Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mollusques (suite)

Le groupe des Tarets comprend de multiples formes tristement célèbres par les longues galeries qu’elles creusent dans les bois immergés. Le creusement débute peu après la fixation des larves, dont les valves deviennent coupantes, finement denticulées. Le bord antérieur est le bord d’attaque ; ses denticulations agissent comme des scies. D’autres dents, plus fortes, élargissent la galerie, où le corps du Taret s’allonge jusqu’à devenir vermiforme. L’extrémité postérieure de l’animal, représentée par ses siphons, affleure à peine à l’extérieur de la galerie ; elle porte des « palettes » qui clôturent l’ouverture si l’occupant est inquiété. Les galeries de certains Tarets atteignent 1,20 m de long (Bankia). Les Tarets ont la propriété de digérer la cellulose. D’autres perforants, les Xylophages, attaquent les bois et même certains isolants des câbles sous-marins.


Commensalisme. Parasitisme

C’est peut-être dans les relations des Mollusques entre eux ou avec un grand nombre d’autres organismes que se manifestent le mieux les facultés d’adaptation de ces animaux. Les faits de symbiose les plus classiques se rapportent aux Bactéries photogènes hébergées par quelques Céphalopodes luminescents et aux Zooxanthelles qui prolifèrent dans le manteau des Bénitiers et de quelques autres Bivalves. Ces Algues unicellulaires tirent à coup sûr des avantages de leurs hôtes, mais il semble que ces derniers puissent les digérer progressivement.

Le commensalisme ne peut guère trouver de meilleure expression que lorsqu’un Prosobranche comme Capulus s’établit au bord de l’ouverture d’autres Mollusques, sur le trajet de leurs courants alimentaires. C’est pour bénéficier d’avantages du même ordre que d’autres Mollusques vivent à l’entrée du terrier de Crustacés, aux extrémités du tube digestif d’Échinodermes et même sur d’autres animaux.

Si l’on excepte les glochidiums des Unionidés, qui se fixent un temps sur les branchies de Poissons, les Mollusques parasites se répartissent dans quelques familles de Gastropodes. L’adaptation à un tel genre de vie donne l’impression de s’être faite par étapes, car tous les degrés existent entre l’ectoparasitisme, proche du commensalisme, et l’endoparasitisme le plus complet. Mais, si les dommages infligés aux hôtes, qui sont souvent des Échinodermes, paraissent bénins, il n’en est pas de même des répercussions de ce genre de vie sur l’organisation des Mollusques. La trompe se développe, assure la fixation, s’adapte à la succion, tandis que le pied se réduit chez certains ectoparasites peu modifiés. Les endoparasites sont plus affectés : la coquille disparaît, les différents appareils régressent et, finalement, les formes les plus modifiées deviennent des sortes de longs sacs ne contenant plus que des embryons. Parenteroxenos dogieli (Entoconchidé), trouvé dans les Holothuries, est si modifié qu’il se présente sous la forme d’un long ver qui atteint 1,30 m de long et de 4 à 5 mm de diamètre. À ce titre, c’est du reste le plus grand des Gastropodes.

Beaucoup de Mollusques sont eux-mêmes parasités par un grand nombre d’animaux. Certaines Limnées sont des hôtes intermédiaires de larves de Trématodes. Des Planorbes et des Bulins sont également, en de nombreux points du globe, vecteurs de Schistosomes, agents de bilharziose. Les Mollusques marins hébergent de nombreuses formes de Trématodes dont les cercaires peuvent envahir toute la gonade et opérer une véritable castration parasitaire. Les Prosobranches font preuve, à cet égard, d’une résistance extraordinaire, car ils subsistent en dépit du remplacement de leurs organes par des cercaires. La castration parasitaire affecte aussi les Scaphopodes, au moins sur nos côtes de la Manche.


Mollusques utiles, Mollusques nuisibles

Outre les nombreux Mollusques comestibles (Huître et Moule en particulier), les Huîtres perlières ont un grand intérêt. Les perles naturelles qu’elles produisent résultent d’une sécrétion de la paroi externe du manteau, déclenchée comme une réaction de défense contre la présence de corps étrangers, qui seraient souvent des larves de Cestodes parasites de Poissons. Ces corps sont progressivement recouverts par de la nacre, déposée en couches concentriques très minces, qui confèrent aux perles leurs trois qualités principales : l’éclat, le lustre et l’orient. Le pouvoir nacrigène des Huîtres perlières est mis à profit au Japon, où les producteurs obtiennent des perles après avoir placé sous le manteau des Huîtres un petit fragment de nacre inclus dans un lambeau de manteau.

Plusieurs Moules d’eau douce (Unios) fournissent des perles qui ont été jadis assez recherchées.

Au nombre des Mollusques nuisibles, il convient de citer surtout, outre les perforants, qui causent de grands dégâts aux installations portuaires et aux coques de navires, l’Achatine (Achatina fulica), qui, originaire de l’Afrique orientale, a été introduite en Inde au siècle dernier. Elle s’est répandue dans tout le Sud-Est asiatique et même aux Hawaii. Elle commet de très importants dommages en détruisant de nombreux végétaux.

Enfin, par les parasites pour lesquels ils jouent le rôle d’hôtes intermédiaires, plusieurs Pulmonés et même certains Prosobranches sont dangereux. Un effort considérable est fait depuis plusieurs années en divers points du globe pour supprimer les foyers de contamination, notamment en Afrique et à Madagascar : assèchement ou drainage des canaux, des pièces d’eau, emploi d’agents chimiques et même emploi de Mollusques prédateurs.

A. F.

➙ Amphineures / Bivalves / Céphalopodes / Gastropodes / Huître / Moule / Scaphopodes.

 F. W. Lane, Kingdom of the Octopus (Londres, 1957). / J. E. Morton, Molluscs (Londres, 1958 ; 4e éd., 1967). / C. P. Raven, Morphogenesis. The Analysis of Molluscan Development (Oxford, 1958 ; 2e éd., 1966). / P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de zoologie, t. V, fasc. 2 et 3 (Masson, 1960-1968 ; 2 vol.). / V. Fretter et A. Graham, British Prosobranch Molluscs (Londres, 1962). / K. M. Wilbur et C. M. Yonge, Physiology of Mollusca (Londres, 1964-1966 ; 2 vol.). / A. Boyer, les Coquillages comestibles (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968).