Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

mime et pantomime (suite)

Le théâtre sous l’influence des réformateurs, dont Jacques Copeau (1879-1949), donne une place prépondérante au corps de l’acteur. C’est au théâtre du Vieux-Colombier, que fonde Jacques Copeau en 1913, et surtout dans son école (1921) que commencent les premières tentatives du mime moderne, qui naissent sous forme d’exercices préparant l’acteur à un jeu plus complet. L’improvisation, le jeu de masque, l’acrobatie y sont pratiqués, tentant là à la fois l’acteur de la commedia dell’arte et celui du nō japonais.

Étienne Decroux (né en 1898), élève de cette école, formule un art du mime dans une définition rigoureuse proche de la statuaire et donne à cet art son autonomie, en même temps qu’il le systématise dans une forme proche du cubisme. Il fonde une école. Il est intéressant de noter qu’au Bauhaus*, à la même époque, le peintre chorégraphe Oskar Schlemmer (1888-1943) réalise un mime abstrait géométrique.

Jean-Louis Barrault collabore aux recherches de Decroux en subissant fortement la magie d’Antonin Artaud*. Il inscrit le mime dans un théâtre total et lui donne sa théâtralité (Autour d’une mère, 1935 ; Numance, 1937).

Marcel Marceau, élève de Decroux, va imposer une image du mime à travers le monde avec son personnage de Bip, et lui donner une large audience. Beaucoup de jeunes mimes viendront à cet art en s’inspirant de lui. Surtout soliste, Marcel Marceau a réalisé cependant quelques mimodrames, dont le Manteau, en 1951, qui marque une date.

En 1945, Jacques Lecoq, à la suite d’expériences issues du Vieux-Colombier, commence ses recherches sur le mouvement. Il fonde une école, où son enseignement tend à libérer le mime des formalismes qui le sclérosent.

L’étranger voit fleurir bon nombre de mimes, tournés soit vers un Pierrot de seconde main, soit vers les clowns, soit vers le cabaret, et se manifestant sous forme de numéros et de sketches. Des compagnies de mimes de grande importance numérique se font jour, en particulier dans les pays de l’Est, dirigées par des chorégraphes venus de la danse et employant des mimes ex-danseurs.

Les expériences actuelles du théâtre moderne, comme celles du Living Theatre ou de Jerzy Grotowski (né en 1933), s’appuient sur le corps de l’acteur, instrument privilégié.

Le mime qui commence et celui qui finit se confondent. Le mime se situe aujourd’hui à un point de rupture d’une société et d’une autre, peut-être d’une civilisation et d’une autre, mais nous n’avons pas assez de recul sur notre époque pour en saisir l’importance.

Le mime participe de ce fait à une recherche fondamentale du langage. La psychanalyse renouvelle les idées du corps et de l’esprit. Le psychodrame se confond avec le jeu du théâtre, l’exprimer avec le créer.

Loin du masque blanc à la larme et des nostalgies du boulevard du Crime, le mime perd son nom au profit du mouvement et du cri. Du cri qu’Antonin Artaud avait déjà lancé sans être entendu. Beckett, avec Acte sans paroles (1958), apporte au mime une autre dimension dans la confusion de notre temps.

Le mime aujourd’hui s’ouvre sur une pluralité de styles et se confond avec la danse et le théâtre, qu’il ne quitte jamais complètement.

J. L.

 F. H. S. L’Aulnaye, De la saltation théâtrale (Barrois l’aîné, 1790). / P. Hugounet, Mimes et Pierrots (Fischbacher, 1889). / C. Hacks, le Geste (Flammarion, 1892). / C. Aubert, l’Art mimique (Meuriot, 1901). / C. Mic, la Commedia dell’arte (Schiffrin, 1927).

mimétisme

Ressemblance que prennent ou que possèdent certaines espèces animales ou végétales soit avec le milieu dans lequel elles vivent, ce qui leur permet en se confondant avec lui de passer inaperçues, soit avec des espèces évitées par les prédateurs, ce qui constitue pour elles un avantage puisqu’elles seront épargnées par ceux-ci.


Le terme de mimétisme apparaît en 1817 dans le Précis d’entomologie des Anglais W. Kirby et W. Spence.

Mais le véritable promoteur du mimétisme, ou ressemblance utile, est le naturaliste anglais Henry Walter Bates (1825-1892), qui, après avoir passé onze années dans la région de l’Amazone, publia en 1861 la première étude circonstanciée d’un cas de mimétisme chez les Papillons, avec théorie explicative et mention d’autres exemples.

Alfred Russel Wallace (1823-1913) réserva le nom de mimétisme à la faculté qu’offrent certains animaux de ressembler par la forme, le système de coloration et les attitudes à d’autres animaux dont ils diffèrent en réalité par l’organisation ; il employa l’expression de ressemblance protectrice pour tous les cas où l’animal se dissimule grâce à son analogie soit avec des parties végétales : bourgeons, feuilles, rameaux, soit avec des corps minéraux : surface des roches, cailloux, argile, etc. Ces cas de ressemblance avec l’environnement sont actuellement désignés sous le terme d’homotypie ; on en rapproche les faits de déguisement, dans lesquels ce n’est pas l’animal qui ressemble à une partie du milieu, mais c’est en se couvrant de débris qu’il se dissimule, opérant un véritable camouflage.


Homotypie

Il y a homotypie lorsque l’être vivant ne se borne pas à une similitude plus ou moins parfaite de la teinte du milieu comme dans le cas d’homochromie*, mais qu’il y ajoute des détails d’ornementation lui permettant d’être confondu avec une partie limitée de son environnement.

Si le mimétisme proprement dit consiste surtout dans l’imitation d’êtres mobiles et si la ressemblance protectrice, ou homotypie, est, elle, la copie ou l’utilisation d’êtres inertes, ces derniers peuvent être des végétaux ou encore des animaux fixés et à peu près immobiles, tels que les Spongiaires, les Polypes, les Ascidies, etc. En effet, un animal vivant sur une Éponge, un Polypier ou une Ascidie et qui imite l’aspect de la surface et de la coloration de son support ne réalise pas un mimétisme au sens strict, mais une simple ressemblance protectrice.