Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Memphis (suite)

Du Moyen Empire, les vestiges sont encore relativement rares. Plusieurs des souverains de la XIIe dynastie sont enterrés tout à fait au sud, à Dahchour, ou à Licht, à proximité de l’entrée du Fayoum* ; dans la nécropole de Saqqarah proprement dite, on trouve quelques sépultures de particuliers. Bien que Memphis ait joué un rôle à l’époque Hyksos, la nécropole connut cependant l’abandon, attesté par un niveau de destruction assez considérable.

Au Nouvel Empire, Memphis redevint une cité fort active par le déplacement vers le nord du centre de gravité politique et militaire de l’Égypte. Du quartier de Prw-nfr, le port fluvial aux arsenaux célèbres, partaient les expéditions à la conquête de l’Empire asiatique. Dans cette ville cosmopolite se développent les cultes d’Ashtart et de Baal. Si les souverains de la XVIIIe dynastie demeurent fidèles pour leur sépulture à la Vallée des Rois (v. Thèbes), et leurs hauts dignitaires aux tombes des notables thébains, le général Horemheb, qui devint roi plus tard (v. 1343-1314 av. J.-C.), se fait construire un tombeau dont les reliefs, aujourd’hui dispersés à travers le monde, sont d’une particulière élégance. Les souverains ramessides manifestent leur intérêt à la ville par des donations aux temples et par des constructions : plusieurs colosses de Ramsès II, le grand temple de Ptah, un temple de Hathor récemment découvert. Dans la nécropole se multiplient les sépultures, avec des chapelles et des cours à piliers ; on y voit de beaux reliefs, parfois quelque peu surchargés et précieux (tombe d’Akhpet).

Quelques témoignages attestent la survie de Memphis au premier millénaire. Une tactique habile permet au roi couchite Peye (Piankhi) de s’emparer de la ville, décrite comme protégée à l’est par les eaux, partout ailleurs par des remparts. Son successeur Chabaka (716-701 av. J.-C.) y édifie un sanctuaire dont les fragments de calcaire ont été retrouvés. Le modèle memphite est important pour la renaissance « éthiopienne ». Durant la Basse Époque, la possession de la forteresse de Memphis équivaut à la conquête du pouvoir. D’importants vestiges ont été désignés comme le « palais d’Apriès ». Sous les Saïtes se développe la nécropole des taureaux sacrés, dont la plus ancienne inhumation remonte à Aménophis III ; les grands personnages qui ont participé aux funérailles solennelles du taureau Apis, symbole vivant du dieu Ptah, lui-même démiurge, y déposent des stèles. Apis ayant été confondu à l’époque ptolémaïque avec Osiris sous le nom de Sérapis, la nécropole reçut le nom de Serapeum. Découvertes par Auguste Mariette en 1850-51, les galeries souterraines sont bordées de chambres où sont enfouies les lourdes cuves en pierre dure des animaux sacrés. Plus récemment, les fouilles anglaises ont mis en évidence, du côté ouest de Saqqarah, les vestiges des vastes ensembles de cours et de bâtiments ; à l’arrière étaient creusées de longues galeries où étaient entassées d’innombrables momies de faucons et d’ibis ; dans des niches étaient scellées des momies de babouins. Ibis et babouins sont les animaux sacrés de Thot, dieu de la Sagesse ; on a voulu les mettre en rapport avec le culte d’Imhotep, l’architecte de Djoser, vénéré lui-même à la Basse Époque comme le maître de la science, de la médecine et de l’architecture.

Une longue allée, bordée de sphinx, conduisait au Serapeum. On y édifia une exèdre ornée de statues de philosophes et de penseurs grecs, encore visibles aujourd’hui ; elles montrent que Memphis, après avoir présidé aux débuts de l’histoire pharaonique, conservait un rôle de choix à l’époque hellénistique. Quand l’Égypte fut devenue chrétienne, un grand monastère s’éleva sur les ruines, à proximité de la pyramide d’Ounas : c’est le monastère copte de Saint-Jérémie.

J. L.

➙ Égypte / Pyramide.

 J. Capart et M. Werbrouck, Memphis. À l’ombre des pyramides (Vromant, Bruxelles, 1932). / A. M. Badawi, Memphis als zweite Landeshauptstadt im Neuen Reich (Le Caire, 1948).

Mendeleïev (Dmitri Ivanovitch)

Chimiste russe (Tobolsk 1834 - Saint-Pétersbourg 1907).


Mendeleïev est issu d’une famille de Grands-Russiens émigrés en Sibérie. Il est le dix-septième enfant d’un directeur de collège. L’année même de sa naissance, son père, devenu aveugle, doit abandonner son poste, et sa mère, pour élever sa nombreuse famille, prend la direction d’une petite verrerie. Ce sont les maîtres verriers qui lui enseigneront ses premières connaissances.

Venu à Saint-Pétersbourg, il entre à la faculté des sciences mathématiques et naturelles et, sous l’impulsion d’un professeur remarquable, il s’oriente vers la chimie. Il ira terminer ses études à Paris, où il travaillera dans le laboratoire de Wurtz.

En 1854, âgé de vingt ans, il se fait connaître par un premier mémoire de chimie. L’année suivante, il sort premier de l’Institut pédagogique avec la médaille d’or, puis il passe une thèse de doctorat consacrée à l’isomorphisme, propriété dans laquelle il voit un moyen de grouper les éléments selon leur ordre naturel. Une deuxième thèse sur les volumes massiques va marquer pour lui une nouvelle étape vers la loi de périodicité.

Nommé d’abord professeur à Simféropol, puis à Odessa, il est à vingt-trois ans chargé de cours à l’université de Saint-Pétersbourg.

Après un stage à Heidelberg auprès de Bunsen*, il publie un Manuel de chimie organique, dans lequel apparaît la notion de forme structurale. En 1864, il est nommé professeur de technologie chimique à l’université de Saint-Pétersbourg ; puis, en 1867, il va y occuper la chaire de chimie inorganique, qu’il conservera durant vingt-trois ans.

Tout en poursuivant des recherches variées, qu’il consacre aux solutions aqueuses, à la compressibilité des gaz, aux propriétés de l’air raréfié, il s’intéresse à l’industrie chimique russe, qu’il va rénover et stimuler. Il passe aussi quelque temps en Pennsylvanie et au Caucase pour y étudier les pétroles, qui constituent l’une des principales ressources de son pays.

C’est alors qu’il fait paraître en 1869 son œuvre principale : Principes de chimie, qui sera traduite dans toutes les langues. On y trouve la loi de périodicité qui va l’immortaliser.