Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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médecine (suite)

Déontologie

La déontologie médicale concerne les règles à observer dans les rapports entre médecins et entre médecin et malade. Elle vise, avant tout, à sauvegarder la moralité de la profession. Annoncée il y a vingt-cinq siècles par le serment d’Hippocrate*, elle est aujourd’hui régie par le décret n° 55-1591 du 28 novembre 1955 portant Code de déontologie médicale. Y sont successivement exposés les devoirs généraux des médecins, les devoirs des médecins envers les malades, les devoirs des médecins en matière de médecine sociale, les devoirs de confraternité, les devoirs des médecins envers les membres des professions paramédicales et les auxiliaires médicaux. Ce Code prohibe notamment la dichotomie, c’est-à-dire le reversement d’une somme d’argent par le médecin à qui que ce soit en échange de l’apport d’une clientèle.

La profession médicale est souvent confrontée au difficile problème du secret médical. Celui-ci est indispensable à la confiance que le malade met en son médecin. Ce secret remonte aux temps des plus anciennes traditions médicales. Bien plus, loin d’être une simple règle intérieure de la profession, il est régi par l’article 7 du Code de déontologie et surtout par l’article 378 du Code pénal.

Les dérogations légales sont les suivantes : déclaration des naissances ; déclaration des décès ; déclaration des maladies contagieuses et vénériennes ; certificats d’internement pour troubles mentaux ; accidents du travail et maladies professionnelles ; pensions militaires.


Les moyens de la médecine

L’exercice de la médecine repose avant tout sur un excellent examen clinique. Celui-ci permet de s’acheminer vers un diagnostic* précis grâce aux données d’un interrogatoire patient et complet, et à celles d’un examen soigneux et systématique. Dans de telles conditions, la plupart des affections sont sinon affirmées, tout au moins largement suspectées, et les examens complémentaires ne font que confirmer le diagnostic évoqué cliniquement. Cependant, les examens paracliniques prennent une place croissante dans les procédés de diagnostic. Mais il importe de veiller à ce qu’un trop grand recours aux examens de laboratoire* ne soit pas une abdication des procédés cliniques : ceux-ci sont irremplaçables et méritent toujours de garder la première place. C’est en effet en fonction des données de l’examen clinique que le médecin oriente les examens de laboratoire.

La cardiologie a fait d’énormes progrès grâce à l’électrocardiogramme*, devenu de pratique courante, mais surtout grâce aux opacifications vasculaires, ou angiographies, dont les plus récentes intéressent les coronaires (coronarographies). L’enregistrement continu du fonctionnement du cœur permet la surveillance des troubles du rythme. Enfin, la miniaturisation des piles d’excitation rythmée (stimulateur ou pace-maker) a permis l’appareillage de nombreux malades. La dermatologie a maintenant recours de façon courante aux biopsies* avec étude histologique des lésions, qui permet une meilleure classification des maladies. La gynécologie et l’obstétrique utilisent couramment les frottis cervico-vaginaux non seulement dans le dépistage du cancer, mais aussi comme reflet des taux hormonaux. Chez la femme enceinte, des renseignements de premier ordre sont fournis par l’étude du liquide amniotique, qui permet de déceler certaines affections héréditaires avant même la naissance. Les mécanismes physiopathologiques du rein* ont été éclairés par les biopsies rénales avec étude des prélèvements au microscope électronique, qui a permis une meilleure classification des néphrites. Les affections digestives ont bénéficié de l’amélioration des techniques radiologiques et des procédés d’endoscopie*. Les études biopsiques de nombreux viscères (estomac, intestin grêle, côlon, foie) permettent de donner une confirmation histologique dans un grand nombre d’affections. La neurologie et la neurochirurgie ont vu se développer les indications des artériographies, tandis que les fixations d’isotopes* permettent une étude cérébrale décelant la plupart des affections tumorales. De son côté, la psychiatrie a fait un véritable bond en avant depuis la multiplication des substances chimiques à tropisme mental dites psychotropes (anxiolytiques, neuroleptiques, thymoanaleptiques, antidépresseurs...).

Bref, chaque branche de la médecine, en dehors des épreuves biologiques courantes, voit aujourd’hui son champ s’élargir grâce à la venue de procédés d’exploration ou de traitement nouveaux.

Quant aux moyens purement pratiques d’exercice de la médecine, on assiste là encore à une véritable mutation. Certes, dans la majorité des cas, le médecin exerce encore son art de façon isolée et indépendante. Dans certaines localités de campagne éloignées de centres commerciaux, il arrive même que le médecin ait à exercer une activité de « propharmacien ». Un médecin exerçant dans une commune dépourvue de pharmacien peut se voir autorisé à fournir à ses propres clients les médicaments qu’il a lui-même prescrits. Il est alors soumis aux mêmes règles de détention et de délivrance des médicaments qu’un pharmacien (articles 594 et 595 du Code de la santé publique).

Mais, de plus en plus, la tendance des médecins est à réaliser des « cabinets de groupe ». Pour ce faire, deux à quatre médecins, en moyenne, décident de coordonner leurs activités et d’utiliser le même cabinet médical. Il y a à cela de nombreux avantages : réduction des frais d’installation et d’entretien du cabinet, qui se trouvent divisés entre tous ; possibilité pour les médecins de s’unir en fonction de compétences complémentaires, ce qui améliore les conditions de soins aux malades ; certitude pour les patients de rencontrer en permanence un médecin au cabinet médical et simplification des permanences pour les jours fériés. Dans la plupart des cas, chaque médecin, tout en exerçant en cabinet de groupe, conserve sa clientèle propre, qui l’appelle nominativement ou vient à ses jours de consultation. Toutefois, en cas d’urgence, chaque malade a toutes les chances de rencontrer rapidement l’un des médecins du groupe, et l’avantage d’une présence médicale permanente compense l’inconvénient de ne pas avoir affaire au médecin habituel, que l’on aurait parfois dû attendre au-delà des délais raisonnables. Ces cabinets de groupe se créent soit entre plusieurs omnipraticiens, soit entre spécialistes de disciplines différentes, mais ayant en commun un certain nombre d’appareils paramédicaux (radiographies, radioscopies, tables, etc.).