Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

métalloïde (suite)

Actuellement, l’Union internationale de chimie (IUPAC, International Union of Pure and Applied Chemistry) préconise de ne plus employer ce terme de métalloïde pour désigner les éléments non métalliques. Ainsi, les métalloïdes sont les corps simples qui ne peuvent être classés dans le groupe des métaux (corps bons conducteurs de l’électricité et de la chaleur, presque toujours solides dans les conditions normales de température et de pression). Indiscutablement, un certain nombre de corps s’excluent assez facilement du groupe des métaux : les gaz inertes, les halogènes F, Cl, Br, I, At, les chalcogènes O, S, Se, Te, (Po), l’azote ; on y rattache aussi le phosphore, le carbone, le silicium et le bore. Par ailleurs, l’aluminium, l’étain et le plomb ont toujours été classés parmi les métaux. On voit que les « métalloïdes » occupent le coin supérieur droit du tableau de classification des éléments en dix-huit colonnes, et il existe un domaine d’éléments et corps simples intermédiaires qui, par certaines propriétés, se rattachent aux métaux et par d’autres aux non-métaux, ou métalloïdes. Il ne peut d’ailleurs en être autrement d’une classification, à plus forte raison lorsqu’elle est fondée sur des concepts déjà anciens pour une science aussi récente que la chimie. On a donc proposé de parler d’une fonction métal et d’une fonction métalloïde. Ainsi, on peut dire que la fonction métal d’un élément sous un degré de valence déterminé l’emporte sur sa fonction métalloïde lorsque son hydroxyde est plus fort comme base que comme acide, et inversement.

La nomenclature de chimie minérale de l’IUPAC cite comme éléments non métalliques B, Si, C, Sb, As, P, N, H, Te, Se, S, At, I, Br, Cl, O, F, auxquels il faut ajouter les « gaz inertes » : He, Ne, A, Kr, Xe, Rn, mais elle cite comme constituants de composés intermétalliques, à côté d’un certain nombre de métaux indiscutés, les éléments Ge, Bi, Sb et Po ; on voit ainsi que l’antimoine (Sb) participe même aux deux groupes.

On a constaté que généralement une structure solide est dite « métallique » quand l’élément a dans l’état fondamental de son atome un système d’électrons limité sur la couche externe à 1, 2 ou à la rigueur 3 électrons : c’est-à-dire s1, s2 ou s2p1 (on doit mettre à part le cas particulier du palladium et de l’iridium).

De plus, le caractère métallique s’accentue lorsque, dans une colonne, on va vers le bas du tableau (vers les numéros atomiques élevés) par suite d’un affaiblissement de la liaison noyau - électrons externes. On comprend donc que seront des métalloïdes les éléments dont les atomes ont dans leur état fondamental une couche externe assez fortement garnie d’électrons et relativement voisine d’un état complet [à 2 (He) ou à 8 électrons] ou bien saturée à 8 électrons.

En conséquence, le caractère non métallique va en croissant de la gauche vers la droite du tableau périodique des éléments en dix-huit colonnes, puisque la couche électronique externe se garnit de plus en plus jusqu’à 8 électrons, et en remontant du bas vers le haut, puisque l’attraction noyau-électrons externes croît lorsque le nombre de couches électroniques décroît.

Les énergies d’ionisation indiquées systématiquement à propos de chaque élément concrétisent ces différences. Seuls quelques métalloïdes ont des affinités électroniques mesurables. On comprend qu’il existe des éléments intermédiaires, parfois appelés « métaux métalloïdes », que le bore, avec 3 électrons externes, soit classé comme métalloïde, et que le plomb, avec 4 électrons externes, soit un métal.

H. B.

 W. L. Jolly, The Chemistry of the Non-Metals (Englewood Cliffs, N. J., 1966 ; trad. fr. Chimie des éléments non métalliques, Dunod, 1967).

métallurgie

Ensemble des procédés d’extraction, d’élaboration, de formage et de traitement des métaux et de leurs alliages.


Au cours des siècles, l’essor des procédés métallurgiques et des conditions d’utilisation des métaux a marqué les étapes de l’évolution des civilisations. Aujourd’hui, la puissance économique et industrielle d’une nation s’exprime, en particulier, par sa production métallurgique et sa richesse en minerais de métaux industriels. Les grands secteurs de l’activité économique (transports, automobile, aviation, électronique, etc.), grands consommateurs de produits métalliques, sont en partie tributaires des productions métallurgiques et de l’évolution des produits permettant des performances améliorées (alliages réfractaires, aciers à haute résistance mécanique) ou possédant des caractéristiques nouvelles (métaux semi-conducteurs, alliages poreux, alliages magnétiques). La métallurgie s’étend sur de vastes domaines depuis la production sidérurgique à gros tonnages jusqu’aux fabrications limitées de métaux rares à haute pureté pour l’industrie électronique.


Métallurgie extractive ou d’élaboration

Par un ensemble d’opérations soit physiques, soit chimiques, elle permet d’extraire le métal de son minerai en le séparant d’abord des parties stériles et de la gangue, puis en éliminant successivement les différentes impuretés minérales ou métalliques. Le métal brut obtenu doit subir une opération de raffinage avant d’être livré à l’utilisation soit pour la confection d’alliages, soit pour être transformé en produits semi-ouvrés, puis en produits finis. Les processus métallurgiques sont extrêmement divers et adaptés au métal à extraire, à la qualité et à la concentration du minerai en métal, à la nature des combinaisons chimiques présentes dans le minerai et aux composés métalliques. Néanmoins, des processus généraux constituent les grandes lignes des opérations métallurgiques et particulièrement la notion de réactivité du métal à extraire, c’est-à-dire son affinité pour l’oxygène et les autres métalloïdes.

Les métaux peuvent ainsi être classés en deux groupes.

1. Les métaux non réactifs ne présentent qu’une affinité modérée pour l’oxygène et les métalloïdes tels que le soufre, le carbone, le silicium et le bore.

C’est le cas de la majorité des métaux d’utilisation courante (fer, cuivre, zinc, plomb, étain, chrome, nickel, cobalt, antimoine, cadmium, argent, or, mercure), que l’on peut extraire par décomposition de leurs composés (oxydes, sulfures, carbonates, silicates). Ces métaux sont ainsi élaborés à l’état brut, impurs, puis purifiés par raffinage ultérieur.

2. Les métaux réactifs présentent une grande affinité pour l’oxygène et les métalloïdes.