Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

militaire (état) (suite)

L’instruction spécialisée des cadres

La formation technique et tactique des cadres dans des spécialités déterminées est demeurée propre à chacune des trois armées.

• Dans l’armée de terre, elle est essentiellement liée à l’appartenance à une arme ou à un service. Ceux-ci possèdent tous une école d’application qui reçoit en particulier pour un an des officiers sortis de Saint-Cyr ou de l’École militaire interarmes. Ces écoles sont établies, pour l’infanterie, à Montpellier (d’abord à Auvours, 1946, puis à Saint-Maixent, de 1951 à 1967) ; pour l’arme blindée (cavalerie), à Saumur (créée en 1825) ; pour l’artillerie*, à Draguignan ; pour le génie*, à Angers ; pour les transmissions*, à Montargis ; pour le train, à Tours ; pour le matériel*, à Bourges ; pour l’artillerie sol-air, à Nîmes ; pour les troupes aéroportées, à Pau ; pour l’aviation légère de l’armée de terre, à Dax (formation) et au Luc (Var) [application] ; pour les officiers d’administration des services de l’intendance et de santé, à Montpellier (école héritière de celle de Vincennes, 1875-1940).

Dans ce type d’écoles, on peut ranger aussi l’École des officiers de la gendarmerie nationale de Melun, l’école interarmées des sports installée à Fontainebleau en 1967 (héritière des écoles de Joinville et d’Antibes). On mentionnera enfin l’école interarmées de formation des personnels militaires féminins implantée en 1974 sur l’ancienne base aérienne de Caen.

La formation des sous-officiers est assurée soit par l’École nationale des sous-officiers d’activé, ouverte à Saint-Maixent en 1963, soit dans des écoles d’armes (écoles de sous-officiers d’activé) instituées à cet effet au sein de chacune des écoles d’application.

• Dans la marine, tandis que le personnel appelé et engagé reçoit une instruction militaire de base au Centre de formation maritime créé à Hourtin (Gironde) en 1950, les officiers mariniers sont formés dans trois écoles de maistrance établies à Brest (maistrance pont), à Saint-Mandrier-sur-Mer (maistrance machine) et à Saint-Raphaël (maistrance aéronavale). Ces écoles se recrutent par concours ouverts aux jeunes gens terminant leurs études secondaires.

La formation des spécialités, qui constitue l’essentiel de l’instruction technique dans l’armée de mer, a été regroupée dans un Centre d’instruction naval créé à Saint-Mandrier-sur-Mer en 1971 dans des installations entièrement neuves qui permettent le fonctionnement de cinquante cours différents pour la formation des équipages et des cadres dans les spécialités les plus diverses (détecteur, électricien d’armes, missilier, anti-sous-marin, radar, etc.).

Les écoles de spécialités de l’aéronavale sont installées au Centre-école d’aéronautique de Rochefort (un cours préparatoire fonctionne à Saint-Raphaël). À ces établissements, il faut ajouter l’École des électriciens de sécurité de Cherbourg, l’École de plongée de Toulon (nageurs de combat), l’École des fusiliers marins, installée à Lorient en 1969, et l’École du commissariat de la marine de Toulon.

• Dans l’armée de l’air, après une formation commune de base reçue dans les écoles de formation initiale établies à Clermont-Ferrand - Aulnat pour le personnel navigant et à Nîmes pour les non-navigants, les engagés sont dirigés suivant leurs spécialités sur des groupements-écoles. Parmi ceux-ci, on citera l’École technique de l’armée de l’air de Rochefort (créée à Bordeaux en 1916 avec recrutement par concours), qui forme tous les mécaniciens (avion, moteur, équipement, armement, électronique, etc.) de l’armée de l’air, les groupements-écoles d’Évreux (service général, personnel féminin), de Cognac et d’Aulnat (pilotage de base), de Tours (pilotage réacteurs), d’Avord (pilotage hélices), de Toulouse (navigation), de Nîmes (fusiliers commandos). Cette formation, d’une durée de 6 à 14 mois, aboutit à l’attribution d’un brevet de spécialité et à la nomination au grade de sergent. À l’intérieur des spécialités où le militaire fait carrière existent différents niveaux de qualification (brevet supérieur, maîtrise) dont l’accession exige un retour en école et est sanctionnée par des avantages de grade et de solde. Seule la formation au pilotage exige par sa complexité un cycle de type spécial. Les écoles de spécialités pour non-navigants sont réservées aux sous-officiers, celles des « navigants » sont communes aux officiers et aux sous-officiers (sauf le pilotage de base, qui, pour les officiers, se fait à Salon-de-Provence). L’ensemble des problèmes d’instruction relève d’un commandement des écoles, créé en 1962, qui, à Villacoublay, gère 16 000 personnes et 500 avions. (Ceux-ci accomplissent environ 150 000 heures de vol par an.)


L’enseignement militaire supérieur

Réorganisé par décret du 14 avril 1970, il s’adresse aux officiers des trois armées, qu’il prépare à des fonctions exigeant une grande qualification technique, un niveau élevé de connaissances générales ou d’importantes responsabilités de commandement. Cet enseignement est sanctionné en un premier degré par la délivrance d’un diplôme et en un second degré par celle d’un brevet. Le chef d’état-major des armées fixe l’orientation de l’enseignement militaire supérieur, qui est distribué dans un certain nombre d’établissements propres à chaque armée ou à caractère interarmées.

Dans les trois armées, un élément essentiel de cet enseignement est constitué à Paris (École militaire) par les écoles supérieures de guerre terrestre (créée en 1876), navale (créée en 1896) et aérienne (créée en 1936), dont les élèves, destinés à l’encadrement des états-majors, reçoivent un brevet d’enseignement militaire supérieur.

Dans l’armée de terre existe en outre une formation élémentaire d’état-major distribuée, depuis 1971, dans les écoles d’armes lors du stage d’instruction des capitaines. D’autre part, une direction de l’Enseignement militaire supérieur scientifique et technique (E. M. S. S. T.), créée en 1947, organise la formation correspondant au brevet ou au diplôme technique acquis dans des branches scientifiques (armement, atome, électronique...) ou non (droit, finances, histoire) après passage des officiers dans les universités ou écoles techniques (militaires ou civiles).

Proches de cet enseignement se trouvent l’École supérieure de l’intendance*, les Écoles supérieures techniques du génie et des transmissions (devenues en 1971 l’École supérieure de l’électronique de l’armée de terre) et l’École militaire des armes spéciales, créée à Lyon en 1955 et transférée à Grenoble en 1970.