

La nécessité d’un équilibre monétaire international vient du fait que les échanges monétaires internationaux sont fonction de facteurs qui sont les mêmes que pour la demande d’encaisse nationale : besoins de transactions, de précaution et de spéculation. Les besoins de transactions sont naturellement liés aux échanges commerciaux internationaux. Les besoins de précaution sont dus au fait que les valeurs relatives des monnaies changent (si certains paiements doivent être effectués dans une monnaie donnée, il est bon, pour un producteur par exemple, de connaître le montant en monnaie nationale qu’il faudra débourser, afin de ne pas ignorer le prix de revient d’un produit incluant des biens et services étrangers). Les besoins de spéculation, enfin, sont fonction des taux de rendement que peut obtenir une monnaie nationale dans les différents pays envisagés.

Le marché sur lequel se fait ou se défait l’équilibre monétaire international est le marché des changes. Sans entrer dans le détail, on peut dire que sur ce marché s’affrontent la demande et l’offre des différentes monnaies. Chaque monnaie a un taux de change qui représente un certain nombre d’unités de chaque autre monnaie. Si la demande de monnaie nationale est forte, le taux de change a tendance à se relever, c’est-à-dire que pour une unité de monnaie nationale on a plus d’unités monétaires d’une autre monnaie. Si la monnaie nationale fait au contraire l’objet d’une offre supérieure à la demande, le taux de change diminue, c’est-à-dire qu’une unité de monnaie nationale représente moins d’unités des autres pays.

Dans les deux cas, le taux de change est celui auquel la demande et l’offre s’équilibrent. Le taux de change reflète donc la demande et l’offre d’une monnaie donnée sur le marché mondial. Il convient d’analyser les facteurs qui influent sur cette offre et cette demande.

Il est difficile de faire une liste complète des facteurs qui peuvent influencer directement ou indirectement la demande de monnaie ; on peut cependant citer : le niveau des exportations, qui a une très grande importance ; le niveau des prix relatifs des biens et services d’un pays comparés à ceux d’un pays éventuellement acheteur ; le niveau des taux d’intérêt (plus ceux-ci seront élevés et plus l’étranger aura tendance à placer ses encaisses dans le pays et sera donc demandeur de la monnaie nationale ; il est évident que ce qui est intéressant c’est le niveau relatif des taux d’intérêt, comparés à ceux des autres pays). Enfin, toute une série de facteurs politiques et fiscaux peuvent jouer. Les pays à fiscalité réduite retiendront l’attention des investisseurs étrangers. Il en est de même des pays qui ont des institutions stables : dans certains cas comme la Suisse, le pays bénéficie d’une demande importante de ses devises bien que les taux d’intérêt offerts soient faibles. Les facteurs qui agissent sur l’offre sont les mêmes que ceux qui agissent sur la demande, mais il faut remplacer les exportations par le niveau des importations.

Ces facteurs multiples permettent d’expliquer les tendances à long terme qui agissent sur l’équilibre : mais des tendances à court terme peuvent créer un niveau d’équilibre tout différent. Un des facteurs les plus importants est la réserve d’or et de devises et l’état de la balance des paiements. Les réserves de change sont composées d’or et de devises et permettent à un pays donné de régler ses dettes en monnaie étrangère. En effet, si la balance des paiements (qui n’est rien d’autre que la comptabilisation des flux monétaires entrant et sortant d’un pays) est en déficit, le pays devra sortir des devises étrangères ou de l’or pour régler ses transactions ; si celle-ci est en excédent, le pays verra, en revanche, son stock d’or et de devises s’accroître. Les observateurs à l’affût d’opérations à court terme sont très attentifs à l’état des stocks d’or et de devises des différents pays et à l’état de sa balance des paiements.

Il faut préciser que la plupart des monnaies ne se négocient pas à un taux librement fixé par le marché, mais en réalité dans d’étroites limites autour d’un taux qui est le taux de change officiel. Ce taux de change officiel est calqué sur le taux du marché, mais, pour le défendre, les banques centrales procèdent à des achats et des ventes de devises. L’intérêt d’avoir un taux de change fixe est de permettre à un pays donné de se défendre contre la propagation de mouvements économiques indésirables provenant d’autres pays. Cependant, quand un effort trop important est fait pour défendre la parité d’une monnaie donnée (cela arrive lorsque — pour des raisons liées notamment à la balance commerciale — le taux du marché tend fondamentalement à s’écarter du taux officiel), un mouvement de spéculation apparaît à la hausse ou à la baisse, fondé sur la possibilité d’une modification du taux de change officiel.