Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Michigan (suite)

La forêt secondaire, exploitée aujourd’hui selon des méthodes rationnelles, alimente les fabriques de pâte de papier et de carton, dont le nombre s’est réduit par concentrations successives à six unités de haute productivité (260 t de pâte par jour et par usine en moyenne). Les scieries, dispersées dans le nord du Michigan, livrent du bois d’œuvre aux fabriques de meubles (Grand Rapids, premier centre mondial) et de parquets.

Dans la partie sédimentaire du Michigan, on extrait du gypse (deuxième rang après la Californie), du sel (4,5 Mt ; troisième rang) et du calcaire comme fondant sidérurgique. Dans la région précambrienne, le cuivre n’est plus exploité, mais la production du minerai de fer est redevenue importante, après l’épuisement des gisements riches, grâce à l’extraction mécanisée, à ciel ouvert, et à la pelletisation, ou bouletage (enrichissement sous forme de bille), de la taconite à basse teneur ; elle s’élève à 13 Mt (deuxième rang après le Minnesota). La valeur totale de la production minérale atteint 630 millions de dollars.

L’industrie, principale branche économique de l’État (20 milliards de dollars en valeur ajoutée), est en pleine expansion. Elle est concentrée dans le Sud, principalement à Detroit. La construction du matériel de transport (Detroit, Pontiac, Lansing, Flint, Grand Rapids) occupe 360 000 personnes, dont 340 000 dans l’industrie automobile, et fait de l’État le premier consommateur d’acier. Viennent ensuite la construction mécanique, des machines de bureau aux machines-outils (Detroit, Grand Rapids, Lansing), la sidérurgie primaire (banlieue de Detroit), les industries alimentaires (sud de l’État), la construction électromécanique (Detroit, Lansing, Grand Rapids), les raffineries et les industries chimiques (Detroit).

74 p. 100 de la population sont classés comme urbains. Outre Detroit* (4,2 millions d’habitants), les principales agglomérations sont celles de Grand Rapids (539 000 hab.), de Flint (497 000 hab.) et de Lansing (378 000 hab.). Celle de Toledo (693 000 hab.), dans l’Ohio, déborde en partie sur le Michigan.

P. B.

➙ Detroit.

Mickiewicz (Adam)

Poète polonais (Zaosie [auj. Novogroudok, Biélorussie] 1798 - Constantinople 1855).


Reconnu comme le plus grand poète polonais, Mickiewicz est le principal représentant et le père du romantisme national ; patriote ardent, exilé politique inspiré par la « cause polonaise », il a lutté toute sa vie, tant par son œuvre que par ses activités, pour la liberté de son pays.

Mickiewicz est né dans une famille de petite noblesse vivant à la campagne lituanienne. Étudiant à la faculté de philologie à l’université de Wilno (Vilnious), il s’affilie aux sociétés secrètes des philomates et des philarètes. À l’âge de vingt ans, il tombe amoureux de sa voisine Maryla Wereszezakówna, qu’il chantera dans son œuvre sous le nom de « Maryla ». Ses études terminées, il part pour Kowno (Kaounas), où il devient professeur ; il compose alors et adresse à ses jeunes amis un appel à la lutte plein de passion et de forme classique, l’Ode à la jeunesse (1820). Son premier ouvrage qui ouvre la voie au romantisme polonais est le recueil Poésies (1822-23), dont les Ballades et romances se rattachent à la tradition populaire ; le poème patriotique Grazyna raconte l’histoire d’une héroïne lituanienne, et le poème dramatique Dziady (les Aïeux), deuxième et quatrième partie, contient un tableau fantastique de sortilèges et de croyances spirites ainsi qu’un monologue-confession de l’amoureux suicidé — sans égal dans toute la poésie européenne du temps.

Suspect, emprisonné à Wilno, Mickiewicz est exilé en Russie (1824). Il quitte alors son pays pour toujours. À Saint-Pétersbourg, il entre en contact avec des poètes et des révolutionnaires russes ; à Odessa, il fréquente le monde de l’aristocratie et compose les Sonnets (publiés en 1826) et les Sonnets de Crimée, description pittoresque des paysages orientaux ; à Moscou, il se lie d’amitié avec Pouchkine. Le poème Konrad Wallenrod (publié en 1828), histoire d’un héros solitaire et tragique en face de l’ennemi puissant, est un manifeste patriotique. Menacé, le poète réussit à quitter la Russie (1829) ; par Berlin, Dresde, Prague et Weimar, il arrive en Italie. À la nouvelle de l’insurrection de Varsovie de 1830, il essaie de rentrer en Pologne, mais la défaite des insurgés le retient à Dresde. Le beau poème lyrique À la mère polonaise, où il déplore le tragique sort de ses patriotes, inaugure toute une série de petits poèmes consacrés aux insurgés.

Les années 1832-1834, passées à Dresde et à Paris, sont celles d’une « explosion » du talent poétique de Mickiewicz. C’est à Dresde que celui-ci compose son chef-d’œuvre, la troisième partie du poème dramatique Dziady (publiée en 1832), évocation bouleversante de la Pologne martyre et réquisitoire contre les bourreaux. En 1832, Mickiewicz s’établit à Paris, où il publie une sorte de programme, de « catéchisme politique » pour ses compatriotes émigrés, le Livre des pèlerins polonais. En 1834 paraît son second et dernier chef-d’œuvre, Pan Tadeusz (Messire Thadée), épopée nationale et roman de mœurs de la petite noblesse polonaise de Lituanie à l’époque des guerres napoléoniennes.

Dès lors, le poète se voue aux activités politiques. S’il écrit, c’est surtout en tant que journaliste et le plus souvent en langue française. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il accepte la chaire de littérature latine à l’université de Lausanne (1839). En 1840, il revient à Paris, où il est nommé professeur au Collège de France, chargé des cours de langue et de littérature slaves : ses cours ont un grand succès jusqu’au moment où, influencé par un mystique, Towiański, il est obligé de démissionner (1844). Mickiewicz devient conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal. Mais, en 1848, il part pour l’Italie afin d’y fonder une légion polonaise ; dès son retour à Paris, il est rédacteur en chef de la Tribune des peuples, porte-parole des idées démocratiques et internationales. La guerre de Crimée éclate, et Mickiewicz se rend à Constantinople en mission politique (1855) ; c’est là qu’il meurt.

La poésie patriotique polonaise est un phénomène national du pays menacé et opprimé depuis des siècles : Jan Kochanowski, à l’époque de la Renaissance, en était l’initiateur ; l’œuvre de Mickiewicz en marque l’apogée ; toutes les générations des Polonais y trouvent la justification de leur foi dans l’avenir.

K. S.

 M. Jastrun, Mickiewicz (en polonais, Varsovie, 1952). / J. Krzyzanowski, Histoire de la littérature polonaise (en polonais, Varsovie, 1969). / L. Kolodziej, Adam Mickiewicz (Seghers, 1970).