Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Anvers (suite)

Vers 1530, sous l’influence de la Renaissance, la sculpture connaît un renouvellement qui a son origine non chez les anciens sculpteurs sur bois, mais chez les tailleurs de pierre et dans la décoration architecturale. Avec Pieter Coecke Van Aelst et Cornelis Floris* de Vriendt, Anvers devient le grand centre de la sculpture flamande pour plusieurs siècles. Cette renaissance flamande se caractérise par une richesse exaltée de formes décoratives, d’éléments figuratifs : grotesques à l’italienne, motifs floraux, etc. Le style de Cornelis Floris est encore enrichi et développé par un de ses élèves, Hans Vredeman de Vries (1527-1604), qui exerça une influence jusqu’au milieu du xviie s. par ses innombrables traités et recueils d’ornements.

Vers 1610, au retour de Rubens d’Italie, le style baroque fait son apparition. La sculpture est omniprésente, submerge les éléments architectoniques et le mobilier de ses thèmes iconographiques. Les artistes les plus significatifs de la première génération sont Hans Van Mildert, Erasmus Quellin (1584-1640), Hubert Van den Eynden.

De 1640 à 1680, le style baroque atteint son point culminant. La construction architecturale disparaît sous l’abondance de l’ornementation, le mouvement l’emporte sur l’équilibre. Chaque église anversoise possède des chefs-d’œuvre de cette époque. L’atelier d’Artus Quellin le Vieux (1609-1668) a produit l’ensemble imposant des dix confessionnaux de l’église Saint-Paul ; d’autres artistes importants sont Pieter Verbruggen le Vieux (1615-1686), Artus Quellin le Jeune (1625-1700), Guillielmus Kerricx le Vieux (1652-1719), Jan Pieter Van Baurscheit le Vieux (1669-1728), Michiel Van der Voort le Vieux (1667-1737).

Vers 1720 se manifeste l’influence du style Louis XIV, mais il n’y a plus de grands noms à signaler. Au xixe s., Thomas Vinçotte (1850-1925), sculpteur de la Cour, joua un rôle important comme professeur à l’Académie des beaux-arts. Jef Lambeaux (1852-1908) réalise quelques groupes en bronze, dont la statue de Brabo (Grand-Place). Aujourd’hui, les biennales de sculptures organisées au parc du Middelheim (depuis 1959) comptent parmi les grands événements de l’art international.


Peinture

En 1382, une ordonnance du Magistrat rassemble dans la gilde de Saint-Luc : orfèvres, peintres, peintres verriers, sculpteurs sur bois et brodeurs. Mais c’est au moment de la grande prospérité de la fin du xve s. que la peinture prend vraiment son essor.

Une première génération de peintres, restés anonymes, sont groupés sous le nom de « maniéristes anversois ». Leur production s’étale d’environ 1505 à 1525 : compositions religieuses aux formes raffinées, unissant le décor italianisant à un style gothique tardif. La personnalité la plus marquante du début du xvie s. est sans aucun doute Quinten Matsys*, chez qui le réalisme populaire côtoie une inspiration religieuse d’une extrême distinction. De première importance est également Joachim Patinir*, initiateur de la peinture de paysage aux Pays-Bas. En 1511, Joos Van Cleve (1485-1540) revient d’Italie. Son sens de l’espace et de la composition bien équilibrée s’y est enrichi, tandis que le réalisme flamand se maintient dans ses excellents portraits.

Pieter Coecke Van Aelst (1502-1550) est inscrit comme maître de la gilde en 1527, et comme doyen en 1537, dès son retour d’Italie. Il propage la Renaissance par sa peinture, mais aussi en temps que sculpteur et décorateur. Un courant autochtone se maintient et évolue néanmoins à l’ombre des artistes italianisants ; Jan Sanders Van Hemessen (v. 1500-1563) combine les deux genres, unissant dans un style convulsé la monumentalité italienne aux scènes populaires dont Pieter Aertsen* donne le type.

Anvers connaît une extraordinaire activité en ce début du xvie s. Entre 1490 et 1520, 358 nouveaux maîtres sont inscrits dans la gilde de Saint-Luc. Dürer séjourne dans la ville en 1520, Pieter Bruegel* l’Ancien y travaille de 1556 à 1563. Le déclin de la cité commence vers 1550, mais l’école anversoise reste active avec comme chef de file Frans Floris* de Vriendt, type du peintre « romaniste ». Quelques-uns de ses nombreux élèves assureront la transition avec l’art baroque du xviie s. Déjà l’œuvre de Marten De Vos* se distingue par une touche fiévreuse, de plus vives couleurs.

Dans cet aperçu du xvie s., on ne peut négliger le rôle important joué par les excellents graveurs et éditeurs actifs à Anvers à cette époque : grâce à Hiëronymus Cock (v. 1507-1570), par exemple, toute une civilisation fut mise en image.

Otto Vaenius (1556-1629), peintre de la cour des archiducs, joua un rôle important dans l’évolution de l’art de la fin du xvie s. et du début du xviie s. P. P. Rubens*, son élève, apportera aux Pays-Bas la synthèse du baroque italien et de la personnalité flamande. Nombreux sont ses collaborateurs et émules, dont deux se distinguent par leur talent exceptionnel, Jacob Jordaens* et Anton Van Dyck*. Font partie de l’école de Rubens les paysagistes Jan Wildens (1586-1653) et Lucas Van Uden (1595-1672), le peintre de natures mortes Snijders* (1579-1657), l’animalier Paul De Vos* (1596-1678) ; le frère de ce dernier, Cornelis, s’oppose plutôt à Rubens.

Vivant à l’écart de l’école de Rubens et de la haute société, un groupe de peintres se concentre sur les compositions de genre représentant des scènes de taverne ou de ferme, des paysages peuplés de types populaires : Joos Van Craesbeeck (1606-v. 1660), David Teniers* le Jeune et surtout Adriaen Brouwer*. Jan I Bruegel* se spécialise dans la représentation de natures mortes et de somptueux bouquets. Le déclin de cette prestigieuse école du xviie s. se situe vers 1680. Le siècle suivant apporte peu.

Henri Leys (1815-1869) annonce une nouvelle époque. Influencé par le romantisme, il préfigure néanmoins l’école réaliste anversoise, marquée par l’intimisme minutieux de Henri De Braekeleer (1840-1888). Jacob Smits (1855-1928), actif en Campine anversoise, développe une peinture influencée par l’impressionnisme, mais chargée d’un symbolisme très personnel.