Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

missile (suite)

Les missiles stratégiques

Lancés contre des objectifs terrestres soit du sol (sol-sol) soit d’un sous-marin en plongée (mer-sol), ils comprennent plusieurs classes.

• sol-sol :
— « MRBM » (Medium Range Ballistic Missile), ou missile de portée moyenne, comprise entre 600 et 1 500 miles nautiques (de 1 100 à 2 775 km) ;
— « IRBM » (Intermediate Range Ballistic Missile), ou missile de portée intermédiaire, comprise entre 1 500 et 3 000 miles nautiques (de 2 775 à 5 550 km) ;
— « ICBM » (Intercontinental Ballistic Missile), ou missile intercontinental de portée supérieure à 3 000 miles nautiques (5 550 km). La rotondité de la terre en limite la portée à environ 16 000 km.

Pour atteindre un objectif situé à une distance supérieure, les Soviétiques ont mis au point leur « fusée globale », ou « FOBS » (Fractional Orbital Bombardment System), qui utilise pour son lancement un missile de la classe des « ICBM ».

• mer-sol :
— « SLBM » (Submarine Launched Ballistic Missile), lancé à partir de sous-marins. Sa portée est celle des « IRBM ».


Les missiles tactiques terrestres

D’une portée inférieure à 600 miles nautiques (1 100 km), ces armes du champ de bataille prolongent ou renforcent l’action de l’artillerie et, mobiles sur châssis tout terrain généralement chenilles, sont moins vulnérables et ont un temps de réaction plus court que l’aviation d’assaut et de bombardement. Les projectiles autopropulsés* de faible portée ne comportent pas de dispositifs de guidage et rentrent dans la catégorie des roquettes. À très faible distance, le tir sur objectifs ponctuels est effectué par les missiles antichars, guidés tout au long de leur trajectoire. À cette classe de missiles peuvent se rattacher les mer-mer et les anti-sous-marins.


Les missiles lancés d’un aéronef

Ils constituent la classe des air-air et des air-surface, d’une grande diversité en fonction de l’avion porteur.


Les missiles de défense aérienne

Ces missiles, de la classe sol-air, comprennent une gamme très étendue, allant du système portatif de défense rapprochée au missile antiaérien d’interception à haute altitude et jusqu’au système de défense antimissile.


Constitution générale d’un missile

Un missile comprend essentiellement un système propulsif, avec ses réservoirs et ses organes d’alimentation ou ses blocs de poudre, un système de guidage et une tête explosive. Suivant la portée requise, il comporte un ou plusieurs étages.

• Le système propulsif consiste en un ou plusieurs moteurs-fusées alimentés par la combustion de propergols (combustibles et comburant) liquides ou de blocs de poudre dénommés propergols solides. Si l’étage, dit « de croisière », évolue constamment dans l’atmosphère avec portance, le missile est dit aérodynamique. Dans ce cas, il est possible, pour l’alléger, d’utiliser l’air ambiant comme comburant dans un turbo- ou un statoréacteur.

Les propergols liquides sont injectés soit par pressurisation, soit par pompes dans une chambre de combustion, et les gaz produits sont éjectés à grande vitesse à travers une tuyère. En raison de leur grande impulsion spécifique et de la souplesse de leur combustion, ces propergols ont été exclusivement employés, à l’origine, dans les missiles à longue portée. En raison de son grand pouvoir énergétique, l’oxygène liquide employé comme comburant est le plus avantageux. Cet ergol cryogénique présente toutefois de sérieux inconvénients au point de vue militaire, du fait que les réservoirs du missile ne peuvent être remplis qu’au moment du tir et qu’ainsi le délai de mise à feu peut durer jusqu’à plusieurs heures. Aussi, depuis 1965, les missiles utilisant cet ergol ne figurent-ils plus dans l’arsenal militaire américain. D’autres propergols liquides, U. D. M. H. et peroxyde d’azote, sont utilisés et, en dépit de leur plus faible impulsion spécifique, présentent sur les précédents l’énorme avantage d’être stockables pendant un laps de temps assez long à la température ordinaire et de réduire le délai de mise à feu à environ une minute. De plus, le fait qu’ils sont hypergoliques, c’est-à-dire s’enflamment par simple contact, leur confère sûreté, simplicité et souplesse d’allumage et de réallumage.

Les propergols solides, blocs de poudre où le combustible et le comburant sont intimement liés, ont des impulsions spécifiques (v. fusée) nettement inférieures à celles des propergols liquides. Pour leur emploi dans les missiles stratégiques à longue portée, il a fallu surmonter les difficultés techniques de la fabrication de gros blocs de poudre homogènes d’une parfaite régularité de combustion. Malgré cela, la rusticité due à l’absence de système d’alimentation, le stockage quasi permanent et le très court délai de mise en œuvre confèrent aux missiles à propergols solides les qualités essentielles demandées à une arme. Aussi, ce système de propulsion tend-il à devenir presque exclusivement celui des missiles.

• Le système de guidage comprend l’ensemble des dispositifs qui, pendant la phase propulsée, agissent sur le missile pour lui faire suivre une trajectoire déterminée et atteindre son objectif.

Pour les missiles stratégiques et les missiles tactiques terrestres, le guidage s’effectue par corrections continues pendant la phase propulsée de façon à faire coïncider la trajectoire réelle avec la trajectoire nominale programmée. Il consiste donc essentiellement en :
— la localisation et la détermination du vecteur vitesse du missile ;
— l’envoi de ces paramètres à un calculateur qui les compare à ceux de la trajectoire nominale et les transforme en corrections à effectuer par le ou les systèmes agissant sur la trajectoire (orientation d’empennages ou de volets, orientation des tuyères ou déviation de jet par injection de fluide, mise en route et orientation de petits moteurs-fusées auxiliaires, ouverture ou fermeture d’évents) ;
— la transmission de la commande à ces systèmes.