Micronésie (suite)
Les archipels micronésiens ont connu en effet une histoire mouvementée. Ils ont été découverts et occupés par les Espagnols, et le port d’Agana, à Guam, devint un relais important sur la route Philippines-Mexique. En 1898, les Américains prirent possession de Guam, et, en 1899, les Espagnols vendirent les autres îles aux Allemands (à l’exception des Marshall, qui étaient déjà sous protectorat allemand depuis 1885). À la suite de la Première Guerre mondiale, les Japonais prirent en main le contrôle de ces îles grâce à un mandat de la Société des Nations. De nombreux colons japonais s’y installèrent : ils furent expulsés en 1945, et l’O. N. U. plaça les archipels sous l’administration des États-Unis (Trust Territories). Les îles Gilbert sont restées à l’écart ; colonie anglaise depuis 1892, elles sont devenues autonomes en 1976.
Les ressources de la Micronésie sont très limitées. Les plantations d’ananas ou de canne à sucre créées par les Japonais ont disparu en même temps qu’eux. La plupart des îles vivent des ressources traditionnelles : tubercules (taro, igname, manioc), arbre à pain, bananes, parfois même fruit du pandanus. À Truk et aux Mariannes existent de petites rizières. Mais la ressource agricole essentielle est le coprah, fourni par les plantations de cocotiers ; c’est souvent la seule exportation des îles. La pêche dans les lagons fournit des coquillages nacriers, et quelques pêcheurs s’aventurent en haute mer à la poursuite des thons.
La population est relativement forte pour la superficie des archipels. Les îles Marshall comptent plus de 25 000 habitants, et les Gilbert 44 000. Ce dernier archipel, dont les ressources sont très médiocres, est déjà surpeuplé. Guam est un cas particulier ; sa population est d’environ 93 000 habitants, mais elle est constituée pour moitié de militaires et de leurs familles : l’île est devenue la grande base aéronavale des États-Unis dans le Pacifique occidental. Il faut rappeler que les deux atolls de Bikini et d’Eniwetok (îles Marshall) ont joué un rôle capital dans les expériences atomiques américaines entre 1946 et 1956.
On peut rattacher à la Micronésie la petite île de Nauru (21 km2), indépendante depuis janvier 1968. Plateau de calcaires coralliens soulevés, l’île renferme d’importants gisements de phosphates exploités par une société australienne avec une main-d’œuvre de Gilbertins et de Chinois ; la production, voisine de 2 Mt par an, est surtout exportée vers l’Australie. Grâce aux redevances payées par la compagnie, les 6 000 Nauruans vivent pour l’instant dans l’opulence.
A. H. de L.