Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mignard (les) (suite)

Nicolas Mignard

(Troyes 1606 - Paris 1668), dit Mignard d’Avignon.

Ses débuts sont obscurs ; on sait seulement qu’il a étudié les peintures de Fontainebleau*. Il s’établit à Avignon, où sa présence est attestée à partir de 1633. Après un séjour à Rome de 1635 à 1637, où il admire les Carrache*, comme en témoignera encore sa Pietà du musée Calvet d’Avignon (1655), il devient le peintre attitré des églises et couvents d’Avignon, où se trouvent encore un grand nombre de ses tableaux (Saint Simon Stock recevant le scapulaire, 1644, musée Calvet ; Nativité, 1654, église Saint-Agricol), mais aussi de toute la région (Jésus à Béthanie, 1640, Tarascon, église Sainte-Marthe ; Assomption de la Vierge, 1646, musée du Vieux-Nîmes). N. Mignard est aussi un décorateur achalandé, ses tableaux sur l’histoire d’Apollon peints pour l’hôtel de Tonduty vers 1658-59 (musée Calvet) montrent un classicisme élégant, nullement en retard sur l’art parisien.

Ce genre d’ouvrages et ses portraits (le comte d’Harcourt, l’abbé de La Tour d’Auvergne, gravés par Antoine Masson [1636-1700]) expliquent que, à l’occasion du passage en Avignon du jeune Louis XIV (1660), il soit appelé à Paris. Ses succès comme portraitiste à la cour (portraits du roi et de la reine, gravés), sa brillante carrière à l’Académie, dont il devient recteur adjoint dès 1664, le brouillent avec son frère. À partir de 1665, il travaille aux Tuileries, où il décore l’appartement bas du roi (peintures détruites, sauf un Jugement de Midas, au musée de Lille). Mort au moment où il allait peindre aussi la chambre de parade, sa gloire balançait celle de son frère cadet, aujourd’hui bien plus célèbre.


Pierre Mignard

(Troyes 1612 - Paris 1695), dit le Romain.

Il a lui aussi étudié à Fontainebleau avant d’être l’élève de Jean Boucher (1578-1633) à Bourges et de Simon Vouet* à Paris, où il noue une amitié définitive avec le peintre et poète Charles Alphonse Du Fresnoy (1611-1668). Comme son frère, il gagne Rome en 1635, mais il y restera jusqu’en 1657. Il copie pour son protecteur, le cardinal Alphonse du Plessis, la galerie Farnèse des Carrache, peint quelques tableaux d’autel, des portraits et surtout des Vierges d’inspiration raphaélesque, qui ne sont en général connues que par la gravure ou des copies, mais dont la Vierge à la grappe du Louvre et la Vierge avec le petit saint Jean du musée d’Angers nous donnent une idée.

En 1654, sur le chemin de Venise (Portrait d’homme, musée de Prague), il rencontre l’Albane (Francesco Albani, 1578-1660, élève des Carrache), dont l’influence a été profonde sur son art. Rappelé par le roi à Paris, il y fait une brillante carrière de portraitiste et de décorateur, malgré une rivalité acharnée et longtemps malheureuse avec Le Brun*. Ses peintures pour l’hôtel d’Hervart sont perdues, mais on conserve la coupole du Val-de-Grâce (1663), seule grande fresque française alors comparable aux œuvres de Giovanni Lanfranco ou de Pierre de Cortone*, mais dans une ordonnance plus claire et des tons argentés. Mignard peindra aussi de grands décors pour le duc d’Orléans à Saint-Cloud (v. 1677, détruits, mais connus par la gravure et la tapisserie), pour Monseigneur à Versailles (1683-84, détruits), enfin, quand décline la faveur de Le Brun, pour la « Petite Galerie » et les salons qui l’encadrent à Versailles (1684-85, en partie gravés).

Ses portraits sont aujourd’hui difficiles à apprécier, car ceux dont l’attribution est certaine sont très rares. Ses portraits de femme ont, sauf exception (Fillette aux bulles de savon, Versailles), peu de force psychologique (duchesse de Portsmouth, Londres, National Portrait Gallery) ; ses portraits d’homme, plus vigoureux, ont une mise en page grandiose, scandée par quelques accessoires soigneusement mis en valeur (le président Tubœuf, 1663, Versailles ; autoportrait, v. 1690, Louvre ; Colbert de Villacerf, v. 1692, Versailles).

Les tableaux d’histoire et les œuvres religieuses sont rares jusqu’au moment où il supplante Le Brun, à qui il succédera dans toutes ses charges en 1690. Marquées par l’idéalisme sentimental de l’Albane (Mariage mystique de sainte Catherine, 1669, Leningrad), leurs formes arrondies et un peu molles sont étrangères au goût actuel (Sainte Cécile, 1691, Louvre ; la Foi et l’Espérance, 1692, Quimper), mais un coloris de plus en plus raffiné et irréaliste aboutit parfois au chef-d’œuvre (le Christ entre les soldats, 1690, Rouen).

Ses fils Paul et Pierre II furent l’un peintre, l’autre peintre et architecte.

A. S.

 S.-P. Mazière de Monville, la Vie de Pierre Mignard, premier peintre du Roy (Boudot et Guérin, 1730 ; rééd., l’Arche du livre, 1970). / A. Marcel, « Mignard d’Avignon, peintre graveur », dans Mémoires de l’Académie du Vaucluse, XXXI (Avignon, 1931).

migraine

Violente douleur atteignant un côté de la tête.


La migraine est une affection fréquente, de cause encore mal définie, pour laquelle la plupart des thérapeutiques ne sont que des palliatifs symptomatiques, le terrain migraineux persistant et exposant aux rechutes.

Encore faut-il réserver le terme de migraine aux seuls troubles qui en méritent le nom et ne pas baptiser de ce mot tous les maux de tête.


Signes cliniques

La migraine typique évolue en deux phases. La première est visuelle, d’apparition soudaine, volontiers le matin au réveil. Le patient perçoit dans une moitié de son champ visuel une tache lumineuse éblouissante qui va en s’élargissant, prenant l’aspect d’éclairs ou d’étincelles : c’est le scotome scintillant, parfois assez intense pour que la femme (car la migraine est plus fréquente dans le sexe féminin) éprouve le besoin de fermer les yeux, ce qui ne modifie d’ailleurs pas l’intensité de la sensation. Quand la tache lumineuse régresse, il persiste une zone du champ visuel (une moitié, droite ou gauche) où la vision a disparu.