Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Midi-Pyrénées

Région économique du Sud-Ouest de la France, regroupant huit départements : Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne ; 45 382 km2 ; 2 268 245 hab. Capit. Toulouse*.


La Région s’identifie à peu près avec la zone d’influence de Toulouse, métropole d’équilibre. Elle regroupe de vieilles provinces historiques ou une partie d’entre elles : le Comminges, le Couserans et le comté de Foix dans les Pyrénées ; la majeure partie de la Gascogne à l’ouest ; le haut Languedoc autour de Toulouse et d’Albi ; le Quercy et le Rouergue, avancées de la Guyenne au nord.


Le milieu naturel

La Région appartient dans son ensemble au domaine de climat océanique ; les pluies y sont toutefois moins abondantes que dans la partie occidentale du bassin d’Aquitaine ; les sécheresses estivales, en particulier, y sont nettement prononcées, rendant souhaitable l’irrigation d’appoint dans nombre de régions. Les affinités méditerranéennes du climat se retrouvent dans le régime des vents locaux en particulier dans la fréquence de l’autan. Le climat se teinte d’affinités montagnardes sur les plateaux de moyenne altitude et sur les montagnes tarnaises et aveyronnaises ; il prend un caractère nettement montagnard dans les Pyrénées centrales.

Le Toulousain apparaît comme le centre d’un vaste amphithéâtre de hauteurs, qui se dressent au sud au-dessus des collines de l’Ariège et du plateau de Lannemezan, et qui monte par paliers au nord-est jusqu’au Lévezou et à l’Aubrac ; cette région communique avec les pays de la Méditerranée par l’ample couloir de faible altitude du seuil de Naurouze (ou seuil du Lauragais). Au sud, les Pyrénées de l’Adour et des Nestes, quoique étroites, sont une véritable) barrière, que seuls les tunnels de Viella (au fond du val d’Aran, en Espagne) et d’Aragnouet (en haute vallée d’Aure) permettent de franchir. À l’est du Luchonnais, les Pyrénées ariégeoises sont plus larges : en avant de la chaîne axiale (pic de Montcalm, 3 080 m) se dressent des massifs isolés (ainsi le Saint-Barthélemy au nord du cours moyen de l’Ariège), eux-mêmes ourlés de chaînes plissées de moyenne altitude, les Prépyrénées. Toutefois, la vallée de l’Ariège permet de gagner assez aisément l’Andorre et l’intérieur de la Catalogne. L’Aquitaine orientale est un pays de faible altitude (de 200 à 400 m en général), mais de relief souvent confus, dans lequel seules les larges vallées à terrasses apportent quelque aération et sont empruntées par les grandes voies de circulation : Tarn, Hers-Mort, qui mène au seuil de Naurouze, Ariège et surtout Garonne, dont la vallée s’épanouit au voisinage de Toulouse, au point d’atteindre 20 km de largeur. À l’ouest, les vallées dissymétriques (Gers, Save, Baïse) aèrent faiblement la masse des coteaux gascons établis au pied du plateau de Lannemezan. Au nord, le Lot, la Dordogne moyenne et l’Aveyron inférieur ont taillé des gorges profondes et pittoresques dans les pays calcaires : les Causses du Quercy, dont l’altitude excède les 400 m, sont déjà un milieu rude. Plus complexes encore sont les confins orientaux de la région, dans l’est du Tarn et dans l’Aveyron. Les dépressions des rougiers et les gorges du Tarn, de part et d’autre de Millau, ainsi que celles du Lot, en amont d’Entraygues-sur-Truyère, sont des coupures dans les plateaux des Ségalas et des Causses, eux-mêmes en contrebas par rapport, d’une part, aux horsts des monts de Lacaune et du Lévezou, et, d’autre part, aux hauteurs volcaniques de l’Aubrac.


La population

En 1968, la Région comptait 137 000 habitants de plus qu’en 1962. En six ans, la population s’est accrue deux fois plus vite qu’au cours de la période intercensitaire précédente, et le rythme de croissance a été très proche de la moyenne française (1 p. 100 par an). Une faible natalité et une mortalité relativement forte laissent pourtant un excédent naturel inférieur à 2 p. 1 000. De plus, le nombre des départs vers d’autres Régions françaises a excédé le nombre des arrivées (de 14 000). Mais la Région a accueilli 123 000 personnes venues d’autres pays : des étrangers certes, mais aussi des Français rapatriés d’Algérie en 1962. Alors que les départements périphériques de la Région, notamment l’Ariège, le Lot et le Gers, sont des terres d’émigration, la métropole toulousaine est la principale bénéficiaire de l’immigration.

L’exode rural, qui persiste dans de nombreux secteurs, et la croissance des villes ont fait qu’en 1968 la population urbaine représentait 55 p. 100 de la population totale (50 p. 100 en 1962). En fait, les contrastes sont vifs entre des départements encore fortement ruraux, le Lot (70 p. 100 de la population est rurale), le Gers (68 p. 100) et l’Aveyron (61 p. 100), ceux dont la population rurale est encore un peu plus nombreuse que les citadins (Ariège, Tarn-et-Garonne) et les circonscriptions fortement urbanisées, Hautes-Pyrénées, Tarn et surtout Haute-Garonne (les trois quarts des habitants sont des citadins). Cette croissance urbaine traduit certes le développement des petites villes, mais surtout l’expansion de Toulouse, cité de 400 000 habitants, dont la population a doublé en vingt-cinq ans.


L’économie

La Région est une terre de polyculture : 1 538 000 ha sont en labours (855 000 consacrés aux céréales), 1 061 000 toujours couchés en herbe, 133 000 plantés en vigne, 27 000 occupés par des vergers et près de 19 000 consacrés aux cultures maraîchères ; 1 056 000 ha sont boisés, et 352 000 en friche. La montagne pyrénéenne, forestière et herbagère, contraste avec un vaste secteur fortement déboisé et où les labours occupent la majeure partie du sol (Haute-Garonne, nord de l’Ariège, Gers, Tarn-et-Garonne, centre et est du Tarn). Le Lot est une terre de bois et de friches. Dans l’Aveyron, l’herbe prend une place de choix.

L’est du bassin d’Aquitaine est un pays céréalier. Sous l’impulsion initiale des rapatriés du Maroc et de Tunisie, la culture du blé, activité traditionnelle dans la région, a connu le renouveau grâce à l’adoption de techniques modernes : sur 166 000 ha sont récoltés 5,5 Mq. Si l’orge ne tient qu’une place secondaire dans le système de culture (64 000 ha donnant 2 Mq), ce dernier a largement bénéficié de l’adoption des hybrides de maïs, fondée dans maint secteur sur l’aspersion : sur 190 000 ha sont récoltés plus de 8 Mq de maïs.