Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aorte (suite)

Le rétrécissement aortique congénital est le plus souvent localisé aux valvules (rétrécissement valvulaire), mais il peut aussi siéger au-dessus de ces mêmes valvules (rétrécissement supravalvulaire) ou au-dessous (rétrécissement sous-valvulaire). Les maladies de l’orifice aortique ont souvent une évolution sévère, se compliquant d’insuffisance cardiaque (v. cœur), d’angine de poitrine et de mort subite.

Difficilement accessibles à un traitement médical, ces affections relèvent souvent d’une cure chirurgicale (mise en place de prothèse valvulaire).

La dissection aortique (ou anévrisme disséquant) est un clivage longitudinal et souvent circonférentiel de la paroi aortique, au niveau de la média. La cavité ainsi néo-formée au-dessus des valvules sigmoïdes est distendue par du sang ayant fait effraction par un orifice de rupture.

Il s’agit d’une affection de cause mal connue, révélée le plus souvent par une douleur thoracique atroce, à irradiation descendante. D’évolution sévère, elle aboutit presque toujours à la mort (rupture dans une séreuse ou dans un viscère).

La coarctation de l’aorte (ou sténose isthmique de l’aorte) est un rétrécissement congénital de l’isthme aortique (v. ci-dessus).

Cliniquement, elle est caractérisée par une hypertension artérielle du haut du corps (tête et bras), découverte habituellement dans l’enfance et contrastant avec une hypotension artérielle dans les membres inférieurs (les artères fémorales sont peu battantes ou ne le sont pas du tout).

Son évolution spontanée est semée de complications inhérentes à l’hypertension artérielle, et sa gravité est accrue par le risque redoutable de rupture. De nos jours, cette affection relève d’un traitement chirurgical, qui en a transformé le pronostic.

Parmi les affections de l’aorte abdominale, on peut citer l’anévrisme aortique, d’origine athéroscléreuse, et la thrombose de la portion terminale de l’aorte, associée souvent à celle des deux artères iliaques primitives (syndrome de Leriche).

J.-L. S.

 M. Degeorges, Contribution à l’étude de la coarctation de l’aorte (thèse, Paris, 1953). / F. H. Liozon, Contribution à l’étude des dissections aortiques (thèse, Paris, 1961). / G. von Heberer et coll., Aorta und grosse Arterien. Pathophysiologie, Klinik, Röntgenologie in Chirurgie (Berlin, New York, 1966).

aortiques (arcs)

Série bilatérale de vaisseaux issus de l’aorte ventrale, entourant le pharynx le long des arcs squelettiques du splanchnocrâne, entre les fentes viscérales ou leurs ébauches, se réunissant dorsalement en formant deux racines aortiques, puis une aorte dorsale, qui distribue le sang aux différents organes.



État primitif

Le nombre des arcs aortiques devait être élevé chez les ancêtres des Vertébrés actuels, à pharynx très développé : probablement une dizaine de paires chez les Ostracodermes du Primaire. Mais chez les formes actuelles ce nombre se fixe à six paires, désignées par des chiffres romains. La Ire paire (arc aortique mandibulaire) accompagne l’arc squelettique mandibulaire en avant de la première fente viscérale ou spiracle. La IIe paire (arc aortique hyoïdien) accompagne l’arc squelettique hyoïdien en avant de la première fente branchiale (1). Les IIIe à VIe paires (arcs aortiques branchiaux) accompagnent les premiers arcs squelettiques branchiaux en avant des fentes viscérales 2 à 5.

Chez les Vertébrés inférieurs aquatiques à respiration branchiale (Cyclostomes, Sélaciens, Téléostéens), les fentes branchiales se percent, et sur leurs parois se développent des lamelles branchiales, dans lesquelles les arcs aortiques se capillarisent. Chaque arc aortique comprend alors deux parties : une partie ventrale afférente à la branchie (artère branchiale afférente), contenant du sang carbonate, et une partie dorsale efférente (artère branchiale efférente), contenant du sang oxygéné.
1. Les Sélaciens sont les seuls Vertébrés à conserver chez l’adulte les six paires d’arcs aortiques de l’embryon. Mais la disposition embryonnaire schématique décrite plus haut est fortement modifiée.
2. Les Téléostéens ne possèdent plus que quatre paires d’arcs aortiques complets : l’arc aortique hyoïdien (II) disparaît totalement et l’arc aortique mandibulaire (I) ne subsiste que chez quelques espèces.
3. Chez les Dipneustes, l’apparition de la respiration pulmonaire s’accompagne de la régression de la respiration branchiale. Le Protoptère africain, par exemple, n’a plus de branchies sur les deux premiers arcs branchiaux, et les arcs aortiques correspondants (III et IV) ne se capillarisent pas et restent donc continus comme chez l’embryon. Les poumons sont irrigués par deux artères pulmonaires détachées de la dernière paire d’artères branchiales efférentes (VI).

Les Amphibiens constituent une étape fondamentale de l’évolution des Vertébrés : leurs larves aquatiques à respiration branchiale subissent une métamorphose qui les transforme en adultes terrestres à respiration aérienne. Les arcs aortiques sont modifiés par cette métamorphose.
1. Les larves d’Amphibiens possèdent quatre paires d’arcs aortiques comme les Téléostéens. Ces arcs sont interrompus par un système de capillaires au niveau des branchies. Comme chez les Dipneustes, deux artères pulmonaires se détachent du VIe arc et irriguent les poumons fonctionnels avant la métamorphose.
2. Chez la plupart des Urodèles adultes, les quatre paires d’arcs aortiques subsistent intégralement. Toutefois, ces arcs redeviennent continus comme chez l’embryon par suite de la régression des branchies. Les arcs III et VI peuvent s’isoler des racines aortiques par régression du canal carotidien et du canal artériel, ou de Botal. Ils deviennent respectivement arc carotidien et arc pulmonaire.
3. Les Anoures adultes diffèrent des Urodèles par la disparition de l’arc V et l’isolement constant des arcs III et VI. L’aorte dorsale n’est plus alimentée que par l’arc IV, constituant les 2 crosses aortiques gauche et droite.

Chez les Vertébrés supérieurs terrestres (Amniotes) à respiration pulmonaire, les fentes branchiales, qu’elles se percent ou non, ne portent jamais de lamelles branchiales et ne jouent aucun rôle respiratoire. De ce fait, les arcs aortiques restent continus et ne se capillarisent jamais.

Comme chez les Amphibiens Anoures, les arcs I, II et V disparaissent chez l’adulte, et seuls subsistent les arcs III (carotidiens), IV (systémiques) et VI (pulmonaires). Les deux crosses subsistent chez tous les Reptiles. Les Oiseaux ne possèdent plus que la crosse droite, et les Mammifères la crosse gauche.

A. B.