Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

médicament (suite)

Médicaments galéniques

La pharmacie galénique (de Galien) est la partie de la pharmacie qui concerne la transformation des drogues, leur mélange, leur incorporation à des excipients pour en faciliter l’administration grâce à une présentation et à un conditionnement relativement agréables ainsi qu’à une dosimétrie rigoureuse. Elle est pratiquée au niveau de l’officine (médicaments officinaux et médicaments magistraux) et au niveau industriel (médicaments spécialisés ou spécialités pharmaceutiques et certains médicaments officinaux).

Fondamentalement, un médicament galénique comprend :
— un ou plusieurs principes actifs, constitués par une ou plusieurs drogues simples (végétales le plus souvent) ou par une ou plusieurs substances chimiques, ou encore par un mélange de ces différentes drogues ;
— un excipient, ou véhicule, dépourvu d’activité thérapeutique (inerte), dont la nature détermine la forme galénique du médicament.

• Principes actifs. Leur nombre est pratiquement illimité, des drogues simples aux molécules chimiques les plus complexes.

Excipients ou véhicules. Ils doivent être thérapeutiquement « inertes », sans action sur les principes actifs, et de nature à faciliter l’administration du médicament. Ils peuvent être :
— pulvérulents, tels le lactose, le saccharose, le talc, l’amidon (poudres médicamenteuses, cachets, comprimés, saccharures granulés, pilules, etc.) ;
— liquides, tels l’eau, l’eau pure apyrogène (solutés injectables), les sirops, les eaux distillées aromatiques, les édulcorants, les essences (médicaments oraux), l’éthanol (teintures), les gouttes, le glycérol (collutoires) ;
— de consistance pâteuse, tels la vaseline, la lanoline, l’axonge, la cire, le beurre de cacao, les excipients hydrosolubles synthétiques (pommades, suppositoires) ;
— gazeux, tels l’air, l’azote, les fréons (aérosols, nébulisats, etc.).

Les médicaments homéopathiques

Ils diffèrent des médicaments allopathiques par leur origine, qui est le plus souvent végétale, la plante étant utilisée à l’état frais et mise en macération dans l’alcool fort dès sa cueillette. On obtient ainsi les teintures mères, au 1/10, qui serviront à préparer les dilutions ultérieures. Quant aux granules et globules, ils diffèrent des granules allopathiques par leur préparation : ils sont obtenus par imprégnation de granules neutres (de sucre ou de lactose) au moyen d’une dilution liquide dont on évapore ensuite le solvant. (V. homéopathie.)


Principales formes médicamenteuses


Les poudres

Elles sont obtenues par pulvérisation suivie de tamisation d’une (poudres simples) ou de plusieurs (poudres composées) substances animales, végétales ou chimiques. Ce sont, par exemple, les poudres de digitale, de belladone, d’opium, de graine de lin (farine de lin), etc. Certaines poudres particulièrement actives sont rigoureusement titrées (digitale, opium). Les poudres simples sont le plus souvent utilisées pour la préparation d’autres préparations galéniques. Les poudres composées constituent des préparations officinales ou des préparations magistrales ; parmi les premières, citons la poudre laxative ou « de réglisse composée », la poudre d’ipéca opiacée dite de Dover, qui renferme 10 p. 100 de poudre d’opium et 10 p. 100 de poudre d’ipéca.


Les sucs

Ils sont, comme les poudres, obtenus à partir des drogues simples sans intervention de la chaleur, mais par expression. On trouve parmi eux les sucs de fruit, comme le suc de nerprun, purgatif anthracénique, et les sucs de fruits aromatiques (cerise, groseille, framboise...), utilisés comme édulcorants et auxquels on tend à substituer, en raison de leur prix, des essences synthétiques dites « alimentaires ». Les sucs huileux comprennent les huiles végétales et les huiles animales. Les huiles végétales constituent soit des médicaments (huile de ricin, purgative ; huile d’olive, cholagogue), soit des excipients pour la préparation des huiles médicinales, comme l’huile camphrée. Les huiles animales de poissons (huiles de foie de morue et de foie de flétan) constituent une source précieuse de vitamines liposolubles A et D.


Les essences

Autrefois appelées huiles essentielles en raison de leurs caractères de solubilité qui les rapprochent des huiles, elles ne renferment en réalité aucune graisse et sont obtenues par distillation des plantes aromatiques ou par extraction par les matières grasses (enfleurage) ou les solvants volatils. La plupart des essences sont utilisées en parfumerie ; quelques-unes sont douées de propriétés médicamenteuses, comme l’essence d’anis (stomachique), l’essence de lavande (sédative), l’essence de thym (antiseptique par son thymol).


Les hydrolés

Ce sont des médicaments dont le véhicule est l’eau : l’action dissolvante de l’eau sur les drogues simples constitue une extraction des substances que ces drogues renferment. Cette action dissolvante est obtenue par divers procédés, qui varient avec la nature des substances à dissoudre et la nature de la drogue :
— la solution simple, à froid ou à chaud (gommes, sels solubles) ;
— l’infusion, qui consiste à verser l’eau bouillante sur la drogue et à maintenir le contact solvant-drogue pendant quelques minutes ;
— la décoction, procédé appliqué aux tissus végétaux ligneux (racines) et dans lequel on plonge la drogue dans de l’eau froide, que l’on fait bouillir et que l’on maintient ensuite plusieurs minutes à ébullition ;
— la macération, contact prolongé à la température du laboratoire ;
— la lixiviation au percolateur, qui permet l’épuisement total de la drogue et surtout utilisée avec les solvants hydro-alcooliques dans la préparation des teintures et des extraits.

Les tisanes sont préparées par infusion, macération ou décoction et sont ordinairement destinées à servir de boisson aux malades.

Les hydrolats, ou eaux distillées aromatiques, sont obtenus en même temps que les essences lors de la distillation de l’eau sur les plantes aromatiques, très finement parfumés ; ils sont surtout utilisés comme édulcorants.

Les potions, administrées par cuillerées, se rencontrent parmi les médicaments officinaux et les prescriptions magistrales.

Les juleps et les loochs sont des potions émulsives à base de gomme, d’amandes ou d’huile d’amande.