Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mœurs (infractions contre les) (suite)

Enfin, une loi du 16 juillet 1949 interdit toute illustration, tout récit ou toute rubrique présentant sous un jour favorable la débauche dans une publication, périodique ou non, principalement destinée aux enfants et aux adolescents. Le ministre de l’Intérieur peut, de plus, interdire :
1o le fait de proposer, de donner ou de vendre à des mineurs de dix-huit ans des publications présentant un danger en raison de leur caractère licencieux ou pornographique ;
2o d’exposer ces publications à la vue du public ou d’effectuer une publicité à leur sujet.

M. L. C.

➙ Contravention / Délit / Prostitution.

Moghols (Grands)

Dynastie indienne (1526-1858).



Introduction

En avril 1526, Bābur (ou Bāber [1483-1530]), petit prince du Fergana, fondait l’Empire moghol. Qui aurait pu penser qu’il s’agissait là d’une œuvre durable ? N’était-ce pas un raid d’envahisseurs musulmans comme l’Inde en avait tant connu ? Les Mémoires de Bābur, rédigés en turc oriental, pourraient d’ailleurs renforcer cette impression : « [...] L’Hindoustan est un pays qui offre peu d’agréments. Ses habitants ne sont pas beaux. Ils n’ont aucune idée des charmes d’une société d’amis ou de rapports familiers. Ils n’ont ni génie, ni ouverture d’esprit, ni manières courtoises, ni ingéniosité ou esprit inventif dans les activités artisanales [...]. Ils n’ont pas de chevaux, de bonnes viandes, de bons fruits, d’eau froide ou chaude [...] » (d’après les Mémoires de Bābur cités par P. Spear).

Ce texte, dont il n’est pas question de faire ici une étude critique, montre néanmoins à l’évidence que Bābur, au départ, avait de l’Inde une opinion médiocre. Il ne faisait que suivre en cela la tradition des envahisseurs du xie au xve s., qui ne considéraient le sous-continent que comme un terrain privilégié de pillage. Après quoi, ceux-ci n’avaient qu’une hâte : retourner dans leur Asie centrale, au climat plus vivifiant.

Le problème que pose l’Empire moghol est donc double :

Comment un raid, au départ analogue à tant d’autres, a-t-il pu donner naissance à un empire qui, au moins nominalement, devait durer plus de trois siècles ?

Comment peut-on intégrer cet empire dans l’histoire indienne ? Est-il le début d’une nouvelle période préparant la domination britannique ou est-il la dernière tentative mieux réussie que les autres des peuples islamisés de l’Asie centrale pour prendre pied en Inde ?


L’Inde sous les Moghols

Bien que connaissant mal l’Inde, les Européens, à travers le récit des voyageurs comme François Bernier (1620-1688) ou Niccolo Manucci (1639-1709), se la représentaient comme peut-être la plus grande puissance du monde et à coup sûr la plus riche.

L’économie semblait en effet florissante. Riche de 100 millions d’habitants environ, l’Inde était aussi la plus grande puissance industrielle du monde. Le textile, en particulier, y avait atteint un perfectionnement rare pour l’époque. Le commerce et les ports étaient en plein essor ; on exportait du poivre, de l’opium, des tissus et du salpêtre, et on importait de la porcelaine, des chevaux, des parfums et des métaux. La balance commerciale était largement positive, et l’or, moyen de paiement traditionnel, affluait dans le sous-continent. Ce tableau idyllique doit être, néanmoins, corrigé par la constatation que les commerçants indiens n’ont été que peu attirés par le fructueux grand commerce international. L’événement devait être lourd de conséquences. En laissant le commerce aux mains des Européens, non seulement les Indiens préparaient la domination britannique, mais encore ils faisaient manquer à l’Inde sa révolution industrielle aux xviiie et xixe s. Investi dans le commerce intérieur ou dans l’usure, le capital indien, pourtant considérable, fut, en quelque sorte, stérilisé. Il ne se forma pas de classe bourgeoise dynamique comme en Europe occidentale. Sans doute n’est-ce pas la seule cause du sous-développement indien : la tutelle britannique y a aussi grandement contribué, mais le terrain avait déjà été préparé.


La société indienne

Elle est plus difficile à cerner. Elle est d’abord essentiellement rurale, bien que les villes atteignent un haut degré de développement. Ainsi, Lahore, à l’époque moghole, semble avoir eu une population supérieure à celle de Paris ou de Londres. Rurale, cette société ne semble qu’avoir assez peu changé sous l’influence des Moghols. Autant l’Inde en général, par l’intermédiaire des Européens, semble s’ouvrir sur le monde extérieur, autant le monde rural apparaît comme replié sur lui-même. Certes, le cloisonnement que constitue le système des castes y est pour quelque chose. Toutefois, dans un pays soumis au cours des siècles à de si nombreuses dominations étrangères, la seule réalité pour le paysan indien (plus de 80 p. 100 de la population), c’est le collecteur d’impôts quel que soit son rang hiérarchique : mansabdār, émir (amīr), djāgīr-dār ou chef de village.

Un domaine, pourtant, ébauche une amorce de différenciation sociale : celui de la justice. En l’absence de système judiciaire moderne et en quelque sorte laïque, on peut distinguer deux niveaux : dans les villes où la proportion de musulmans est particulièrement forte, le cadi juge en fonction du code musulman ; dans les communautés rurales, le principe de la personnalité des lois réapparaît : le cadi juge les musulmans, et le pandit ou le conseil (pancāyat) de caste ou de village les hindous.

Cette stabilité (ou cette inertie) du monde rural est en grande partie liée au système des castes. Est-ce à dire que les conversions à l’islām furent presque inexistantes ? En fait, seules les deux extrémités de l’échelle hiérarchique des jāti semblent avoir été touchées : les intouchables et les castes de statut supérieur. Pour les premiers, le côté égalitaire de l’islām peut avoir été attractif. Dans les castes supérieures, le souci d’accéder aux plus hautes charges auprès des souverains, qui, depuis Djahāngīr (1605-1627), n’avaient pas la même tolérance religieuse qu’Akbar, a peut-être été un élément moteur déterminant. De toute façon, l’approche statistique de ce mouvement de conversion semble à peu près impossible en l’état actuel de nos connaissances.