Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

moelle épinière (suite)

Une coupe transversale de la moelle montre que celle-ci est formée de deux parties : la substance blanche périphérique, qui correspond aux faisceaux nerveux ascendant, descendant et d’association ; la substance grise centrale, qui correspond aux centres nerveux médullaires. Cette substance grise a grossièrement la forme d’un H, chaque barre verticale correspondant aux cornes antérieure et postérieure. Elles sont reliées entre elles dans la région intermédio-latérale par les commissures grises antérieure et postérieure, en avant et en arrière du canal épendymaire (épendyme). Aujourd’hui, les physiologistes adoptent une description plus fonctionnelle et décrivent au niveau de la substance blanche dix couches. Ce sont les couches de Rexed. La couche I — ou de Waldeyer — est la couche supérieure de la corne dorsale. La couche II — ou de Rolando — est une couche riche en synapses et en boucles de récurrence. Les couches III et IV sont occupées par des interneurones de taille moyenne. Les couches V et VI sont occupées par des interneurones de taille plus importante. La couche VII est celle des interneurones prémoteurs. Les couches VIII et IX sont celles des interneurones de Renshaw et des motoneurones spinaux. La couche X, périépendymaire, interviendrait dans la régulation de la motricité segmentaire.

• Moelle segmentaire.
La moelle peut être considérée comme un empilement de segments, ou métamères.

À ce niveau segmentaire, les influx sensitifs arrivent à la moelle par des neurones dont le corps cellulaire est contenu dans le ganglion spinal situé sur la racine postérieure, les influx moteurs partant par la racine antérieure.

• Racine postérieure et fibres sensitives. On distingue plusieurs types de fibres sensitives : les premières véhiculent des sensations extéroceptives (piqûre, douleur, chaud/froid, contact) et se terminent dans la zone II de Rexed (substance gélatineuse de Rolando) ; les deuxièmes conduisent des sensations proprioceptives (sensations nées dans le muscle, les os, le périoste, les tendons, les ligaments périarticulaires) et se terminent au-dessous des précédentes dans le col de la corne postérieure ; enfin, les troisièmes, ou intéroceptives, annexées aux vaisseaux et aux viscères, se terminent dans la région périépendymaire (autour de l’épendyme).

De façon plus précise dans la racine dorsale, 60 p. 100 des fibres sont myélinisées (entourées de myéline) [ce sont les fibres de type A] et 40 p. 100 sont amyélinisées (ce sont les fibres de type C). Les fibres A sont divisées en trois groupes suivant leur calibre et la vitesse à laquelle elles conduisent l’influx. Les fibres I sont les plus grosses, puis viennent les fibres II et les fibres III.

• Racine antérieure et fibres motrices. La racine antérieure, elle, ne comprend que deux types de neurones moteurs. Les premiers sont destinés à l’innervation des muscles striés ; ce sont des fibres de type A (les fibres alpha sont destinées aux muscles striés, les fibres gamma à l’innervation du fuseau neuromusculaire). Les seconds représentent le contingent effecteur du système neurovégétatif ; ce sont des fibres de petit calibre, de type B.

• Moelle intersegmentaire.
En fait, les métamères voisins sont reliés entre eux, et tout réflexe est plurisegmentaire. Les fibres qui relient plusieurs segments constituent des faisceaux d’association.

Dans la substance grise, il existe des centres fonctionnels qui s’étendent sur plusieurs métamères.

Dans la corne antérieure, on admet que les renflements médullaires renferment des colonnes grises préposées à la motricité des masses musculaires des membres.

Dans la corne postérieure, il existerait pour chaque racine un noyau allongé sur les métamères sus- et sous-jacents.

Enfin, dans la région périépendymaire (autour de l’épendyme), on a isolé des centres végétatifs : par exemple centres cranio-facial, cardiaque, pulmonaire, splanchnique.

• La moelle lieu de passage des grandes voies motrices et sensitives.
La moelle est le lieu de passage de grandes voies ascendantes (encéphalopètes) et descendantes (encéphalofuges). On en distingue deux grands types : les voies spécifiques et les voies non spécifiques.

• Voies spécifiques (voies ascendantes et voies descendantes).

Les voies ascendantes véhiculent vers l’encéphale les sensations captées à la périphérie, qu’elles soient conscientes (par exemple les voies qui conduisent les sensations de chaleur et de douleur) ou inconscientes.

Les voies descendantes émanent de tous les étages de l’encéphale (cortex, corps striés, pédoncules, protubérance, cervelet, bulbe) et conduisent des réponses motrices et semi-automatiques ; il s’agit, par exemple, des voies pyramidales et extra-pyramidales.

• Voies non spécifiques. Elles sont constituées par les faisceaux réticulo-spinaux (allant de la réticulée à la moelle).

La formation réticulée est un système diffus à projection non spécifique étendu sur toute la hauteur du tronc cérébral. La partie haute est un centre facilitateur pour la corne antérieure ; la partie basse constitue le centre inhibiteur.

• Fonctionnement de la moelle épinière.
La première démonstration de l’activité réflexe de la moelle est attribuée à Stephen Hales (1677-1761), qui, en 1730, avait observé que les membres d’une Grenouille décapitée se repliaient lorsqu’on les pinçait et que cette réaction disparaissait lorsque la moelle était détruite.

Chez les Mammifères et chez l’Homme, les structures sus-médullaires (l’encéphale) sont si développées que leur contrôle diminue la possibilité de fonctionnement indépendant de la moelle.

On distingue de nombreux réflexes médullaires suivant la nature du stimulus qui les provoque, suivant la nature de la réponse motrice, suivant leur rôle fonctionnel, suivant la distance qui sépare les voies afférentes des voies efférentes (réflexes d’étirement, d’extension, de flexion, de grattage, réflexes spinaux longs).

Aujourd’hui, la physiologie moderne permet de distinguer deux grands types de réflexes : les réflexes monosynaptiques et les réflexes polysynaptiques.

• Un exemple de réflexe monosynaptique. Le réflexe myotatique ou d’étirement contribue au maintien de la station debout et intervient dans la marche ou la course.