Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mollusques (suite)

Chez la Pholade (Bivalve), la production de lumière a son siège sur les siphons ou dans la cavité palléale, en des zones glandulaires à mucocytes et à cellules photogènes chargées de granulations. La substance lumineuse, dont les propriétés ne se manifestent qu’en présence d’oxygène, mais disparaissent sous l’influence du gaz carbonique, est produite, selon R. Dubois (1885-1928), par action d’une enzyme oxydante, la luciférase, sur un composé oxydable, la luciférine. Cette même réaction a lieu également chez un petit Pulmoné des eaux douces de la Nouvelle-Zélande, qui émet une lumière violette due à des traînées de mucus luminescent.

Les photophores des Céphalopodes sont, de tous, les plus remarquables ; ils atteignent une grande complexité ; la lumière émise par certains de ces animaux peut changer de couleur à volonté (v. Céphalopodes).


Fonctions de la cavité palléale

La cavité palléale des Mollusques aquatiques est essentiellement le siège de mécanismes respiratoires, mais, pour beaucoup de Bivalves et pour un certain nombre de Prosobranches, c’est aussi le lieu de capture des petits organismes contenus dans le courant d’eau qui y parvient. Les branchies sont des organes fort délicats, constitués de minces filaments ciliés, unis entre eux de distance en distance par des sortes de brides (Huître). L’eau qui doit être filtrée entre les filaments ne saurait contenir ni substances toxiques, ni sédiments en excès. Or, d’une part, les émonctoires rejettent des déchets ammoniacaux, des fèces, et, d’autre part, l’eau dans laquelle vivent les Mollusques contient souvent une grande quantité de vase en suspension. La pollution est évitée grâce à des dispositifs sensoriels comme les osphradies, qui, placées à l’entrée de la cavité palléale, renseignent les animaux sur la teneur en sédiments, grâce aussi à des courants très précis qui éloignent des branchies les produits solubles et insolubles du métabolisme. Les glandes hypobranchiales participent à l’épuration de l’eau, car leur sécrétion capte et enrobe les particules de vase. La ciliature, dont l’action est favorisée par celle du mucus, entraîne les déchets hors de la cavité palléale, mais, éventuellement, elle effectue un tri des matériaux et conduit à la bouche les particules alimentaires.


Nutrition, régime alimentaire, mode de capture des aliments

Les modes de capture de la nourriture mis en œuvre par les Mollusques accentuent fortement l’originalité de ce groupe, qui comprend des formes herbivores, carnivores et des microphages. Ces derniers se recrutent surtout, bien entendu, parmi les Mollusques dépourvus de radula.


Herbivores

Les Patelles, les Chitons semblent se satisfaire des petites Algues qui revêtent les roches, sur lesquelles ils mènent une vie relativement sédentaire. Bien d’autres herbivores recueillent les minces revêtements d’Algues en rapprochant leurs dents, longues, fines et très nombreuses, qui agissent dès lors comme des balais. C’est ce que montrent parfois les traces laissées sur les parois verdies d’un aquarium où prolifèrent les Algues unicellulaires. L’Haliotis est aussi un véritable herbivore qui broute plusieurs espèces d’Algues.

Le mode d’action de la radula se rapproche bien plus de celui d’une râpe chez l’Escargot, où les dents, au nombre de plus de 20 000, sont petites et courtes.


Carnivores

Outre les Céphalopodes, qui sont à peu près tous carnivores, on connaît beaucoup de Gastropodes qui sont adaptés de plusieurs façons à ce régime, soit qu’ils broutent les tissus, soit qu’ils aspirent le sang, soit qu’ils ingurgitent leurs proies après les avoir capturées de diverses façons. Certains aussi, comme les Nasses, recherchent les cadavres de plusieurs sortes d’animaux.

On remarque souvent sur des Spongiaires ou des Cœlentérés, ou même sur des Ascidies certaines espèces de Prosobranches et de Nudibranches qui en broutent les tissus, parfois après avoir introduit leur trompe dans les orifices naturels du corps. En pleine mer, les Janthines se nourrissent de même de Velelles et de Physalies. Plus voraces, les Pterotrachea ingurgitent des Annélides aussi longues qu’elles et d’autres proies de moindre dimension.

Mais, à côté de ces modes de capture relativement passifs, on en connaît d’autres qui dénotent une certaine ingéniosité. Le robuste Murex fortispina recherche des Bivalves de belle taille et, pour en ouvrir les valves, il introduit entre celles-ci une saillie dentiforme de sa propre coquille, puis, patiemment, il agrandit l’ouverture. D’autres Prosobranches fragmentent le bord de la coquille des Bivalves ou agissent par surprise. Un autre procédé, utilisé par les Natices et plusieurs Murex, consiste à forer dans les coquilles de Bivalves un orifice suffisant pour livrer passage à la trompe. À cet effet, un organe de forage situé à la partie antérieure du pied prépare l’attaque par la radula.

Les Céphalopodes sont d’excellents chasseurs pouvant bondir sur leurs proies et les blesser profondément avec leurs fortes mâchoires en bec de perroquet. Les Seiches dégagent les Crevettes enfouies en projetant sur le sable un violent jet d’eau.


Mollusques venimeux

La radula très spécialisée des Cônes est en rapport avec une glande à venin dont la sécrétion peut être inoculée à une proie située à quelque distance. Le Cône allonge sa longue trompe, harponne sa proie (Poisson, Annélide), puis, lorsque celle-ci est paralysée, ce qui nécessite fort peu de temps, il l’attire vers sa bouche pour l’engloutir. Conus geographus, C. textile sont responsables de la mort d’enfants ou d’hommes qui les avaient capturés sans prendre de précautions. D’autres espèces sont probablement très dangereuses et peut-être mortelles (C. cactus, C. obscurus, C. quercinus, C. tulips).


Adaptation à la succion

Les Pyramidellidés, Gastropodes de petite taille, vivent en ectoparasites sur des Annélides, des Échinodermes, et on les trouve aussi au bord des valves de Moules. Ils se nourrissent du sang de leurs hôtes, qu’ils aspirent à l’aide d’une trompe fort longue et fort perfectionnée. Leur appareil radulaire a disparu, mais on a récemment décrit chez Odostomia plicata un appareil buccal qui le remplace. Les dents sont remplacées par un long stylet enroulé en cornet, qui fore les tissus et qui est en relation avec deux jabots suceurs. Le jeu d’une musculature complexe assure l’aspiration des humeurs du corps de l’hôte.