Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

modèle (suite)

• Le modèle peut être déterministe ou stochastique (on dit aussi « aléatoire » ou « probabiliste »), selon que les relations entre les variables sont du type certain ou du type aléatoire (calcul des probabilités). Il est indispensable de faire appel à des modèles stochastiques lorsque les causes sont trop nombreuses et trop complexes pour être analysées finement (par exemple mécanique statistique, cours de Bourse) ou lorsque c’est une caractéristique fondamentale de la réalité (par exemple mécanique quantique).
Les modèles statiques déterministes sont exprimés par des relations explicites y = g(u) ou implicites f(yu) = 0 entre les variables d’entrée (cause) u et les variables de sortie (effet) y.
Les modèles statiques aléatoires font intervenir les descriptions mathématiques possibles du couple de variables aléatoires (yu), comme les lois de probabilité, les coefficients de corrélation, etc.
Les modèles dynamiques déterministes sont exprimés par :
1o des équations d’évolution le plus souvent différentielles
g étant une fonction ;
2o des équations aux dérivées partielles
A étant un opérateur ;
3o des équations aux différences ou récurrentes xn+1 = gn(xnun), selon que l’échelle des temps est considérée continue ou discrète. Les variables intermédiaires x intervenant dans ces équations portent le nom d’état du système ou du processus considéré.
Les modèles dynamiques stochastiques font intervenir la notion de fonction aléatoire ou de processus stochastique. Il existe plusieurs types de description : lois de probabilité, moyenne et covariance, densité spectrale, etc. La notion de processus markovien joue ici un rôle essentiel, analogue à celui d’état pour les modèles dynamiques déterministes.

Simulation numérique

Les modèles mathématiques précédents ne présentent d’intérêt que dans la mesure où il existe des techniques pour les utiliser effectivement : on dit alors que l’on simule numériquement l’objet, le système ou le processus considéré. L’analyse numérique et les techniques de calcul automatique (informatique) ont ainsi une importance fondamentale, fixant la limite de complexité des modèles qu’il est possible d’envisager. Le développement de l’informatique depuis 1950 a fait reculer de façon considérable cette limite ; par exemple, le guidage des fusées et des véhicules spatiaux, l’analyse de grands systèmes économiques, météorologiques, etc., ne pourraient être envisagés sans calculateurs électroniques.

Modèles physiques, analogie et calculateur analogique

Il est possible de représenter un système non par un ensemble de relations mathématiques, mais par un autre système physique. Ce système est dit analogue au premier. L’analogie électromécanique consiste ainsi à représenter le comportement d’un système mécanique par celui d’un réseau électrique, plus facile à réaliser et à observer. Les cuves rhéoélectriques sont d’autres exemples de simulation analogique.

Il existe aussi, d’une part, des simulateurs permettant l’entraînement d’opérateurs humains à des tâches difficiles sur des systèmes complexes, comme le pilotage d’un avion, et d’autre part, des calculateurs analogiques. Ceux-ci, constitués d’éléments standards tels qu’amplificateurs, intégrateurs, etc., qui peuvent être connectés entre eux à la demande, permettent de faire une simulation analogique de systèmes représentés par des équations différentielles, les tensions électriques étant proportionnelles aux variables considérées.

Sans qu’il y ait une science des modèles et de leur exploitation (car toute science a ses modèles), on peut dire que l’étude, en tant que chapitres des mathématiques appliquées, des modèles et de leurs propriétés est un caractère privilégié de la recherche opérationnelle, de l’informatique et de l’automatique.

P. F.

J. S.

➙ Automates (Théorie des) / Information / Informatique / Ordinateur / Programmation / Simulation.

Modène

En ital. Modena, v. d’Italie, en Émilie-Romagne ; 170 000 hab.


Modène, la Mutina de l’Antiquité, fut fondée par les Étrusques. Les Gaulois s’en emparèrent, puis, en 183 av. J.-C., la ville fut occupée par les Romains, qui en firent une colonie. Constituant une étape importante sur la via Aemilia, Modène, au cours de la guerre civile qui suivit la mort de César, fut le théâtre d’un siège célèbre. Les troupes sénatoriales de Brutus y furent assiégées en 44 av. J.-C. par Antoine, dont l’armée fut, l’année suivante, défaite par Hirtius et Pansa dans la « guerre de Mutina ».

En 312, Constantin Ier le Grand détruisit la ville durant la lutte qui l’opposait à Maxence, mais il la reconstruisit. À l’époque des invasions barbares, Modène fut ravagée par Attila, puis par les Goths et les Lombards. Elle fut restaurée par Charlemagne et devint la capitale d’un comté.

Donnée par Otton Ier à Azzo de Canossa (961), elle devint indépendante après la mort de la comtesse Mathilde (1115), puis entra en 1167 dans la Ligue lombarde. Au cours des conflits sanglants entre guelfes et gibelins, elle prit parti pour l’empereur Frédéric II contre le pape Grégoire IX.

En 1288, à l’image de nombreuses autres villes italiennes du nord de la péninsule, Modène perdit son indépendance et se donna au seigneur de Ferrare, Obizzo II († 1293), de la famille d’Este, qui allait régner sur Modène jusqu’en 1859. En 1452, Borso d’Este († 1471) reçut de l’empereur Frédéric III le titre de duc de Modène et de Reggio. Les ducs n’établirent définitivement leur capitale à Modène qu’en 1598, sous le règne de César d’Este, après qu’ils eurent été dépouillés de Ferrare par le pape Clément VIII.

Au xvie s., Modène fut un remarquable foyer de civilisation. Le duc Hercule Ier (1471-1505) reçut à sa cour les plus célèbres humanistes de son temps, et Alphonse Ier (1534), l’époux de Lucrèce Borgia, protégea l’Arioste. Au xviiie s., le duc François III (1737-1780) embellit la ville de nombreux monuments.