Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Moïse (suite)

Problèmes historiques

Le récit biblique pose des problèmes, à commencer par l’étymologie du nom de Moïse, que l’on s’accorde aujourd’hui à considérer comme un nom égyptien signifiant « fils » ou « garçon ». Ce mot entre dans la composition des noms de certains pharaons : Touthmosis, Ramsès, etc. La présence des Hébreux en Égypte parmi toutes les populations sémitiques qui travaillaient aux mines et aux constructions est plausible. Certains de ces étrangers, dont la formation était assurée sous la surveillance de femmes de la haute société, pouvaient être employés comme scribes et comme militaires. Le document qui en parle est recoupé par le récit biblique selon lequel la fille du pharaon éleva Moïse ainsi que par certaines légendes tardives racontant que celui-ci guerroya en Éthiopie. Le récit de la découverte de Moïse dans une corbeille ressemble aussi à celui de la naissance de Sargon d’Akkad, également trouvé dans une corbeille au bord d’une rivière. On discute de l’identité du pharaon protecteur de Moïse : il pourrait être Horemheb (v. 1320 av. J.-C.), et aussi du pharaon oppresseur, qui fut peut-être Seti Ier (1312-1298), lequel utilisa la main-d’œuvre étrangère du Delta pour fortifier la région en prévision d’attaques venues de l’est. Le pharaon de l’Exode serait Ramsès II, successeur de Seti Ier ; il aurait refusé la libération des Hébreux à cause de révoltes qui se produisirent en Canaan en 1291. Mais ce pourrait aussi bien être Mineptah (1235-1224), successeur de Ramsès. Avec beaucoup d’exagération, on a voulu attribuer aux Madianites, parmi lesquels Moïse séjourna, une certaine influence sur les idées religieuses de celui-ci. Il est de fait que Jethro joua un certain rôle dans la vie du peuple au désert, mais il y a de très grandes différences entre les croyances qui se révèlent dans le Pentateuque et celles des peuplades du Sinaï.


Tradition biblique

Dans la tradition biblique, Moïse est considéré comme un prophète inégalé, favorisé par des révélations directes. Il est l’intermédiaire reconnu entre Dieu et Son peuple. Il est l’intercesseur qui souffre pour ses protégés, mais le trait qui dominera tout, dans la Tradition, sera son rôle de législateur ; on parlera de la « loi de Moïse ».

E. G.

➙ Bible / Hébreux / Judaïsme / Mythe et mythologie.

 M. Abraham, Légendes juives apocryphes sur la vie de Moïse (Geuthner, 1925). / M. A. Halévy, Moïse dans l’histoire et dans la légende (Rieder, 1927). / H. Cazelles et coll., Moïse, l’homme de l’alliance (Desclée et Cie, 1955). / M. Buber, Moïse (en hébreu, Tel Aviv, 1945 ; trad. all., Zurich, 1948 ; trad. fr., P. U. F., 1957). / M. Gaubert, Moïse face à l’éternel (Mame, 1965).

moisissures

La notion de moisissure est liée à une altération visible des biens de consommation ou des matériaux inertes, sur lesquels se développe une végétation microscopique.


En termes botaniques, on peut tenter de définir les moisissures comme des Micromycètes saprophytes intéressant l’économie humaine. Ce concept admet non seulement les espèces malfaisantes, mais aussi des Champignons microscopiques exploités dans l’industrie ou pour l’alimentation. Au sens le plus large, on qualifie de moisissures les Micromycètes du sol, qui sont à l’origine de beaucoup de contaminations. On étend cette notion à des espèces dont les relations avec un hôte vivant relèvent du parasitisme aussi bien que du saprophytisme : moisissures des fruits ou des tubercules en entrepôt, moisissures fongicoles, Champignons « opportunistes » qui s’installent sur des organismes affaiblis ou blessés... On peut également définir les moisissures en fonction d’un substrat spécifique, d’une activité ou de conditions de développement particulières. Les moisissures apparaissent ainsi dans les domaines les plus variés de l’activité humaine, et leur étude intéresse de multiples disciplines.


Conditions de développement

Les besoins élémentaires des moisissures sont ceux qui sont définis pour l’ensemble des Champignons saprophytes. Pour s’installer sur un substrat et y végéter, elles exigent absolument de l’oxygène et de l’eau, des substances alimentaires carbonées et azotées, des sels minéraux, des vitamines, etc. ; la température, le pH du milieu conditionnent aussi leur développement. Toutefois, dans leurs exigences alimentaires, leurs réactions aux conditions externes, leur résistance aux facteurs défavorables, elles manifestent une extrême diversité.

À la différence des Bactéries, nul groupe de moisissures n’est strictement anaérobie. Cependant, certaines espèces, microaérobies, végètent à l’intérieur de milieux faiblement oxygénés (sol, fromages de type roquefort, fourrages ensilés...). La plupart des spores fongiques germent et progressent au sein des liquides : une flore spécifique attaque les débris animaux ou végétaux, les bois immergés en eau douce ou en milieu marin. En atmosphère confinée, l’accumulation du CO2 produit par la respiration freine ou supprime la croissance des moisissures, mais parfois une partie du gaz est réabsorbée et investie dans le métabolisme carboné.

L’eau est indispensable au développement des moisissures, qui, pour la plupart, se manifestent seulement en atmosphère humide ou sur des substrats imprégnés d’eau. Quelques espèces s’accommodent cependant de très petites quantités d’eau libre et colonisent des supports apparemment secs. Une flore osmophile, étroitement spécialisée (Levures, Aspergillus des groupes glaucus, candidus, versicolor), se développe sur les produits sucrés (miel, confitures), les fruits secs, le tabac et dans les silos de céréales. La quantité de substances nutritives requise par les Micromycètes saprophytes est extrêmement faible. On en trouve sur le bois verni, les objets de métal ou de plastique, les lentilles et les prismes des instruments d’optique, à la faveur de poussières ou de traces de graisses, sur les textiles, les papiers, dont elles utilisent l’apprêt, dans les solutions minérales, l’encre, etc. ; certaines moisissures, pourvues d’un équipement enzymatique spécifique, dégradent des substances organiques complexes : cellulose, chitine, lignine, hydrocarbures.