Mochica (suite)
Il semble étonnant qu’un peuple parvenu à ce niveau technique et artistique n’ait pas possédé un système quelconque de transmission écrite de la pensée. Cette réflexion vaut d’ailleurs pour toutes les civilisations andines. Ce n’est que très récemment qu’une nouvelle théorie veut voir dans les motifs géométriques de l’art inca* un système d’idéogrammes. Les Mochicas, eux, auraient utilisé, si l’on en croit Larco Hoyle, des haricots peints. On trouve en effet ces haricots fréquemment représentés dans la céramique, transportés par des messagers ou disposés de façon régulière sur le sol devant des personnages qui semblent les étudier. Si une telle « écriture » existait, elle avait, en tout cas, totalement disparu au moment où arrivèrent les Espagnols.
Disparition de la culture Mochica
Née modestement aux environs du iie s. de notre ère, probablement dans la vallée de Moche, la culture Mochica s’est peu à peu épanouie, étendant sa domination sur les vallées avoisinantes. Du iiie au viiie s., sa puissance atteint son apogée. En pleine possession de leurs moyens techniques et artistiques, les guerriers mochicas règnent sur près de 400 km de la côte nord péruvienne. Et soudain leur civilisation paraît s’affaiblir, s’affadir. Les dernières réalisations de leurs céramistes remplacent la vigueur et la sobriété des œuvres antérieures par un maniérisme surchargé ; les formes s’abâtardissent ou s’affinent démesurément jusqu’à la caricature. C’est alors qu’apparaissent d’une manière assez brusque un nouveau style artistique et un autre mode de vie. Venue des Andes du Sud, la culture de Tiahuanaco*-Hari submerge et remplace vers le ixe s. la culture Mochica.
D. L.
➙ Amérique précolombienne.
G. H. S. Bushnell, Peru (Londres, 1956, nouv. éd., 1963 ; trad. fr. le Pérou, Arthaud, 1958). / V. W. von Hagen, The Desert Kingdoms of Peru (Greenwich, Connect., 1965). / D. Lavallée, les Représentations animales dans la céramique mochica (musée de l’Homme, 1970).