Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mélanésie (suite)

Les îles mélanésiennes sont donc relativement grandes et ont pour la plupart une origine « continentale », c’est-à-dire qu’elles sont formées de roches sédimentaires ou éruptives anciennes et qu’elles résultent de cassures et de mouvements du sol importants. Ce sont ainsi des îles accidentées, où il existe de véritables chaînes de montagnes, non seulement en Nouvelle-Guinée, mais même dans des îles moins étendues comme la Nouvelle-Bretagne, la Nouvelle-Irlande ou Bougainville.

De plus, le volcanisme actuel y est très actif, certains archipels mélanésiens faisant partie de la « ceinture de feu » du Pacifique. Si la Nouvelle-Calédonie ou les îles Fidji n’ont pas de volcans en activité, les Nouvelles-Hébrides, la Nouvelle-Bretagne, les Salomon, la Nouvelle-Guinée connaissent de redoutables éruptions. Situées dans les mers tropicales, les îles sont en grande partie entourées de récifs coralliens dont le plus célèbre est le grand récif de la Nouvelle-Calédonie. Par contre, les atolls sont relativement rares.

Le climat est partout de type tropical, mais il existe des nuances en fonction de la latitude et de l’altitude : la chaleur humide est constante dans les îles les plus proches de l’équateur, alors que la Nouvelle-Calédonie, voisine du tropique du Capricorne, connaît déjà une relative fraîcheur en juillet-août.

Les Mélanésiens, qui sont environ 3 500 000, ont en général une peau de couleur sombre, brun chocolat plutôt que noire, un corps trapu, une mâchoire épaisse, des arcades sourcilières proéminentes. En fait, la diversité de leurs types physiques suffit à prouver que, sous le terme de Mélanésiens, ont été regroupées artificiellement des populations très différentes. Les Fidjiens, à la magnifique chevelure crépue, ne ressemblent guère aux Papous, aux cheveux frisés et au grand nez busqué : ces derniers vivent surtout en Nouvelle-Guinée, où l’on trouve dans les montagnes quelques Négritos de petite taille, rappelant les Pygmées d’Afrique. Dans certaines îles, par exemple aux Trobriand, l’apport polynésien est incontestable. Les langues sont extrêmement nombreuses (plus de 700 en Nouvelle-Guinée), ce qui prouve à la fois l’ancienneté du peuplement et l’isolement postérieur des différents groupes. Depuis la pénétration européenne, l’anglais ou le français sont utilisés, mais le plus souvent les Mélanésiens ont combiné un anglais simplifié avec des mots de leurs propres langues, pour constituer une langue de relation originale, telle que le bichlamar des Nouvelles-Hébrides.

La plupart des Mélanésiens sont des paysans vivant essentiellement de la culture de la terre : la Mélanésie constitue le berceau de nombreuses plantes cultivées. La base de l’alimentation est formée de tubercules, en particulier de toute une série de taros, plantes de la famille des aracées (les colocasias surtout), cultivées sur des terres irriguées ou dans des fosses humides, des ignames (dioscorea), probablement originaires de l’Indo-Malaisie, des patates douces et du manioc, introduits d’Amérique. L’arbre à pain (artocarpus), le bananier Fehi (musa), le pandanus, la canne à sucre sont originaires de la Mélanésie. Par contre, la culture des céréales n’était pas connue et reste rare aujourd’hui. L’élevage est souvent médiocre ; celui du porc est rituel autant qu’alimentaire. Sauf parmi les groupes d’origine polynésienne, la pêche est généralement côtière et se limite parfois à un simple ramassage dans les récifs.

Depuis la découverte des archipels par les Européens et le partage des îles entre les grandes puissances, les transformations ont été plus ou moins profondes selon les cas. Certaines îles ont connu une véritable colonisation soit d’Européens comme en Nouvelle-Calédonie, soit d’Asiatiques comme aux îles Fidji. L’élevage du gros bétail (en Nouvelle-Calédonie), la culture de la canne à sucre (aux îles Fidji), la création de plantations de cocotiers (Nouvelle-Guinée) ont bouleversé l’économie rurale traditionnelle. Dans quelques îles, le contact trop brutal avec la civilisation occidentale a provoqué des réactions politico-religieuses contre les Blancs, et des cargo cults se sont développés.

Par suite de leur ancienneté et de leur origine, quelques îles recèlent des richesses minières importantes : or aux Fidji et en Nouvelle-Guinée, manganèse aux Nouvelles-Hébrides. Mais l’île la plus favorisée est la Nouvelle-Calédonie, grâce à ses importants gisements de nickel. Le développement de la vie de relation s’est accompagné d’un essor des ports et des centres administratifs tels que Nouméa, Suva, Port Moresby.

Le statut politique des archipels mélanésiens est très varié : les îles Fidji ont accédé à l’indépendance, la Nouvelle-Guinée et l’archipel Bismarck ont acquis leur autonomie interne ; les Salomon (à l’exception de Bougainville, rattachée administrativement à la Nouvelle-Guinée ex-australienne) sont des colonies britanniques ; la Nouvelle-Calédonie est un territoire français d’outre-mer ; les Nouvelles-Hébrides constituent un condominium franco-britannique.

A. H. de L.

➙ Fidji / Nouvelle-Calédonie / Nouvelle-Guinée / Nouvelles-Hébrides / Océanie.

 H. C. Brookfield et D. Hart, Melanesia. A Geographical Interpretation of an Island World (Londres, 1971).

Melbourne

V. d’Australie, capit. de l’État de Victoria* ; 2 425 000 hab.


Melbourne a été fondée en 1835 par John Batman. En 1836, la petite colonie comprenait 142 hommes et 35 femmes d’origine européenne. Le développement est d’abord assez lent. Le grand essor de la ville commence avec la découverte de l’or en 1851 dans la région de Ballarat et de Bendigo. Melbourne est le grand port de débarquement des chercheurs d’or et d’approvisionnement des mineurs : la population du Victoria passe de 77 000 habitants en 1851 à 461 000 dix ans plus tard. En quelques années, Melbourne se transforme en une grande ville de plus de 100 000 habitants et, à la fin du xixe s., elle était considérée comme la plus riche d’Australie. Lorsque le Commonwealth d’Australie fut constitué en 1901, Melbourne devint le siège de l’administration fédérale, en attendant la construction d’une capitale à mi-chemin entre Melbourne et Sydney. Le gouvernement s’installa à Canberra en 1927, mais de nombreux organismes fédéraux ont été maintenus à Melbourne jusqu’à ces dernières années. La ville reste évidemment la capitale de l’État de Victoria, un des plus prospères de l’Australie. Mais Melbourne à elle seule groupe 70 p. 100 de la population totale de l’État.