Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mieszko Ier (suite)

La consolidation de l’État

Mieszko soumit à son administration les régions acquises au fur et à mesure de leur conquête. Les fouilles modernes ont mis au jour les vestiges de nombreuses places fortes (grody) qu’il construisit pour établir de solides garnisons entretenues grâce au tribut régulièrement perçu sur l’ensemble du pays. Sa garde personnelle constituait une force armée considérable. Mais il ne porta jamais la couronne royale. Chercha-t-il à l’obtenir ? Vers 990, il consacrait solennellement à saint Pierre sa capitale Gniezno et son duché. Il plaçait ainsi la Pologne sous la protection particulière du Saint-Siège, espérant être pourvu, en échange, d’un archevêque métropolitain qui couronnerait les souverains polonais. C’est Boleslas le Vaillant (992-1025), son fils et successeur, qui devait réaliser ce dessein, achevant d’édifier le royaume de Pologne après avoir imposé le maintien de l’unité de l’État, que Mieszko partagea en mourant entre ce dernier et ses demi-frères.

La célébration par la Pologne du millénaire de son existence (966-1966) fournit à ses archéologues et à ses historiens l’occasion de souligner l’importance de l’œuvre de Mieszko Ier aux origines de son histoire.

C. G.

➙ Piast / Pologne.

 S. Zakrzewski, Mieszko Ier fondateur de l’État polonais (en polonais, Varsovie, 1920). / Z. Wojciechowski, Mieszko I and the Rise of the Polish State (Torun, 1936). / G. Labuda, Études sur les origines de l’État polonais (en polonais, Poznan, 1946) ; les Origines de l’État polonais. Livre du millénaire (en polonais, Poznan, 1962 ; 2 vol.) ; la Pologne des premiers Piast, l’État, la société et la civilisation (en polonais, Varsovie, 1970). / J. Dowiat, le Baptême de la Pologne (en polonais, Varsovie, 1969). / A. Gieysztor, la Pologne médiévale dans Histoire de Pologne, sous la dir. de S. Kieniewicz (en polonais, Varsovie, 1971).

Mi Fou

En pinyin Mi Fu (la prononciation « Fei », souvent utilisée à la place de « Fu », notamment en Occident, est une erreur de lecture). Calligraphe, peintre, poète et connaisseur en art chinois (1051-1107).


Considéré par les générations ultérieures comme le type même du peintre lettré, Mi Fu a exercé une influence déterminante sur l’évolution de la peinture chinoise. Cependant, plus que son œuvre peint, c’est tout son comportement esthétique (mépris des habiletés de métier, désinvolture à l’égard de la réalité et dévotion totale aux valeurs artistiques) qui influencera, à partir des Yuan*, le courant de la peinture des lettrés.

La carrière de Mi Fu s’est déroulée à l’époque brillante des Song* du Nord. Né dans une famille de hauts fonctionnaires, il fréquenta la cour et les lettrés influents de son temps, il fut l’ami de nombreux artistes, en particulier du peintre poète Su Dongpo (Sou Tong-p’o*). D’une grande précocité intellectuelle, il était cependant peu intéressé par les succès académiques et n’occupa que des postes de second rang dans les provinces du sud de la Chine. Sa volonté d’indépendance et son arrogance lui valurent plusieurs disgrâces, mais sans conséquences, car les bizarreries de son caractère excusaient son comportement asocial. Il avait l’obsession de la propreté, se vêtait à la mode de la dynastie précédente des Tang (T’ang) et vouait une véritable passion aux pierres insolites et rares, œuvres de la nature elle-même. On raconte que, nommé dans un nouveau poste de province, avant toute visite officielle, il présenta solennellement ses respects à un rocher dont la forme étrange l’avait séduit.

Collectionneur acharné, capable de fabrication de faux ou de chantage pour obtenir l’objet convoité, critique et expert à l’œil excellent, Mi Fu a laissé des jugements pénétrants, mais très personnels, sur les artistes et les œuvres qu’il avait vus, dans deux ouvrages consacrés l’un à la calligraphie, l’autre à la peinture. Il ne faisait grâce à autrui d’aucune imperfection, car il possédait lui-même une maîtrise inégalée de l’encre et du pinceau, résultat d’un labeur constant. Calligraphe le plus brillant de son époque, il avait forgé son propre style en étudiant les maîtres anciens, surtout Wang Xizhi (Wang Hi-tche) et son fils (ive s.). Égalant leur aisance, il réussissait, en outre, à faire passer dans sa cursive toute l’exubérance de son tempérament.

S’il reste de beaux exemples de la calligraphie de Mi, plus aucun original ne subsiste de sa peinture, déjà rare moins d’un siècle après sa mort. Son style n’est connu qu’à travers les œuvres de son fils Mi Youren (Mi Yeou-jen), fidèle continuateur mais moindre génie, et celles de peintres lettrés tels que Gao Kegong (Kao K’ö-kong) sous les Yuan ou Dong Qichang (Tong K’i-tch’ang*) sous les Ming*, qui comprirent vraiment son message.

Mi Fu renoue avec la tradition des paysagistes méridionaux du xe s., peignant les montagnes noyées de brume qu’il avait lui-même admirées bien des fois lors de ses déplacements dans le Sud. À l’aide de points (appelés plus tard « points de Mi ») et de taches d’encre très délayées, il suggère les masses rocheuses, les arbres et les terres mouillées, comme s’ils étaient travaillés sans cesse par la lumière et le vent. Il revient aussi à Mi Fu et à son ami Su Dongpo (Sou Tong-p’o) d’avoir inauguré l’usage, courant à partir des Yuan, de compléter les œuvres peintes par des inscriptions calligraphiques en harmonie avec la peinture, amorçant ainsi la fusion parfaite entre les deux arts.

F. D.

 N. Vandier-Nicolas, Art et sagesse en Chine, Mi-Fou (P. U. F., 1963) ; le Houa-che de Mi-Fou ou le Carnet d’un connaisseur à l’époque des Song du Nord (P. U. F., 1965).

Mignard (les)

Famille d’artistes français comprenant principalement les peintres du xviie s. Nicolas et Pierre, fils d’un chapelier de Troyes.