Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mongolie (République populaire de) (suite)

Oulan-Bator

La capitale, Oulan-Bator (« Héros rouge »), s’est développée à partir de l’ancienne Ourga fondée en 1639 pour devenir la résidence du « Bouddha vivant », le Grand Lama, chef de l’Église mongole. Elle avait 40 000 habitants au début du xxe s. et en compte aujourd’hui plus de 250 000. Elle est située au creux des contreforts occidentaux du Khenteï, sur un affluent de l’Orkhon, la Toula, au cœur de la région la plus fertile de la Mongolie (en 1639, Ourga avait été établie à 300 km plus à l’est ; l’implantation actuelle date de 1778).

Autour du grand monastère de Gandan, cœur de la ville, s’était développé un ensemble de quartiers voués à l’artisanat et au commerce, prolongés par toute une agglomération de yourtes. C’est seulement à partir de 1945 qu’une véritable urbanisation a été entreprise, dotant la ville d’un centre monumental aux grands édifices : Assemblée nationale, ministères, Musée national, théâtre, université, construits dans le style du baroque stalinien de l’époque. Les quartiers périphériques plus récents, aux larges avenues selon un plan en damier, sont d’une facture plus sobre, alliant le béton, l’acier et le verre, et au-delà persistent encore les yourtes qui donnent son caractère très spécifique au phénomène urbain mongol. Oulan-Bator, capitale politique, administrative et culturelle de la Mongolie, en est aussi le grand centre industriel, fournissant 40 p. 100 de la production du pays et occupant les deux tiers de la main-d’œuvre industrielle.

P. T.


L’histoire

La chute de la dynastie mandchoue en Chine en 1911 permit aux Mongols de proclamer leur indépendance en décembre 1911. Toutefois, la partie sud-est, où Mongolie-Intérieure, ainsi que le Turkestan chinois (Xinjiang [Sin-kiang]), où s’étaient établis les Empires kachgar et dzoungar, restèrent sous domination chinoise.

La Mongolie-Extérieure, devenue Mongolie autonome sous la direction d’un bogdo-khān (le Bouddha vivant d’Ourga), se place en fait dès 1912 sous protectorat russe. Mais, à la chute du tsarisme, la Chine abolit l’autonomie (1919) et désarme l’armée mongole. Celle-ci y est bientôt supplantée d’ailleurs par les forces de l’armée blanche du baron R. von Ungern-Sternberg, qui, en 1921, est renversé à son tour par les troupes soviétiques.

L’autonomie est alors restaurée, et un gouvernement provisoire est mis en place (31 mars 1921), signant bientôt un traité d’amitié avec Moscou.

À la mort du bogdo-khān, la Mongolie se proclame république populaire (26 nov. 1924), adopte une constitution sur le modèle soviétique et prévoit un partage des terres et des troupeaux, l’annulation des dettes étrangères et la transformation du commerce extérieur en monopole d’État. La capitale du pays, Ourga, reçoit le nom d’Oulan-Bator, et le parti mongol, à la fondation duquel ont contribué D. Sükhe-Bator (1893-1923) et Kh. Tchoibalsan (1895-1952), celui de parti révolutionnaire du peuple mongol (P. R. P. M.). Les troupes soviétiques quittent la Mongolie en 1925, mais, après l’attaque du Japon contre la Chine en 1931, les Mongols signent en 1936 un traité d’alliance avec l’U. R. S. S., et les armées soviétiques réoccupent alors le territoire de la République mongole.

La Mongolie, dont Tchoibalsan est devenu Premier ministre, est attaquée en 1939 par les Japonais, mais l’armée soviéto-mongole est la plus forte et un accord vient bientôt fixer la frontière entre la Mandchourie et la Mongolie. En 1944, le nord-ouest du pays, peuplé de Samoyèdes turquisés, est réuni à la R. S. F. S. de Russie sous le nom de région autonome de Touva.

En novembre 1945, la Mongolie se prononce par plébiscite en faveur d’une indépendance qui est reconnue par la Chine en janvier 1946 et garantie par un traité sino-soviétique en février 1950. En 1946, un nouveau traité d’alliance est signé avec les Soviétiques. Les visites officielles du Premier ministre mongol Tsedenbal à Pékin en 1952, celle de Zhou Enlai (Tcheou Ngen-lai) à Oulan-Bator en 1954 normalisent les relations de la Mongolie avec la Chine populaire. En 1961, la Mongolie est admise à l’O. N. U.

Un rôle important mais difficile va lui échoir après la détérioration des rapports sino-soviétiques à partir de 1962. La Mongolie prend dès le début le parti de l’U. R. S. S. : cette attitude lui vaut de perdre l’aide économique de la Chine et entraîne la cessation de tout le trafic commercial entre la Chine et l’U. R. S. S., qui passait par la Mongolie (ligne de chemin de fer d’Oulan-Bator à Oulan-Oude sur le Transsibérien et qui se prolonge au sud et rejoint en Chine, à Jining [Tsi-ning], la ligne qui conduit à Pékin).

Pour son développement économique, la Mongolie doit avoir recours plus que jamais à l’U. R. S. S., avec laquelle elle signe de nombreux accords : traité de paix et d’amitié en 1965, traité d’assistance économique en 1965 également, alliance militaire en 1966. En 1966 également, elle s’efforce de reprendre une politique de coopération avec la Chine. Mais elle rompt les relations diplomatiques et économiques avec cette dernière dès la Révolution culturelle.

Pour contrebalancer l’influence soviétique, elle s’ouvre à cette époque au monde occidental (établissement des relations diplomatiques avec la France en 1965, notamment).

Le parti révolutionnaire du peuple mongol (P. R. P. M.) est la force politique dirigeante. Iumdjagine Tsedenbal (né en 1916) en est le secrétaire général (de 1940 à 1954 et depuis 1958) et exerce, depuis 1952, les fonctions de chef du gouvernement. Le Parlement (ou Grand Khural) est élu au suffrage universel.

P. P. et P. R.

 C. R. Bawden, The Modern History of Mongolia (Londres, 1968). / A. Stolypine, la Mongolie entre Moscou et Pékin (Stock, 1971). / J. E. Vidal, la Mongolie (Julliard, 1971). / J. Legrand, le Choix mongol (Éd. sociales, 1975).