Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mésopotamie (suite)

La transformation progressive des objectifs de la recherche

L’exploration archéologique a tendu vers une connaissance toujours plus précise de la réalité mésopotamienne antique, mais ses objectifs ont progressivement changé. Actuellement, rien n’est indifférent dans l’étude d’un site, rien n’est négligé, l’ensemble du milieu culturel étant au centre de l’interrogation. Aussi les grands axes sont-ils maintenant fournis par l’étude du passage d’une économie de déprédation (Paléolithique) à une économie de production (Néolithique), par les conditions de naissance d’une civilisation urbaine, par les implications et les conséquences de l’apparition du métal et de l’écriture ; aux époques historiques interviennent le désir de mieux fixer une chronologie encore incertaine quand on remonte le cours du temps et d’éclairer les zones d’ombre encore trop nombreuses ainsi qu’une volonté de mieux définir la place que tient la Mésopotamie dans le contexte oriental et de préciser les influences et les actions réciproques des civilisations de l’Iran*, du Caucase, de l’Anatolie* et des pays méditerranéens sur le pays des Deux Fleuves. Ainsi la Mésopotamie n’est-elle plus l’objet des soins exclusifs des archéologues orientalistes, mais l’un des points forts d’un ensemble culturel de vastes dimensions.

J. C. M.

 G. Contenau, Manuel d’archéologie orientale depuis les origines jusqu’à l’époque d’Alexandrie (Picard, 1928-1947 ; 4 vol.). / A. Parrot, Archéologie mésopotamienne (A. Michel, 1946-1953 ; 2 vol.) ; Sumer (Gallimard, 1960) ; Assur (Gallimard, 1961). / H. Schmökel, Ur, Assur und Babylon. Drei Jahrtausende im Zweistromland (Stuttgart, 1955 ; trad. fr. le Monde d’Ur, Assur et Babylone, Corrêa, 1957). / S. A. Pallis, The Antiquity of Iraq (Copenhague, 1956). / S. Lloyd, The Art of the Ancient Near East (Norwich, 1961 ; trad. fr. l’Art ancien du Proche-Orient, Larousse, 1965). / C. L. Woolley, Mesopotamia and the Middle East (Londres, 1961 ; trad. fr. Mésopotamie, Asie antérieure, A. Michel, 1961). / E. Strommenger et M. Hirmer, Fünf Jahrtausende Mesopotamien (Munich, 1962 ; trad. fr. Cinq Millénaires d’art mésopotamien, Flammarion, 1964). / P. Garelli, l’Assyriologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1972). / J. C. Margueron, Mésopotamie (Nagel, 1965). / B. Hrouda, Vorderasien, Mesopotamien, Babylonien, Iran und Anatolien (Munich, 1971).

Messager (André)

Compositeur et chef d’orchestre français (Montluçon 1853 - Paris 1929).


Sorti de l’école Niedermeyer, comme son ami Gabriel Fauré* ou Edmond Audran, Messager reçut la meilleure formation de Saint-Saëns*, qui avait décelé en son élève une remarquable intelligence musicale. Il aborda en premier lieu et avec bonheur le domaine symphonique. À une symphonie (1875), récemment exhumée par H. Busser, succédèrent des divertissements (la plupart étaient destinés aux Folies-Bergère et sont restés inédits) et des ballets, comme les Deux Pigeons (1886) dont l’instrumentation faisait l’admiration de A. Roussel*. Chef d’orchestre de talent, Messager devait créer et imposer à l’Opéra-Comique, puis à l’Opéra — qu’il dirigea avec Broussan de 1907 à 1914 — des chefs-d’œuvre lyriques aussi divers que Louise de G. Charpentier, Pelléas et Mélisande de C. Debussy, Salomé de R. Strauss, le Crépuscule des dieux de R. Wagner. Pianiste d’égale valeur, il participa avec l’auteur à la première exécution des Trois Valses romantiques (1883) à deux pianos de Chabrier. La même année, il débutait au théâtre lyrique proprement dit, en terminant François les bas bleus de Firmin Bernicat. Les opéras-comiques la Fauvette du Temple (1885) et la Béarnaise (1885) ainsi que le « conte de fées » Isoline (1888) ont déjà les qualités particulières à Messager et qui lui permettront d’ennoblir définitivement le genre léger, qui s’achemine depuis vingt ans de la bouffonnerie au sourire. De la Basoche (1890) à Coup de roulis (1928) en passant par les P’tites Michus (1897), Véronique (1898), Fortunio (1907), Monsieur Beaucaire (1918), Messager s’est imposé comme le Marivaux de l’opérette* française et aussi le chef de file de deux générations de compositeurs qui firent valoir le genre léger, tenu toujours en suspicion selon un préjugé absurde, et cela en un temps où, comme le soulignait ironiquement Fauré, tout le monde s’appliquait à bien pleurer.

Loin d’être aussi audacieuse que celle de Chabrier, l’harmonie de Messager échappe à l’indifférence par son agrément sans mièvrerie, par ses raffinements proches de Fauré. En font foi la « lettre » de Véronique, mais aussi le cycle vocal d’après Heine Nouveau Printemps (1885), dédié justement à Fauré, dont il égale certaines mélodies du deuxième recueil, le Solo de concours pour clarinette, seule page de musique de chambre de Messager (1899), ou la légende lyrique Béatrice, son unique essai dans le genre de l’opéra (1914).

F. R.

➙ Opéra-comique / Opérette.

 H. Février, André Messager, mon maître, mon ami (Amiot-Dumont, 1948). / M. Augé-Laribé, Messager, musicien de théâtre (la Colombe, 1952).

messe

Dans la religion catholique, sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ, qui se fait à l’autel, sous les apparences du pain et du vin, par le ministère du prêtre.


Fonction religieuse la plus importante du culte catholique, la messe est le moment capital de la journée liturgique (v. liturgie). Elle est célébrée par le prêtre, qui, en union avec la communauté des fidèles, offre à Dieu le pain et le vin, « apparences » du corps et du sang de Jésus-Christ. Pour répondre à son invitation, les fidèles « mangent le corps » et « boivent le sang » du Christ : c’est la communion, commémoration et renouvellement de la Cène.

Dans les premiers temps de l’Église, la messe ne consistait qu’en l’« agape eucharistique », accompagnée des chants traditionnels de la synagogue.

À partir du moment (ive s.) où le christianisme sort de la clandestinité, le culte s’organise. La musique — la cantillation traditionnelle et monodique — se développe et se complique, notamment en Occident. La rivalité entre grec et latin se résout au bénéfice du latin, dont l’usage liturgique commence à devenir courant vers 370.

Dès lors, le rôle des papes sera d’aménager le culte officiel et d’éviter la prolifération de particularismes locaux, vite suspectés d’hérésie. Cependant, certains subsistent, autorisés par la papauté : pour l’Occident, les rites ambrosien, gallican, vieux romain et mozarabe ; pour l’Orient, les rites byzantin, arménien, syrien, etc.